{"id":121522,"date":"2021-09-28T05:00:00","date_gmt":"2021-09-28T03:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=121522"},"modified":"2021-09-28T00:05:16","modified_gmt":"2021-09-27T22:05:16","slug":"laurence-tubiana","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/09\/28\/laurence-tubiana\/","title":{"rendered":"Le Green Deal est le nouveau contrat social"},"content":{"rendered":"\n

Cet article est \u00e9galement disponible en anglais sur le site du Groupe d’\u00e9tudes g\u00e9opolitiques<\/a>.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Automne 2021  : pour les activistes \u2013 acharn\u00e9s \u2013 du climat dont je suis, c\u2019est une rentr\u00e9e pleine de signaux contradictoires qui voit la mont\u00e9e de l\u2019anxi\u00e9t\u00e9 climatique d\u2019un c\u00f4t\u00e9, la paralysie g\u00e9opolitique de l\u2019autre et en contrepoint la r\u00e9ponse politique europ\u00e9enne, faible et forte \u00e0 la fois.<\/p>\n\n\n\n

La publication du premier volet du 6\u00e8me rapport du GIEC, au c\u0153ur d\u2019une v\u00e9ritable Saison en enfer<\/em> en \u00e9cho au recueil d\u2019Arthur Rimbaud, a jet\u00e9 une lumi\u00e8re sombre sur les chances de ma\u00eetrise de la catastrophe climatique. Comme un dernier avertissement pour agir, six ans apr\u00e8s la COP21. M\u00eame les observateurs les plus aguerris du changement climatique ont \u00e9t\u00e9 \u00e9branl\u00e9s par ce rapport  : il rend presque impossible de recourir aux techniques psychologiques habituelles \u2013 minimiser la crise \u2013 pour \u00e9loigner l\u2019anxi\u00e9t\u00e9 profonde que provoque cette menace. Pourtant et avant m\u00eame les catastrophes des derniers mois, les enqu\u00eates r\u00e9alis\u00e9es aupr\u00e8s de jeunes de dix pays, publi\u00e9es par le Lancet Planetary Health<\/em>, indiquent que 75  % jugent le futur \u00ab  effrayant  \u00bb, 56  % d\u2019entre eux pensant que \u00ab  l\u2019humanit\u00e9 est condamn\u00e9e  \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

En miroir de l\u2019anxi\u00e9t\u00e9, la pr\u00e9paration de la conf\u00e9rence de Glasgow cens\u00e9e lancer la mise en \u0153uvre de l\u2019Accord de Paris se trouve prise en otage dans une dr\u00f4le de guerre froide entre les \u00c9tats-Unis et la Chine, alors que les deux protagonistes se r\u00e9clament d\u2019un leadership tant sur la question du climat que sur le syst\u00e8me multilat\u00e9ral. <\/p>\n\n\n\n

La pr\u00e9paration de la conf\u00e9rence de Glasgow cens\u00e9e lancer la mise en \u0153uvre de l\u2019Accord de Paris se trouve prise en otage dans une dr\u00f4le de guerre froide entre les \u00c9tats-Unis et la Chine.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Dans ce cadre encore boulevers\u00e9 par les effets de la pand\u00e9mie et de ce qu\u2019elle a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 comme failles du syst\u00e8me international et de nos soci\u00e9t\u00e9s, le troisi\u00e8me plus gros \u00e9metteur mondial, l\u2019Union europ\u00e9enne, fait figure \u2013 avec toutes ses fragilit\u00e9s \u2013 de point d\u2019ancrage. Tant du point de vue de la strat\u00e9gie vaccinale que du climat. <\/p>\n\n\n\n

Nous atteignons la moiti\u00e9 du mandat de la Commission von der Leyen. C\u2019est l\u2019occasion de faire un premier bilan du chemin parcouru et de ce Green Deal europ\u00e9en qui a \u00e9t\u00e9 sa promesse pour mettre l’Europe sur le chemin de la neutralit\u00e9 carbone. Le pacte vert comme engagement de mandat est de fait une r\u00e9ponse \u00e0 la demande exprim\u00e9e par les soci\u00e9t\u00e9s europ\u00e9ennes. Apr\u00e8s le Brexit, les \u00e9lecteurs, souvent d\u00e9sengag\u00e9s vis-\u00e0-vis de l\u2019Union, se sont d\u00e9cid\u00e9s, en se mobilisant davantage pour voter, \u00e0 donner une chance \u00e0 l\u2019Europe. Ce pacte vert est donc l\u2019opportunit\u00e9 de ranimer l\u2019affectio societatis<\/em> europ\u00e9en, l\u2019espace politique pour acc\u00e9l\u00e9rer la transformation des soci\u00e9t\u00e9s, tout en occupant une place centrale sur la sc\u00e8ne internationale. Porteur d\u2019espoir mais aussi de tr\u00e8s profonds changements, il sera un test sur le sens de l\u2019Europe. Une possible solution pour traiter de front le d\u00e9ficit d\u00e9mocratique dont l\u2019Union est malade. <\/p>\n\n\n\n

Des pactes verts des deux c\u00f4t\u00e9s de l\u2019Atlantique<\/h2>\n\n\n\n

Les appels en faveur de pactes verts ou de paquets l\u00e9gislatifs d\u2019ambition comparable existaient depuis des ann\u00e9es en Europe comme aux \u00c9tats-Unis sans toutefois parvenir \u00e0 d\u00e9border de cercles de d\u00e9bats restreints. Il a \u00e9t\u00e9 frappant d\u2019observer que, des deux c\u00f4t\u00e9s de l\u2019Atlantique, ces projets se sont d\u00e9cloisonn\u00e9s et ont g\u00e9n\u00e9r\u00e9 un alignement politique de fa\u00e7on quasi-simultan\u00e9e. Deux nouveaux projets de soci\u00e9t\u00e9 \u00e0 l\u2019aune de la lutte climatique, l\u2019un partant des citoyens, l\u2019autre partant d\u2019une institution. Cette \u00e9mergence co\u00efncide bien s\u00fbr avec une phase de mobilisation soci\u00e9tale d\u2019une ampleur in\u00e9gal\u00e9e sous l\u2019influence des plus jeunes g\u00e9n\u00e9rations.<\/p>\n\n\n\n

Rappelons que c\u2019est la marche des femmes organis\u00e9e au lendemain de l\u2019\u00e9lection de Donald Trump qui lance un v\u00e9ritable mouvement de mobilisations qui va d\u00e9passer le cadre des luttes f\u00e9ministes et s\u2019incarner dans de multiples causes, dont celle contre la crise climatique.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Rappelons que c\u2019est la marche des femmes organis\u00e9e au lendemain de l\u2019\u00e9lection de Donald Trump qui lance un v\u00e9ritable mouvement de mobilisations qui va d\u00e9passer le cadre des luttes f\u00e9ministes et s\u2019incarner dans de multiples causes, dont celle contre la crise climatique. Ces organisations grassroots<\/em> vont mobiliser notamment en 2017, entre 1,8 et 2,8 % de la population am\u00e9ricaine <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les activistes du mouvement social Sunrise, s\u2019appuyant sur des mobilisations encastr\u00e9es dans des luttes locales, ont b\u00e2ti progressivement le projet de Green New Deal <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Une ambition centr\u00e9e \u00e0 la fois sur la r\u00e9solution de la crise climatique et la r\u00e9duction des in\u00e9galit\u00e9s, un objet central du d\u00e9bat \u00e9tats-unien \u00e0 la faveur de la primaire d\u00e9mocrate de 2020. Si Joe Biden a \u00e9t\u00e9 l\u2019un des rares candidats \u00e0 ne pas se r\u00e9clamer de ce label, il a pris soin de ne jamais le critiquer pour cr\u00e9er les conditions d\u2019un rassemblement du camp d\u00e9mocrate. Il en a finalement retenu de nombreux principes \u00e0 d\u00e9faut de mobiliser les ordres de grandeur dans ses plans d\u2019investissements massifs (de sauvetage, pour les emplois et pour les familles am\u00e9ricaines).<\/p>\n\n\n\n

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\u00a9 Zhang Lianhua\/Costfoto\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

De notre c\u00f4t\u00e9 de l’Atlantique, apr\u00e8s un an de mobilisation, notamment de la jeunesse, les analystes politiques et les \u00e9lus ou candidats comprennent que la transition \u00e9cologique est une aspiration r\u00e9elle des citoyens au-del\u00e0 de leur \u00e2ge et couches sociales. Il \u00e9tait temps. Fin 2019, une personne sur dix dans le monde vivait dans un territoire (ville, r\u00e9gion, pays…) qui avait d\u00e9clar\u00e9 l\u2019urgence climatique <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La conjointure politique nord-am\u00e9ricaine avait exerc\u00e9 aussi une certaine influence  : le Green New Deal pouvait s\u2019ancrer dans un vrai programme et pas seulement une incantation commode dans le langage politique.<\/p>\n\n\n\n

Cette demande populaire d\u2019action climatique s\u2019est confirm\u00e9e dans les urnes. Encore une fois, non pas seulement aux pays de Greta, de Luisa ou d’Ad\u00e9la\u00efde. En France, Europe \u00c9cologie les Verts (EELV) – le parti vert fran\u00e7ais – est arriv\u00e9 en troisi\u00e8me position et s\u2019est impos\u00e9 comme la premi\u00e8re force de gauche, une premi\u00e8re ! En R\u00e9publique Tch\u00e8que, pr\u00e8s d\u2019un \u00e9lecteur sur trois a vot\u00e9 pour lutter contre la crise climatique et prot\u00e9ger l\u2019environnement <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il est int\u00e9ressant de noter qu\u2019au-del\u00e0 de l\u2019Europe, en Grande-Bretagne, Boris Johnson a fait sienne l’id\u00e9e d’une r\u00e9volution industrielle verte et de la neutralit\u00e9 carbone, en les pla\u00e7ant au c\u0153ur de son programme politique. Il n’a pas \u00e9t\u00e9 le seul dirigeant politique de centre-droit \u00e0 comprendre la n\u00e9cessit\u00e9 d’adopter cet agenda. En Lettonie, le gouvernement men\u00e9 par Kri\u0161j\u0101nis Kari\u0146\u0161 a \u00e9t\u00e9 l\u2019un des premiers \u00e0 soutenir l\u2019objectif de r\u00e9duction d\u2019au moins 55 % des \u00e9missions de gaz \u00e0 effet de serre au niveau europ\u00e9en en 2030. <\/p>\n\n\n\n

En parall\u00e8le des \u00e9lections europ\u00e9ennes, les chefs d\u2019\u00c9tat et de gouvernement europ\u00e9ens ont express\u00e9ment demand\u00e9 que l\u2019action climatique soit prioritaire pour l\u2019Union avec une prise en compte de ses cons\u00e9quences sociales <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La Pr\u00e9sidente Von der Leyen a d\u00e8s lors propos\u00e9 au Parlement europ\u00e9en un Green Deal, mettant un poids lourd \u00e0 sa t\u00eate, Frans Timmermans. C\u2019\u00e9tait une n\u00e9cessit\u00e9 politique. Le Green Deal europ\u00e9en est en effet une synth\u00e8se entre les propositions des partis politiques et les positions de \u00c9tats-membres en r\u00e9ponse \u00e0 la pression sociale. C\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 cette synth\u00e8se r\u00e9ussie, un v\u00e9ritable coup politique, que la Commission actuelle a pu rallier une majorit\u00e9 au sein du Parlement europ\u00e9en. L\u2018Europe se construisait ainsi une nouvelle promesse, un nouveau projet, centr\u00e9s sur la transition \u00e9cologique. Mais contrairement au mouvement am\u00e9ricain, le Green Deal europ\u00e9en est un projet politique nou\u00e9 au c\u0153ur des institutions, en r\u00e9ponse \u00e0 une demande citoyenne, et non un projet port\u00e9 directement par des citoyens. Une force pour son institutionnalisation, une faiblesse pour sa dynamique.<\/p>\n\n\n\n

Contrairement au mouvement am\u00e9ricain, le Green Deal europ\u00e9en est un projet politique nou\u00e9 au c\u0153ur des institutions, en r\u00e9ponse \u00e0 une demande citoyenne, et non un projet port\u00e9 directement par des citoyens. Une force pour son institutionnalisation, une faiblesse pour sa dynamique.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Si la pr\u00e9c\u00e9dente Commission avait propos\u00e9 que l\u2019Union europ\u00e9enne atteigne la neutralit\u00e9 carbone en 2050, objectif inscrit dans l\u2019Accord de Paris, sa ratification formelle a \u00e9t\u00e9 rendue possible par la Commission actuelle, permettant alors de mettre officiellement le climat \u00e0 l\u2019agenda politique europ\u00e9en. N\u00e9anmoins la neutralit\u00e9 carbone restait encore un objectif de long terme en qu\u00eate de concret. Ce fut chose faite avec la r\u00e9vision \u00e0 la hausse de la contribution europ\u00e9enne (la NDC europ\u00e9enne – Nationally Determined Contribution<\/em>) et l\u2019adoption en d\u00e9cembre 2020 d\u2019un mandat d\u2019action pour d\u00e9finir un ensemble l\u00e9gislatif. C\u2019est l\u00e0 l\u2019origine du paquet l\u00e9gislatif \u00ab  Fit for 55  \u00bb qui occupe maintenant le devant de la sc\u00e8ne. <\/p>\n\n\n\n

Avec son Green Deal europ\u00e9en et sous la pression du Parlement et des \u00c9tats-membres, la Commission a d\u00e9cid\u00e9 d\u2019aller plus loin. Le Green Deal pr\u00e9voit en effet que \u00ab toutes les actions et politiques de l\u2019UE devront contribuer \u00e0 atteindre les objectifs du pacte vert pour l\u2019Europe<\/em> \u00bb. Au-del\u00e0 de la r\u00e9vision de la politique de l\u2019UE sur le climat et l\u2019\u00e9nergie, il s\u2019agit donc d\u2019une exigence pesant sur l\u2019ensemble des actions de l\u2019Union.<\/p>\n\n\n\n

Le Green Deal europ\u00e9en, d\u2019apr\u00e8s la Commission europ\u00e9enne  : <\/h4>\n\n\n\n
  1. Changer les fondamentaux de l\u2019\u00e9conomie :

    \u2014 Dans le pilier \u00ab  traditionnel  \u00bb climat et \u00e9nergie, cela signifie  : revoir l\u2019ambition climatique \u00e0 la hausse, changer l\u2019origine de notre \u00e9nergie, cr\u00e9er une \u00e9conomie circulaire, construire et r\u00e9nover nos b\u00e2timents, acc\u00e9l\u00e9rer la transition vers une mobilit\u00e9 durable, mettre sur pied un nouveau syst\u00e8me alimentaire, pr\u00e9server la biodiversit\u00e9 et \u00e9liminer les substances toxiques de l\u2019environnement  ;

    \u2014 Au-del\u00e0 de ces politiques traditionnellement li\u00e9es \u00e0 l\u2019action climatique, le Green Deal promet \u00e9galement de promouvoir la finance et l\u2019investissement verts et assurer une transition juste, de verdir les budgets nationaux et envoyer les bons signaux de prix, de mobiliser la recherche et favoriser l\u2019innovation, d\u2019activer l\u2019\u00e9ducation et la formation. Il promet \u00e9galement de \u00ab  ne pas nuire  \u00bb en \u00e9vitant toute politique qui irait \u00e0 l\u2019encontre de ces objectifs.
    <\/li>
  2. Cr\u00e9er une diplomatie du Green Deal  : l\u2019Union veut continuer \u00e0 promouvoir l\u2019Accord de Paris et le multilat\u00e9ralisme, engager l\u2019ensemble de ses partenaires afin d\u2019acc\u00e9l\u00e9rer l\u2019action pour le climat, d\u2019utiliser la politique commerciale comme une plateforme afin de dialoguer sur l\u2019action climatique et continuer son engagement autour d\u2019un syst\u00e8me financier international soutenant une croissance durable  ;
    <\/li>
  3. Unir autour d\u2019un Pacte Europ\u00e9en pour le Climat  : la Commission promeut l\u2019\u00e9change de bonnes pratiques entre citoyens et compagnies, am\u00e9nage des espaces de partage afin de co-cr\u00e9er des solutions \u00e0 la crise et soutiendra un enseignement plus pouss\u00e9 des enjeux climatiques et environnementaux \u00e0 l\u2019\u00e9cole.<\/li><\/ol>\n\n\n\n

    Il faut dire qu\u2019un traitement de choc est n\u00e9cessaire. Alors que la confiance dans les institutions et la politique d\u00e9cro\u00eet partout en Europe, la construction europ\u00e9enne reste h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. L\u2019Europe \u00e9conomique est forte gr\u00e2ce au march\u00e9 unique – grand moteur de l\u2019int\u00e9gration – mais quasi inexistante sur le plan social, ce volet \u00e9tant rest\u00e9 sous le contr\u00f4le des \u00c9tats-membres. Le Green Deal, parce qu\u2019il s\u2019agit d\u2019un projet \u00e9conomique, technologique mais aussi social et de politique internationale r\u00e9sonne diff\u00e9remment, il est porteur de rassemblement et surtout d\u2019une direction \u00e0 la fois claire, concr\u00e8te et visionnaire du projet europ\u00e9en.<\/p>\n\n\n\n

    En se donnant un objectif de coh\u00e9rence de l\u2019ensemble des politiques mises en \u0153uvre, l\u2019Europe adopte une approche qui d\u00e9passe les cases traditionnelles de la politique climat. Le Green Deal devient ainsi l\u2019\u00e9talon de mesure et de r\u00e9f\u00e9rence.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    En se donnant un objectif de coh\u00e9rence de l\u2019ensemble des politiques mises en \u0153uvre, l\u2019Europe adopte une approche qui d\u00e9passe les cases traditionnelles de la politique climat. Le Green Deal devient ainsi l\u2019\u00e9talon de mesure et de r\u00e9f\u00e9rence. C\u2019est une \u00e9volution politique qui intervient \u00e9galement aux \u00c9tats-Unis avec l\u2019approche \u00ab whole of government <\/em> \u00bb de Joe Biden. \u00c9volution profond\u00e9ment logique, au vu de l\u2019ampleur et du champ des actions \u00e0 mener, mais v\u00e9ritable r\u00e9volution de la gouvernance europ\u00e9enne. Car pour que la notion de pacte vert europ\u00e9en fonctionne, elle doit inspirer les actions internationales, europ\u00e9ennes, nationales, r\u00e9gionales et locales. Il s\u2019agit de cr\u00e9er de nouveaux rep\u00e8res et de permettre \u00e0 chaque niveau de d\u00e9cision et d\u2019action de contribuer \u00e0 l\u2019objectif commun. Le Green Deal dessine une m\u00e9tamorphose de l\u2019identit\u00e9 europ\u00e9enne, une nouvelle d\u00e9finition en miroir des aspirations de ses citoyens.<\/p>\n\n\n\n

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    \u00a9 Zhang Lianhua\/Costfoto\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

    Cela fait maintenant plus de deux ans que les Europ\u00e9ens se sont rendus aux urnes et deux ans que la promesse du pacte vert a \u00e9t\u00e9 faite. Elle a \u00e9t\u00e9 r\u00e9affirm\u00e9e, c\u2019est un fait marquant, en pleine crise de la COVID, une crise humaine, sanitaire \u00e9conomique et sociale, et c\u2019est le moment de la tenir. Deux mois apr\u00e8s la publication du paquet l\u00e9gislatif Fit for 55, il est n\u00e9cessaire d\u2019analyser o\u00f9 en sont les promesses du Green Deal europ\u00e9en et de lister les chantiers prioritaires pour l\u2019Europe dans un contexte g\u00e9opolitique marqu\u00e9 par la mont\u00e9e des populismes et l\u2019affaiblissement du multilat\u00e9ralisme. <\/p>\n\n\n\n

    Un nouveau contrat social<\/h2>\n\n\n\n

    La pand\u00e9mie a ouvert un questionnement sur le mod\u00e8le social pour beaucoup de citoyens europ\u00e9ens. Si le d\u00e9bat sur le \u00ab  monde d\u2019apr\u00e8s  \u00bb a \u00e9t\u00e9 vite cl\u00f4tur\u00e9 au profit de messages de retour \u00e0 la normale, les interrogations et inqui\u00e9tudes demeurent. La sortie progressive de la crise sanitaire r\u00e9v\u00e8le des in\u00e9galit\u00e9s accrues face \u00e0 la maladie, la pauvret\u00e9 et l\u2019emploi entre pays, y compris au sein de nos soci\u00e9t\u00e9s riches. Dans le m\u00eame temps la sensibilisation aux crises environnementales s\u2019est accentu\u00e9e. Le retour \u00ab  \u00e0 la normale  \u00bb ne pr\u00eate pas \u00e0 l\u2019oubli. <\/p>\n\n\n\n

    Un d\u00e9couragement, un manque d\u2019espoir, d\u2019\u00e9nergie politique touche aussi nos soci\u00e9t\u00e9s. En France par exemple 62 % des citoyens pensent que \u00ab  nous devrions saisir l\u2019occasion de la COVID-19 pour apporter des changements importants \u00e0 notre pays  \u00bb. Alors que 70 % \u00ab  doutent que beaucoup de choses changent dans notre pays apr\u00e8s la fin de la pand\u00e9mie  \u00bb <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ces m\u00eames qui aspirent \u00e0 un changement profond ne le croient pas possible. Ce m\u00eame manque d\u2019espoir se retrouve aussi dans la m\u00eame \u00e9tude de More in Common men\u00e9e au Royaume-Uni. \u00c0 l\u2019\u00e9chelle de l\u2019UE, environ sept Europ\u00e9ens sur dix ne s\u2019attendent pas \u00e0 ce que l\u2019\u00e9conomie revienne au niveau d\u2019avant la COVID d\u2019ici \u00e0 2023 <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n

    Cette soif de transformation ouvre un espace pour reb\u00e2tir un mod\u00e8le de soci\u00e9t\u00e9 post-COVID-19 plus durable et plus juste. C\u2019est un projet qui r\u00e9sonne dans la soci\u00e9t\u00e9 europ\u00e9enne et plus particuli\u00e8rement chez les jeunes. Un sondage r\u00e9cent a montr\u00e9 que la protection du climat et de l\u2019environnement sont les enjeux prioritaires pour les 15-35 ans interrog\u00e9s dans 23 pays europ\u00e9ens. Et 77 % reconnaissent que nos habitudes de consommation ne sont pas durables <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette g\u00e9n\u00e9ration est une g\u00e9n\u00e9ration de nouveaux engagements  : au-del\u00e0 de la participation politique traditionnelle comme voter ou militer pour un parti <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>, un engouement pour la vie associative et la contestation <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span> est perceptible partout en Europe. Cette jeunesse, particuli\u00e8rement affect\u00e9e par la crise, cherche des alternatives et veut s\u2019engager dans des pratiques du changement qui s\u2019observent dans de tr\u00e8s nombreuses initiatives. La transition \u00e9cologique comme nouveau projet soci\u00e9tal et politique peut convaincre au-del\u00e0 des clivages g\u00e9n\u00e9rationnels ou politiques. Mais fait nouveau, la revendication de justice sociale en devient une composante essentielle. <\/p>\n\n\n\n

    Cette revendication se comprend  : face \u00e0 la transformation profonde qui est annonc\u00e9e avec la transition \u00e9cologique, la question du contrat social \u00e9merge de nouveau. Comment seront r\u00e9partis les co\u00fbts et les b\u00e9n\u00e9fices de changements dont on commence seulement \u00e0 envisager la port\u00e9e  ? Le d\u00e9ni de la crise climatique en particulier a occult\u00e9 l\u2019ampleur des restructurations industrielles, de la transformation des mod\u00e8les de production agricoles, des r\u00e9am\u00e9nagements des espaces urbains. Dans le m\u00eame temps, les bases du contrat pr\u00e9c\u00e9dent fond\u00e9es en grande partie sur l\u2019accroissement de la consommation de biens mat\u00e9riels et l\u2019acc\u00e8s \u00e0 des emplois de longue dur\u00e9e, se sont largement \u00e9rod\u00e9es. La perception des co\u00fbts environnementaux de la croissance \u00e9conomique, pour les groupes les moins favoris\u00e9s et les plus pr\u00e9caires en Europe devient plus r\u00e9elle. Ces groupes sont (et seront) ceux qui sont les plus expos\u00e9s \u00e0 la pollution et aux impacts climatiques, mais \u00e9galement ceux qui re\u00e7oivent aujourd\u2019hui encore le moins d\u2019aides \u00e9conomiques pour y faire face <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Dans la bo\u00eete \u00e0 outils des politiques publiques dont disposent les d\u00e9cideurs politiques, certaines politiques publiques sont plus r\u00e9gressives et d\u2019autres plus progressives <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Or les politiques environnementales europ\u00e9ennes ont jusqu\u2019ici \u00e9t\u00e9 plut\u00f4t r\u00e9gressives.<\/p>\n\n\n\n

    Face \u00e0 la transformation profonde qui est annonc\u00e9e avec la transition \u00e9cologique, la question du contrat social \u00e9merge de nouveau. Comment seront r\u00e9partis les co\u00fbts et les b\u00e9n\u00e9fices de changements dont on commence seulement \u00e0 envisager la port\u00e9e  ?<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    Dans la phase qui s\u2019annonce, la r\u00e9solution de la crise climatique et la r\u00e9duction des in\u00e9galit\u00e9s ne paraissent pas pouvoir et ne devraient pas \u00eatre dissoci\u00e9es. Cette int\u00e9gration s\u2019impose progressivement dans le d\u00e9bat comme la condition de r\u00e9ussite de la transition et du Green Deal, la condition sine qua none<\/em>. Le mouvement des Gilets jaunes en France, en s\u2019opposant \u00e0 l\u2019augmentation de la taxe carbone sur les carburants automobiles alors que le carburant du trafic a\u00e9rien en \u00e9tait exempt\u00e9, a clairement pos\u00e9 la n\u00e9cessit\u00e9 de la justice et de l\u2019\u00e9quit\u00e9 dans la distribution des charges n\u00e9es de la transition \u00e9cologique. <\/p>\n\n\n\n

    Le principal d\u00e9fi de l\u2019action climatique r\u00e9side dans le passage d\u2019une politique jusque-l\u00e0 marginale \u00e0 un r\u00f4le plus central et fondamentalement structurant de l\u2019ensemble des d\u00e9cisions collectives. Cela demande un changement d\u2019\u00e9tat d\u2019esprit des d\u00e9cideurs politiques. Afin de r\u00e9fl\u00e9chir non pas politique publique par politique publique, ou instrument par instrument mais de revoir la matrice m\u00eame de leur conception. L\u2019efficacit\u00e9 r\u00e9side dans la transversalit\u00e9 et les effets de levier et d’entra\u00eenement des diff\u00e9rents secteurs entre eux. La gestion de cette complexit\u00e9, ce nouveau r\u00f4le, plus strat\u00e9gique, des institutions publiques, implique de la d\u00e9lib\u00e9ration, de l\u2019apprentissage, la coh\u00e9rence de la pens\u00e9e du long terme.<\/p>\n\n\n\n

    Car nous sommes au milieu du gu\u00e9  : le vieux monde a perdu ses arguments, la repr\u00e9sentation du nouveau est floue, le d\u00e9bat sur la nature de ce changement s\u2019ouvre \u00e0 peine, et les visions du futur – encore largement abstraites – sont surtout technologiques. Qui peut d\u00e8s lors, penser le changement collectif au sein de soci\u00e9t\u00e9s qui se sont fragment\u00e9es en termes de parcours de vie, d\u2019identit\u00e9s, d\u2019imaginaires, de r\u00e9f\u00e9rences id\u00e9ologiques ?<\/p>\n\n\n\n

    Nous sommes au milieu du gu\u00e9  : le vieux monde a perdu ses arguments, la repr\u00e9sentation du nouveau est floue, le d\u00e9bat sur la nature de ce changement s\u2019ouvre \u00e0 peine, et les visions du futur – encore largement abstraites – sont surtout technologiques.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    On voit mal les institutions traditionnelles pouvoir \u2013 seules – r\u00e9pondre \u00e0 cette question \u00e0 un moment o\u00f9 la parole, pour \u00eatre entendue, doit provenir des \u00ab  h\u00e9ros ordinaires  \u00bb, des citoyens, s\u2019exprimer \u00e0 partir du terrain et de l\u2019action et refl\u00e9ter cette diversit\u00e9. La parole technocratique, les gouvernements des experts ne suffiront pas \u00e0 gagner cette bataille.<\/p>\n\n\n\n

    Un pacte \u00e0 n\u00e9gocier <\/h2>\n\n\n\n

    Au d\u00e9senchantement politique r\u00e9pondent de multiples modalit\u00e9s d\u2019engagement collectif principalement local et \u00e0 l\u2019\u00e9chelle directe des citoyens : de nouvelles formes d\u2019alliances ont \u00e9merg\u00e9, des pactes qui se sont d\u00e9finis comme des pactes \u00e9cologiques en faveur de l\u2019action climatique. Dans la compilation du think tank Energy Cities, on y lit une grande vari\u00e9t\u00e9 de formes et d\u2019ambitions, mais toujours un socle commun <\/span>14<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les param\u00e8tres de ce pacte vert changent selon les continents, les pays et m\u00eame les villes mais quelques param\u00e8tres demeurent : un leadership distribu\u00e9 permettant une meilleure participation citoyenne, une vari\u00e9t\u00e9 d\u2019acteurs engag\u00e9s au-del\u00e0 de la sph\u00e8re politique, un projet multith\u00e9matique, une volont\u00e9 de rassembler toujours plus de citoyens et citoyennes.<\/p>\n\n\n\n

    Ces pactes repr\u00e9sentent des v\u00e9hicules politiques qui peuvent permettre de faire progresser nos soci\u00e9t\u00e9s, pas seulement sur le climat, mais aussi sur les questions de discriminations, d\u2019in\u00e9galit\u00e9s \u00e9conomiques, de conflits sur les identit\u00e9s. Il s\u2019agit d\u2019une mutation des m\u0153urs politiques, mettant au centre la d\u00e9lib\u00e9ration collective, pour r\u00e9fl\u00e9chir les changements de paradigme \u00e9conomique, les repr\u00e9sentations du bien commun et du progr\u00e8s, \u00e9laborer des projets de soci\u00e9t\u00e9 \u00e0 partir de probl\u00e8mes concrets \u00e0 r\u00e9soudre, sur l\u2019am\u00e9nagement de l\u2019espace, l\u2019\u00e9nergie, les transports, l\u2019alimentation, les solidarit\u00e9s…<\/p>\n\n\n\n

    Au niveau europ\u00e9en, la Commission, une fois le mandat obtenu, s\u2019est appuy\u00e9e pour l\u2019essentiel sur sa comp\u00e9tence, la l\u00e9gislation, pour construire le Green Deal europ\u00e9en. Ce qui en fait sa force et explique aussi ses limites. La force c\u2019est le fait que le Green deal sert de m\u00e8tre \u00e9talon dans le d\u00e9bat n\u00e9cessairement \u00e9clat\u00e9 que provoque chaque l\u00e9gislation. Les limites ce sont les difficult\u00e9s d\u2019obtenir le consensus des \u00c9tats-membres sur chacun de ces textes, qui peuvent affaiblir la coh\u00e9rence d\u2019ensemble.<\/p>\n\n\n\n

    \u00c0 l\u2019instar de l\u2019agriculture, le commerce international – pourtant domaine pilot\u00e9 par la Commission – \u00e9chappe pour l\u2019instant \u00e0 la logique du Green Deal europ\u00e9en. L\u2019inertie, la \u00ab  d\u00e9pendance du chemin  \u00bb maintes et maintes fois emprunt\u00e9 pour conclure les accords commerciaux p\u00e8sent, comme fait d\u00e9faut la d\u00e9finition d\u2019une doctrine claire et coh\u00e9rente avec le Green deal.<\/p>\n\n\n\n

    \n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
    \u00a9 Zhang Lianhua\/Costfoto\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

    Certes, les accords de libre-\u00e9change comme celui pass\u00e9 entre le Royaume-Uni et l\u2019Australie, qui excluent les clauses de protection du climat, ne font plus partie du champ des possibles en Europe. Les accords conclus doivent \u00eatre en coh\u00e9rence avec la mise en \u0153uvre de l\u2019Accord de Paris. Cependant la traduction de ces principes reste encore trop g\u00e9n\u00e9rale et ad hoc<\/em>, les clauses li\u00e9es au d\u00e9veloppement durable n\u2019ayant pas toujours de caract\u00e8re contraignant, comme en t\u00e9moigne l\u2019accord commercial avec le MERCOSUR devenu un casse-t\u00eate politique pour la pr\u00e9sente Commission et la Pr\u00e9sidence Slov\u00e8ne. <\/p>\n\n\n\n

    \u00c0 l\u2019inverse, ces clauses environnementales font partie int\u00e9grante de l\u2019accord commercial avec la Nouvelle-Z\u00e9lande en cours de finalisation. Or l\u2019Europe ne peut changer de visage en fonction de son interlocuteur et les clauses environnementales ne peuvent pas s\u2019appliquer qu\u2019\u00e0 nos alli\u00e9s climatiques. Le Green Deal doit devenir le cadre de r\u00e9f\u00e9rence qui rendra caduc tout accord ne respectant pas l\u2019Accord de Paris. <\/p>\n\n\n\n

    Pour que le Green Deal parvienne \u00e0 \u00e9tendre son effet sur l\u2019ensemble des politiques publiques et c\u2019est un chantier gigantesque, trois handicaps doivent \u00eatre surmont\u00e9s  : le poids du pass\u00e9, les comp\u00e9tences de Bruxelles et la distance entre les institutions et les soci\u00e9t\u00e9s europ\u00e9ennes.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    Pour que le Green Deal parvienne \u00e0 \u00e9tendre son effet sur l\u2019ensemble des politiques publiques et c\u2019est un chantier gigantesque, trois handicaps doivent \u00eatre surmont\u00e9s  : le poids du pass\u00e9, les comp\u00e9tences de Bruxelles et la distance entre les institutions et les soci\u00e9t\u00e9s europ\u00e9ennes.<\/p>\n\n\n\n

    Le poids du pass\u00e9<\/strong>  : si les nouvelles initiatives devront \u00eatre align\u00e9es avec l\u2018objectif de neutralit\u00e9 carbone, la r\u00e9vision n\u00e9cessaire des l\u00e9gislations qui font partie de l\u2019arsenal traditionnel, comme parmi bien d\u2019autres, la politique agricole commune, s\u2019annonce comme un effort consid\u00e9rable.<\/p>\n\n\n\n

    Les comp\u00e9tences de la Commission<\/strong> : comme la libert\u00e9 de mouvement de la Commission est plus grande dans le domaine des politiques environnementales, cette composante du Green deal est la plus d\u00e9velopp\u00e9e. Mais il faudra aller plus loin dans le domaine fiscal et social : les \u00c9tats-membres devront leur octroyer un plus grand r\u00f4le.<\/p>\n\n\n\n

    La distance<\/strong> : les interlocuteurs de la Commission europ\u00e9enne sont les gouvernements et les parlementaires \u00e9lus, jamais directement les citoyens. Pourtant si le Green Deal reste un projet de gouvernement des experts, il est sans doute vou\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9chec. L\u00e0 encore la volont\u00e9 de partage des gouvernements n\u2019est pas \u00e9vidente, comme en t\u00e9moigne le droit de regard et de veto r\u00e9clam\u00e9 par les \u00c9tats-membres sur les propositions issues de la conf\u00e9rence sur l\u2019Avenir de l\u2019Europe.<\/p>\n\n\n\n

    Si ces trois handicaps ne peuvent \u00eatre rapidement lev\u00e9s, il existe cependant des chantiers \u00e0 entamer d\u2019urgence, qui s\u2019inscrivent dans l\u2019ordre institutionnel \u00e9tabli. Je vous en propose ici cinq, \u00e0 entamer en priorit\u00e9. La mise en coh\u00e9rence r\u00e9ussie de ces politiques est la cl\u00e9 d\u2019un mandat r\u00e9ussi pour la Pr\u00e9sidente de la Commission, son Vice-Pr\u00e9sident Ex\u00e9cutif Frans Timmermans mais aussi pour les gouvernements et les parlements nationaux.<\/p>\n\n\n\n

    Premier chantier : faire atterrir le Green Deal dans les soci\u00e9t\u00e9s<\/h2>\n\n\n\n

    Un Green Deal con\u00e7u, impuls\u00e9 et n\u00e9goci\u00e9 \u00e0 Bruxelles aura certes une grande port\u00e9e politique et \u00e9conomique, mais il est clair que ce gouvernement des experts n\u2019a pas beaucoup de cr\u00e9dit aupr\u00e8s des Europ\u00e9ens et ne pourra entra\u00eener seul l\u2019appropriation par les citoyens.<\/p>\n\n\n\n

    Au-del\u00e0 de la n\u00e9gociation l\u00e9gislative, la mise en \u0153uvre du Green Deal d\u00e9pend tr\u00e8s largement des gouvernements et des institutions nationales qui disposent de grandes marges de libert\u00e9. Les gouvernements seront par exemple seuls responsables de la d\u00e9livrance des r\u00e9ductions des \u00e9missions de gaz \u00e0 effet de serre dans les secteurs qui ne sont pas couverts par un prix du carbone. Les nouvelles r\u00e8gles de la Politique Agricole Commune (PAC) d\u00e9l\u00e8guent aux gouvernements le soin de d\u00e9finir beaucoup des modalit\u00e9s d\u2019application. L\u2019enqu\u00eate de l\u2019Institute for European Environmental Policy aupr\u00e8s de leaders d’opinions montre que les trois raisons principales qui pourraient faire obstacle \u00e0 la mise en place du Green Deal europ\u00e9en tiennent directement ou indirectement \u00e0 la responsabilit\u00e9 des \u00c9tats-membres <\/span>15<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Leur manque d\u2019adh\u00e9sion, l\u2019absence de m\u00e9canismes de gouvernance ad\u00e9quats afin de mesurer le progr\u00e8s, associ\u00e9s au manque de progr\u00e8s uniformes \u00e0 travers les pays europ\u00e9ens peuvent mettre en danger l\u2019effectivit\u00e9 du Green Deal.<\/p>\n\n\n\n

    Dans les prochains mois, on pourra juger au plus pr\u00e8s du soutien des \u00c9tats-membres \u00e0 la vision du Green Deal et notamment la volont\u00e9 de communiquer sur l\u2019enjeu de ce pacte au sein des communaut\u00e9s nationales.<\/p>\n\n\n\n

    La conjoncture se pr\u00eate pourtant \u00e0 un exercice diff\u00e9rent. Les mouvements des soci\u00e9t\u00e9s europ\u00e9ennes t\u00e9moignent de nouvelles aspirations pour l\u2019action climatique. En France, la Convention Citoyenne pour le Climat a d\u00e9montr\u00e9 l\u2019app\u00e9tence pour un projet coh\u00e9rent de r\u00e9forme. En Allemagne, la cour constitutionnelle de Karlsruhe, \u00e0 la demande de neuf jeunes citoyens, a condamn\u00e9 le gouvernement pour son action insuffisante vis-\u00e0-vis de ses engagements internationaux. Cette d\u00e9cision a provoqu\u00e9 un r\u00e9ajustement \u00e9clair de la part du gouvernement, r\u00e9p\u00e9tant ainsi ce qui avait \u00e9t\u00e9 observ\u00e9 aux Pays-Bas. En Pologne, les protestations publiques contre le recul des droits des femmes et en faveur de l\u2019action climatique ont fait pression sur le gouvernement. Ces mobilisations de l\u2019\u00e9nergie citoyenne utilisent les textes europ\u00e9ens et internationaux pour faire valoir l\u2019urgence de l\u2019action climatique, y compris en recourant aux juges. <\/p>\n\n\n\n

    Si les mobilisations citoyennes pour l\u2019environnement sont principalement locales autour de projets concrets (projets d\u2019infrastructure gazi\u00e8re, autoroutes, pollution de l\u2019air ou de l\u2019eau\u2026) et s\u2019adressent \u00e0 des d\u00e9cideurs politiques qui se situent \u00e0 des niveaux de d\u00e9cision locaux, elles font r\u00e9f\u00e9rence aussi aux enjeux globaux  : des \u00e9missions de gaz \u00e0 effet de serre \u00e0 la perte de biodiversit\u00e9. Elles contribuent ainsi \u00e0 former, sur le terrain, et \u00e0 partir des actions le r\u00e9cit de la soci\u00e9t\u00e9 de demain. C\u2019est cette connexion entre les diff\u00e9rentes \u00e9chelles de la d\u00e9cision et de l\u2019action collective qui peut \u00e0 mon sens cr\u00e9er la dynamique de changement dont le Green Deal est id\u00e9alement porteur.<\/p>\n\n\n\n

    Il faut donc faire atterrir le Green Deal dans les \u00e9cosyst\u00e8mes politiques nationaux, inventer \u00e0 partir des mobilisations et des probl\u00e8mes de la vie des citoyens des pactes verts qui fassent le lien entre l\u2019\u00e9chelle europ\u00e9enne, nationale et locale. Afin de lutter contre l\u2019inertie et les blocages politiques, les diff\u00e9rents pactes mis en r\u00e9seau pourront offrir des solutions aux citoyens. Faire appel au Green Deal europ\u00e9en pour faire avancer des luttes locales partageant une m\u00eame vision.<\/p>\n\n\n\n

    Cette nouvelle chor\u00e9graphie de l\u2019action collective pourrait, en connectant les \u00e9chelles de gouvernance entre elles, redonner l\u2019agilit\u00e9 qui nous manque aujourd\u2019hui. Elle permettrait aux parties prenantes \u00e0 chaque pacte de voir et comprendre leur place dans un \u00e9cosyst\u00e8me complexe. Le Green Deal, pour se transformer en projet politique l\u00e9gitime, a besoin d\u2019une architecture vivante qui redonne du contr\u00f4le aux citoyens sur leur vie, et sur l\u2019imagination de leur futur. <\/p>\n\n\n\n

    Il faut ouvrir d\u00e8s que possible le chantier des pactes verts dans les \u00c9tats-membres, des pactes verts \u00e0 adapter aux enjeux nationaux tout en r\u00e9pondant aux objectifs climatiques de l\u2019Europe pour 2030. Ainsi l\u2019action europ\u00e9enne pourra renforcer des dynamiques nationales d\u00e9j\u00e0 pr\u00e9sentes.<\/p>\n\n\n\n

    Il faut ouvrir d\u00e8s que possible le chantier des pactes verts dans les \u00c9tats-membres, des pactes verts \u00e0 adapter aux enjeux nationaux tout en r\u00e9pondant aux objectifs climatiques de l\u2019Europe pour 2030.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    Deuxi\u00e8me chantier : concilier justice sociale et climatique<\/h2>\n\n\n\n

    Les cons\u00e9quences de la crise de la COVID-19 ne sont aujourd\u2019hui pas encore toutes perceptibles. Pourtant nous le savons d\u00e9j\u00e0, les in\u00e9galit\u00e9s pr\u00e9existantes ont \u00e9t\u00e9 renforc\u00e9es par la crise, en particulier pour les personnes les plus vuln\u00e9rables <\/span>16<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n

    Le Green Deal europ\u00e9en ne peut se r\u00e9sumer \u00e0 un calcul des tonnes de carbone \u00e9vit\u00e9es. Comme projet de soci\u00e9t\u00e9, il doit anticiper les impacts et accompagner des \u00e9volutions rapides dans tous les secteurs. C\u2019est la plus grande difficult\u00e9. \u00c0 grands traits, la d\u00e9carbonation de l\u2019\u00e9conomie europ\u00e9enne, la r\u00e9duction des \u00e9missions de gaz \u00e0 effet de serre \u00e0 z\u00e9ro ont des sc\u00e9narios techniques pour la plupart connus  : la production d\u2019\u00e9nergie z\u00e9ro carbone, l\u2019\u00e9lectrification de l\u2019usage de l\u2019\u00e9nergie, le changement des pratiques agricoles et alimentaires, le recyclage des ressources\u2026 Ces sc\u00e9narios techniques entrainent syst\u00e9matiquement des bouleversements \u00e9conomiques et sociaux  : restructurations industrielles, besoin de nouvelles infrastructures, transitions professionnelles, r\u00e9partition diff\u00e9rente de la richesse dans l\u2019\u00e9conomie\u2026<\/p>\n\n\n\n

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    \u00a9 Zhang Lianhua\/Costfoto\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

    La r\u00e9ussite du Green Deal va se mesurer dans la capacit\u00e9 d\u2019anticipation de ces chocs et la formulation d\u2019un pacte social plus juste dans un contexte o\u00f9 la machine \u00e0 fabriquer des in\u00e9galit\u00e9s est toujours formidablement efficace. Sans pacte social, les oppositions l\u00e9gitimes vont se multiplier. Et il faut reconnaitre que les instruments proprement europ\u00e9ens pour agir sont limit\u00e9s et sont largement du ressort des politiques nationales.<\/p>\n\n\n\n

    La mise en place du paquet l\u00e9gislatif Fit for 55<\/em>, et notamment la d\u00e9cision de mettre un prix sur le carbone dans les secteurs des b\u00e2timents et du transport routier a rendu manifeste l\u2019impact social de ces mesures et leur caract\u00e8re r\u00e9gressif. Il faudra de la part des \u00c9tats-membres et des institutions europ\u00e9ennes une r\u00e9ponse solide \u00e0 une population qui se sent d\u00e9j\u00e0 particuli\u00e8rement fragilis\u00e9e. Le \u00ab  fond social pour le climat  \u00bb fait partie des solutions envisag\u00e9es. Il ne sera pas suffisant \u2013 encore moins si les revenus g\u00e9n\u00e9r\u00e9s par les diff\u00e9rents m\u00e9canismes li\u00e9s au prix du carbone servent en priorit\u00e9 \u00e0 rembourser rapidement la dette. Par ailleurs les actions de compensation des impacts sur les revenus d\u2019une politique publique sont difficiles \u00e0 faire comprendre et accepter, et requi\u00e8rent une communication intense. La confiance n\u2019est pas souvent au rendez-vous, l\u2019exp\u00e9rience fran\u00e7aise l\u2019a montr\u00e9 par le pass\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

    Cette approche \u00e9troite de la justice sociale risque ainsi d\u2019\u00eatre rapidement invalid\u00e9e, \u00e0 n\u2019importe quelle occasion les \u00e9v\u00e9nements conjoncturels pouvant \u00eatre convoqu\u00e9s pour incriminer les politiques climatiques. C\u2019est ce qui se passe aujourd\u2019hui avec la hausse des prix de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 constat\u00e9e dans plusieurs pays europ\u00e9ens, avec la flamb\u00e9e des prix du gaz naturel <\/span>17<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette hausse nourrit les argumentaires des opposants au Green Deal, il sera alors rendu responsable de ce qui est pr\u00e9sent\u00e9 comme une politique d\u2019appauvrissement des citoyens europ\u00e9ens, sacrifi\u00e9s sur l\u2019autel du climat. <\/p>\n\n\n\n

    Le projet du Green Deal est celui d\u2019une nouvelle promesse  : adopter une approche sociale de la transition \u00e9cologique ne signifie pas simplement anticiper les effets n\u00e9gatifs de politiques publiques, ou de v\u00e9rifier qu\u2019elles fonctionnent correctement. Il s\u2019agit d\u2019anticiper les probl\u00e8mes qui vont impacter les citoyens pendant la transition \u2013 qu’ils soient li\u00e9s \u00e0 la transition climatique ou non. Il s\u2019agit dans un moment historique de r\u00e9orientation du syst\u00e8me \u00e9conomique et technologique d\u2019en discuter les bases sociales et les conditions de l\u2019adh\u00e9sion des soci\u00e9t\u00e9s \u00e0 cet avenir. Ce d\u00e9bat est \u00e0 la fois europ\u00e9en, national et local et il doit \u00eatre conduit sur les diff\u00e9rentes \u00e9chelles sans les opposer. <\/p>\n\n\n\n

    Troisi\u00e8me chantier  : vaincre le court-termisme et lutter contre les avocats du statu quo<\/em> <\/h2>\n\n\n\n

    Les sceptiques de l\u2019action climatique auront toujours des occasions de pouvoir bl\u00e2mer l\u2019Europe et son Green Deal pour se d\u00e9douaner. La polarisation du d\u00e9bat, comme une strat\u00e9gie politique jouant sur la peur et le sentiment d\u2019appartenance \u00e0 un groupe plut\u00f4t qu\u2019un autre est plut\u00f4t la r\u00e8gle que l\u2019exception <\/span>18<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Construire et capitaliser sur les faux d\u00e9bats con\u00e7us pour cliver les soci\u00e9t\u00e9s, qui ponctuent sans cesse l\u2019actualit\u00e9 politique, est une strat\u00e9gie efficace pour emp\u00eacher de traiter de la complexit\u00e9. Le cocktail est connu  : euroscepticisme, mise en doute de la science, repr\u00e9sentation de la catastrophe \u00e9conomique \u00e0 venir. Ce sont des \u00e9l\u00e9ments faciles \u00e0 activer dans l\u2019espace de communication public. S\u2019y ajoute l\u2019id\u00e9e que les politiques climatiques sont le fruit d\u2019un complot lib\u00e9ral et \u00e9litiste qui impacterait les citoyens ordinaires de mani\u00e8re injuste et disproportionn\u00e9e (Counterpoint, 2021).<\/p>\n\n\n\n

    Le projet du Green Deal est celui d\u2019une nouvelle promesse  : adopter une approche sociale de la transition \u00e9cologique ne signifie pas simplement anticiper les effets n\u00e9gatifs de politiques publiques, ou de v\u00e9rifier qu\u2019elles fonctionnent correctement.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    Ces attaques sont s\u00e9rieuses dans des d\u00e9mocraties fragilis\u00e9es par la pand\u00e9mie, d\u2019autant que leurs instigateurs peuvent savamment recouper des revendications sociales l\u00e9gitimes, notamment en mati\u00e8re de prix de l\u2019\u00e9nergie. En t\u00e9moigne la r\u00e9cente d\u00e9cision du gouvernement britannique d\u2019une interdiction du chauffage au gaz qui a conduit \u00e0 un emballement m\u00e9diatique et une campagne venue du camp conservateur lui-m\u00eame contre l\u2019action climatique, signe de l\u2019appauvrissement de la soci\u00e9t\u00e9. En t\u00e9moignent aussi les attaques contre la politique climatique du gouvernement espagnol confront\u00e9 \u00e0 la hausse des prix de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9. Cette campagne ne sera pas la derni\u00e8re. Nier la r\u00e9alit\u00e9 de la crise climatique est encore un marqueur commode de diff\u00e9renciation politique, m\u00eame s\u2019il ne joue pas le r\u00f4le identitaire observ\u00e9 dans la soci\u00e9t\u00e9 am\u00e9ricaine. Devant l\u2019ambition impressionnante – il faut le r\u00e9p\u00e9ter – du Green deal, la \u00ab  coalition des mauvaises volont\u00e9s  \u00bb comme dirait Michael Mann<\/a>, va multiplier ses attaques et utiliser l\u2019ensemble des tactiques de lobbying et de communication<\/p>\n\n\n\n

    D\u00e9noncer l\u2019inaction climatique ne signifie pas pour autant imposer des mesures sans consultation ou bien refuser de prendre en compte les acteurs qui en sont affect\u00e9s. Les politiques en faveur de l\u2019att\u00e9nuation de la crise climatique vont n\u00e9cessairement impliquer des contraintes, des choix et des renoncements. Elles ne pourront \u00eatre accept\u00e9es socialement que si elles sont d\u00e9battues et \u00e9valu\u00e9es aussi en fonction des crit\u00e8res de justice, si elles laissent un espace au pouvoir d\u2019action des citoyens, sous peine de laisser au contraire tout l\u2019espace aux discours populistes, d\u00e9mobilisateurs et d\u00e9fenseurs d\u2019une forme d\u2019attentisme et de statu quo<\/em>. <\/p>\n\n\n\n

    Attendre, remettre \u00e0 plus tard, critiquer l\u2019empressement d\u00e9raisonnable, n\u00e9gocier du temps, l\u2019arsenal des d\u00e9fenseurs du statu quo est bien rod\u00e9. Il a l\u2019avantage de s\u2019avancer en terrain s\u00fbr, en univers connu des responsables politiques, habitu\u00e9s aux \u00e9valuations des risques du changement de statu quo et entra\u00een\u00e9s \u00e0 ces n\u00e9gociations d\u2019exceptions ou de d\u00e9lais. La projection dans le futur qu\u2019implique le Green Deal est, elle, pleine d\u2019incertitudes quant le court-terme, familier, rassure. <\/p>\n\n\n\n

    C\u2019est pour cela qu\u2019il ne faut pas laisser les politiques seuls face aux compromis \u00e0 trouver. La mobilisation du pouvoir d\u2019action <\/em>des soci\u00e9t\u00e9s est la mani\u00e8re la plus s\u00fbre de g\u00e9n\u00e9rer un espace politique \u00e9largi qui peut faire place au long terme, \u00e0 son incorporation dans la vie d\u2019aujourd\u2019hui. Le Green Deal, pour \u00eatre une r\u00e9ussite, doit pouvoir compter sur le leadership politique des \u00c9tats-membres qui doivent renoncer \u00e0 incriminer Bruxelles. Il doit pouvoir compter aussi sur les acteurs \u00e9conomiques qui ont choisi cet horizon de d\u00e9ploiement et qui entreprennent honn\u00eatement cette transition. Il doit pouvoir compter enfin sur l\u2019engagement de soci\u00e9t\u00e9s, toutes diverses, qui peuvent l\u2019adopter et l\u2019adapter,<\/em> pour fabriquer le chemin europ\u00e9en et devenir des garde-fous vigilants des engagements pris. <\/p>\n\n\n\n

    Quatri\u00e8me chantier : int\u00e9grer pour de bon l\u2019action climatique dans les politiques macro\u00e9conomiques <\/h2>\n\n\n\n

    Dans ce contexte, la question de la gouvernance budg\u00e9taire europ\u00e9enne prend toute sa place et peut avoir un impact de long-terme sur l\u2019action climatique. Le Green Deal et ses moyens de mise en \u0153uvre ont des cons\u00e9quences macro-\u00e9conomiques et d\u00e9pendent des d\u00e9cisions et des r\u00e8gles qui se situent en dehors des politiques li\u00e9es au climat et \u00e0 l\u2019\u00e9nergie. <\/p>\n\n\n\n

    Le Resilient and Recovery fund<\/em> a \u00e9t\u00e9 une r\u00e9ponse, ainsi que la cr\u00e9ation du fonds \u2013 encore trop modeste \u2013 pour la transition juste. La question qui se pose aujourd\u2019hui est celle de son remboursement et plus g\u00e9n\u00e9ralement du statut de la dette des pays europ\u00e9ens de la zone euro. C\u2019est une discussion cruciale. La transition vers la neutralit\u00e9 climatique demande des investissements dans les infrastructures qui p\u00e8seront sur les budgets publics et d\u2019une fa\u00e7on ou d\u2019une autre sur les contribuables. <\/p>\n\n\n\n

    Le climat est dor\u00e9navant consid\u00e9r\u00e9 comme \u00ab  macro-critical<\/em>  \u00bb selon les propos de Christine Lagarde alors directrice g\u00e9n\u00e9rale du FMI, aujourd\u2019hui pr\u00e9sidente de la BCE et qui fait preuve de la m\u00eame conviction. Cette conviction est d\u00e9sormais plus largement partag\u00e9e par les macro-\u00e9conomistes acad\u00e9miques ou banquiers centraux. Les probl\u00e8mes ne sont plus seulement sectoriels. Pour les r\u00e9soudre, la transition \u00e9cologique mobilise des moyens de grande ampleur, op\u00e8re des transferts importants, notamment en mati\u00e8re d\u2019investissements qui vont transformer l\u2019\u00e9conomie europ\u00e9enne.<\/p>\n\n\n\n

    Le Green Deal ne peut donc pas \u00eatre isol\u00e9 du d\u00e9bat sur la gouvernance des finances publiques. Or la question de la gestion d\u2019une potentielle dette commune et des dettes individuelles au sein de la zone euro est l\u2019un des dossiers politiques les plus difficiles, cruciaux et strat\u00e9giques de l\u2019agenda politique europ\u00e9en.<\/p>\n\n\n\n

    \u00c0 la suite des mesures de soutien \u00e9conomique mises en place par les pays europ\u00e9ens lors de la pand\u00e9mie du Covid-19, ce d\u00e9bat se pose dans de nouveaux termes. L\u2019initiative franco-allemande d\u2019un plan de relance commun a abouti \u00e0 la cr\u00e9ation d\u2019un fonds de relance de plus de 800 milliards d\u2019euros mis \u00e0 la disposition des \u00c9tats-membres. La possibilit\u00e9 pour la Commission, au nom de l\u2019Union, d\u2019emprunter de l\u2019argent sur les march\u00e9s afin de financer le plan de relance a permis de briser des tabous et de d\u00e9montrer une vraie solidarit\u00e9 entre pays europ\u00e9ens. Il s\u2019agit de la plus grande avanc\u00e9e dans la construction d\u2019une Europe politique de ces derni\u00e8res ann\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

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    \u00a9 Zhang Lianhua\/Costfoto\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

    Les circonstances exceptionnelles des mois pr\u00e9c\u00e9dents ont de fait conduit \u00e0 la suspension de certaines r\u00e8gles r\u00e9gissant les dettes publiques, o\u00f9 la question de la solidarit\u00e9 se posait en termes de limitation du risque. Il s\u2019agissait de pr\u00e9venir l\u2019impact n\u00e9gatif d\u2019une dette souveraine hors de contr\u00f4le d\u2019un \u00c9tat sur les march\u00e9s et la capacit\u00e9 d\u2019autres \u00c9tats-membres, notamment ceux de la zone euro, de se financer. Ces consid\u00e9rations ont \u00e9t\u00e9 abandonn\u00e9es lorsqu\u2019il a fallu prendre des mesures exceptionnelles afin de soutenir l\u2019\u00e9conomie. Et ce rel\u00e2chement de la contrainte a conduit \u00e0 une augmentation du ratio dette \/ PIB de 83.9 % \u00e0 98 % pour les pays de la zone Euro et de 77.5 \u00e0 90.7 % pour l\u2019ensemble des pays de l\u2019UE <\/span>19<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

    Alors que les mesures gouvernementales de soutien \u00e0 l\u2019\u00e9conomie seront bient\u00f4t revues \u00e0 la baisse, si ce n\u2019est stopp\u00e9es, la question du retour aux r\u00e8gles pr\u00e9c\u00e9dentes, notamment en mati\u00e8re de discipline budg\u00e9taire, se pose. La sc\u00e8ne politique est divis\u00e9e. Alors que des pays tels que la France, l\u2019Italie et l\u2019Espagne sont en faveur d\u2019une r\u00e9vision des r\u00e8gles, les pays dits frugaux men\u00e9s par l\u2019Autriche et soutenus notamment par les Pays-Bas, la R\u00e9publique Tch\u00e8que et la Su\u00e8de s\u2019y opposent fermement <\/span>20<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le d\u00e9bat est cependant ouvert, m\u00eame si aucun mouvement de grande ampleur n\u2019est attendu avant \u00e9lections allemandes et la formation d\u2019un nouveau gouvernement.<\/p>\n\n\n\n

    Alors que les mesures gouvernementales de soutien \u00e0 l\u2019\u00e9conomie seront bient\u00f4t revues \u00e0 la baisse, si ce n\u2019est stopp\u00e9es, la question du retour aux r\u00e8gles pr\u00e9c\u00e9dentes, notamment en mati\u00e8re de discipline budg\u00e9taire, se pose.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    Le d\u00e9bat m\u00e9riterait cependant d\u2019\u00eatre recadr\u00e9 au-del\u00e0 d\u2019une opposition entre \u00ab  d\u00e9pensiers  \u00bb et \u00ab  frugaux  \u00bb. Comme le montre Jean Pisani-Ferry<\/a>, les implications macro\u00e9conomiques de la transition vers une \u00e9conomique neutre sur le plan climatique n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 suffisamment prises en compte. Si la croissance \u00e9conomique continuera en Europe, il ne fait pas de doute que sa composition va changer. Faudra-t-il envisager une r\u00e9duction de la consommation priv\u00e9e et une augmentation des investissements, notamment publics  ? D\u2019o\u00f9 viendront les ressources pour financer ces investissements  ? Du recours de plus en plus important \u00e0 des m\u00e9canismes de taxation du carbone  ? <\/p>\n\n\n\n

    Dans leur publication de septembre dernier, Zsolt Darvas et Guntram Wolff ont montr\u00e9 que les gouvernements europ\u00e9ens n\u2019ont pas encore \u00e9t\u00e9 capables de concilier un programme d\u2019investissement \u00e0 m\u00eame de mettre en \u0153uvre le Green Deal avec une consolidation des d\u00e9ficits <\/span>21<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Afin de d\u00e9passer ce dilemme, ils examinent trois solutions  : 1. Un assouplissement g\u00e9n\u00e9ral des r\u00e8gles, 2. la cr\u00e9ation d\u2019une capacit\u00e9 d\u2019investissement europ\u00e9enne centralis\u00e9e afin de financer la transition gr\u00e2ce aux march\u00e9s et 3. la sortie des investissements verts de la comptabilisation de la dette souveraine, solution qui permettraient de sanctuariser ces d\u00e9penses n\u00e9cessaires. C\u2019est toute une philosophie de la dette \u00e0 repenser \u00e0 un moment o\u00f9 les jeunes g\u00e9n\u00e9rations r\u00e9clament des politiques climatiques pour pr\u00e9server leur avenir.<\/p>\n\n\n\n

    Le d\u00e9bat, tel que pos\u00e9 par Darvas et Wolff, doit aussi int\u00e9grer la dimension politique. Les citoyens ont peu confiance dans l\u2019avenir et dans leurs gouvernements. Or cette confiance est la base du consentement \u00e0 l\u2019imp\u00f4t. La consolidation budg\u00e9taire se fera, dans la majorit\u00e9 des cas, par une augmentation des taxes. Dans le m\u00eame temps, l\u2019extension de la tarification carbone \u00e0 des secteurs qui touchent les citoyens, tels que les transports et le chauffage, risque de cr\u00e9er l\u2019impression d\u2019une politique unidirectionnelle. Les citoyens ne seraient bons qu\u2019\u00e0 payer et rembourser. <\/p>\n\n\n\n

    Il est donc n\u00e9cessaire de cr\u00e9er un deal<\/em> avec les citoyens, de d\u00e9battre de la justice et de l\u2019\u00e9quit\u00e9 des contributions, des priorit\u00e9s collectives sur les biens communs \u00e0 fournir. L\u2019arbitrage en faveur du futur doit \u00eatre g\u00e9r\u00e9 avec une d\u00e9lib\u00e9ration collective. Le risque est de voir l\u2019augmentation des prix de l\u2019\u00e9nergie et des taxes, associ\u00e9e au manque d\u2019opportunit\u00e9s sur le march\u00e9 du travail, attribu\u00e9e des politiques climatiques. C\u2019est pourtant le manque d\u2019investissement, de planification et la non remise en question des rentes de situation qui en seront r\u00e9ellement responsables.<\/p>\n\n\n\n

    Cinqui\u00e8me chantier : vers une diplomatie align\u00e9e avec le Pacte vert europ\u00e9en <\/h2>\n\n\n\n

    Le Green Deal europ\u00e9en mis en \u0153uvre dans les \u00c9tats-membres aura de v\u00e9ritables r\u00e9percussions \u00e9conomiques tant \u00e0 l\u2019\u00e9chelle des citoyens qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9chelle internationale. Il offre en effet une formidable opportunit\u00e9 pour l\u2019Europe de faire preuve de leadership climatique sur la sc\u00e8ne mondiale. <\/p>\n\n\n\n

    Depuis la COP21, la neutralit\u00e9 carbone est devenue une r\u00e9f\u00e9rence dont les \u00c9tats, collectivit\u00e9s et entreprises ont su se saisir, parfois maladroitement ou malhonn\u00eatement certes. En 2019, en adoptant son objectif de neutralit\u00e9 carbone pour 2050, l\u2019Europe prenait d\u00e9j\u00e0 les devants sur les autres grands \u00e9metteurs. \u00c0 sa suite, en septembre 2020, le pr\u00e9sident chinois Xi Jinping a cr\u00e9\u00e9 l\u2019\u00e9v\u00e9nement, en annon\u00e7ant l’objectif chinois de neutralit\u00e9 carbone d’ici \u00e0 2060 et un pic d’\u00e9missions avant 2030. L\u2019annonce de la Chine<\/a> r\u00e9pond \u00e0 ses propres engagements pour l’action climatique, mais elle fait aussi \u00e9cho aux annonces ant\u00e9rieures de l’Union europ\u00e9enne qui reste un interlocuteur clef du gouvernement chinois sur ce dossier. <\/p>\n\n\n\n

    Si les r\u00e9f\u00e9rences \u00e0 la neutralit\u00e9 carbone d\u2019ici au milieu du si\u00e8cle se g\u00e9n\u00e9ralisent, elles souffrent pour la plupart d\u2019un manque de pr\u00e9cision sur les trajectoires qui permettent d\u2019y parvenir et mettent en danger cet objectif qui est au c\u0153ur de l\u2019Accord de Paris. \u00c0 ce jour, plus de 100 pays se sont engag\u00e9s \u00e0 atteindre la neutralit\u00e9 carbone en 2050, conform\u00e9ment \u00e0 l\u2019Accord de Paris de 2015. Or les nouveaux objectifs (NDC) pour 2030 nous m\u00e8neraient \u00e0 une hausse des \u00e9missions mondiales de 16 % par rapport \u00e0 2010. Quand il faudrait les r\u00e9duire de 45 % pour garder une chance de maintenir la hausse globale des temp\u00e9ratures en dessous de 2\u00b0C <\/span>22<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

    Les critiques justifi\u00e9es pleuvent d\u00e9j\u00e0 d\u00e9non\u00e7ant des engagements vides de contenu, des engagements \u00e0 long terme. Un horizon lointain qui permet aux tenants du statu quo<\/em> de demeurer dans le flou et de promouvoir pour des engagements insinc\u00e8res car mal encadr\u00e9s. Pire, la lutte contre le changement climatique est lue par les \u00c9tats-Unis et la Chine comme un \u00e9l\u00e9ment de la comp\u00e9tition militaire, technologique et commerciale mondiale. Les deux plus grands \u00e9metteurs mondiaux mettent de fait en danger leur souverainet\u00e9 – leur contr\u00f4le sur le territoire national – qu\u2019ils d\u00e9clarent pourtant vouloir prot\u00e9ger co\u00fbte que co\u00fbte.<\/p>\n\n\n\n

    Le Green Deal repr\u00e9sente pour l\u2019instant le projet le plus pr\u00e9cis de trajectoire de d\u00e9carbonation parmi les projets des trois grands \u00e9metteurs mondiaux. Il donne \u00e0 l\u2019Union europ\u00e9enne les moyens d\u2019incarner un leadership de la diplomatie climatique. Leadership qui d\u00e9pend aujourd\u2019hui davantage de la mise en \u0153uvre r\u00e9elle que de capacit\u00e9s de n\u00e9gociation internationale.<\/p>\n\n\n\n

    Il faut reconnaitre que l\u2019impact sur la sc\u00e8ne internationale de l\u2019Union europ\u00e9enne est plus grand, quand les compromis internes ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9solus et la feuille de route trac\u00e9e. Les ressources politiques disponibles sont mobilis\u00e9es aujourd\u2019hui par la n\u00e9gociation interne du Green Deal. Cette mobilisation, logique, comporte des risques dans une sc\u00e8ne g\u00e9opolitique singuli\u00e8rement chahut\u00e9e. Une diplomatie du pacte vert est n\u00e9cessaire pour rendre ses conditions de d\u00e9ploiement possibles. Car le Green Deal suppose un r\u00e9am\u00e9nagement de nombreuses de relations financi\u00e8res et commerciales.<\/p>\n\n\n\n

    Pour saisir l’ampleur de la transition en cours, rappelons que pr\u00e8s des trois quarts (72,2 %) des besoins \u00e9nerg\u00e9tiques totaux de l’Union europ\u00e9enne sont actuellement couverts par les \u00e9nergies fossiles et que les trois cinqui\u00e8mes (61 %) de l’\u00e9nergie de l’UE sont import\u00e9s. Pour atteindre 55 % de r\u00e9duction d’\u00e9missions d’ici 2030 \u2013 sans parler de net-z\u00e9ro d’ici 2050 \u2013 l’Union europ\u00e9enne devra se lancer dans un remaniement radical de ses d\u00e9pendances \u00e9nerg\u00e9tiques, avec de profondes implications pour ses partenaires diplomatiques. C’est le cas des pays du pourtour de la M\u00e9diterran\u00e9e, dans les Balkans et en Asie centrale, mais aussi d\u2019exportateurs plus \u00e9loign\u00e9s <\/span>23<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

    Un horizon lointain qui permet aux tenants du statu quo<\/em> de demeurer dans le flou et de promouvoir pour des engagements insinc\u00e8res car mal encadr\u00e9s. Pire, la lutte contre le changement climatique est lue par les \u00c9tats-Unis et la Chine comme un \u00e9l\u00e9ment de la comp\u00e9tition militaire, technologique et commerciale mondiale.<\/p>Laurence Tubiana<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

    Les importations de p\u00e9trole de l’Union europ\u00e9enne repr\u00e9sentant 20 % de la part de march\u00e9 mondial, une baisse de ces importations implique \u00e9galement un changement fondamental dans l’\u00e9conomie du p\u00e9trole, quelles que soient les relations commerciales sp\u00e9cifiques avec l’Europe. Pour de grands exportateurs aussi divers que la Norv\u00e8ge, l’Arabie saoudite et le Venezuela, le prix du baril de p\u00e9trole a \u00e9t\u00e9 une fonction centrale de leur arsenal g\u00e9opolitique depuis des d\u00e9cennies.<\/p>\n\n\n\n

    Le Green Deal fixe un objectif de 40 % d’\u00e9nergies renouvelables d’ici 2030, contre 20 % aujourd’hui. Une part importante de l’\u00e9nergie europ\u00e9enne proviendra vraisemblablement d\u2019importations, et n\u00e9cessitera donc de nouveaux partenariats avec les pays voisins et au-del\u00e0. Combin\u00e9e \u00e0 l’application anticip\u00e9e du m\u00e9canisme d\u2019ajustement carbone aux fronti\u00e8res (Carbon Border Adjustment Mechanism \u2013 CBAM) \u00e0 ces importations d’\u00e9nergie, cette dynamique aura certainement des effets d’entra\u00eenement r\u00e9gionaux et mondiaux.<\/p>\n\n\n\n

    Il s\u2019agit \u00e9galement de capitaliser sur l\u2019avanc\u00e9e europ\u00e9enne en mati\u00e8re d\u2019ambition climatique, et la transformer en ambition diplomatique : ni la Nouvelle Route de la Soie (Belt & Road Initiative) chinoise, ni le partenariat du \u00ab Blue Dot Network \u00bb men\u00e9 par les \u00c9tats-Unis ne font pour l\u2019instant r\u00e9f\u00e9rence sur la sc\u00e8ne mondiale en mati\u00e8re de coop\u00e9ration internationale align\u00e9e aux objectifs de l\u2019Accord de Paris. C\u2019est le message envoy\u00e9 par la Pr\u00e9sidente de la Commission lors de son discours sur l\u2019\u00e9tat de l\u2019Union avec le projet du \u00ab  Global Gateway  \u00bb. Reste d\u00e9sormais \u00e0 en d\u00e9finir le contenu.<\/p>\n\n\n\n

    Le retour des \u00c9tats-Unis sur le devant de la sc\u00e8ne diplomatique a permis \u00e0 l\u2019Union europ\u00e9enne de retrouver un partenaire de poids pour faire front commun sur les dossiers majeurs. Mais les tensions aig\u00fces entre la Chine et les \u00c9tats-Unis demeurent le plus gros obstacle \u00e0 la mise en \u0153uvre de politiques climatique ambitieuses. Ce jeu dangereux entra\u00eene une inertie au sein du G20, second obstacle critique \u00e0 l\u2019avanc\u00e9e de l\u2019action pour le climat. <\/p>\n\n\n\n

    L\u2019Europe doit tout faire pour mettre en \u0153uvre la nouvelle dynamique cr\u00e9\u00e9e par le Green Deal. Cela implique de comprendre et int\u00e9grer que les d\u00e9cisions intra-europ\u00e9ennes ont des r\u00e9percussions majeures sur ses partenaires. Comme acteur \u00ab  bienveillant \u00bb du syst\u00e8me international, elle doit engager des discussions sur les cons\u00e9quences de ses politiques. La r\u00e9action de l\u2019Indon\u00e9sie face au blocage des importations d\u2019huile de palme r\u00e9pondant \u00e0 une mobilisation des parlementaires europ\u00e9ens se comprend aussi dans ce cadre <\/span>24<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

    \n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
    \u00a9 Zhang Lianhua\/Costfoto\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

    Le lancement du m\u00e9canisme d\u2019ajustement carbone aux fronti\u00e8res aura potentiellement des cons\u00e9quences de m\u00eame nature. Sa visibilit\u00e9 politique en fait un objet privil\u00e9gi\u00e9 de pol\u00e9mique. Il est important que le commerce international ne d\u00e9voie pas les efforts europ\u00e9ens pour d\u00e9carboner, en particulier les industries lourdes. Mais la mise en place du CBAM va de pair avec l\u2019augmentation n\u00e9cessaire des prix internes du carbone. Elle est de fait confront\u00e9e \u00e0 une forte opposition de la part de nos partenaires commerciaux, qui y voient une forme de protectionnisme climatique. <\/p>\n\n\n\n

    En raison des r\u00e8gles de l\u2019Organisation mondiale du commerce, le CBAM sera probablement applicable uniquement aux produits industriels primaires (acier, ciment, engrais ou aluminium) pour lesquels les \u00ab  fuites de carbone  \u00bb pr\u00e9sentent un risque r\u00e9el. Dans la proposition de la Commission, le m\u00e9canisme concernerait au premier chef la Russie, la Turquie, la Cor\u00e9e, l\u2019Inde et la Chine, elle a \u00e9galement suscit\u00e9 les inqui\u00e9tudes \u2013 mais aussi l\u2019int\u00e9r\u00eat- des \u00c9tats-Unis. <\/p>\n\n\n\n

    Le CBAM et l\u2019extension du march\u00e9 carbone au transport a\u00e9rien et maritime ont le m\u00e9rite de jeter un pav\u00e9 dans la mare des passagers clandestins de l\u2019action climatique. Ils envoient un signal d\u2019alerte, potentiellement de dissuasion, qui a et aura des effets en cascade. Certes le march\u00e9 int\u00e9rieur n\u2019embarquera pas seul le reste du monde mais l\u2019UE reste encore le plus grand march\u00e9 du monde, par son ouverture. <\/p>\n\n\n\n

    Il va falloir d\u00e8s maintenant g\u00e9rer la tension entre les objectifs europ\u00e9ens et les cons\u00e9quences diplomatiques. L\u2019UE doit explorer des occasions de coop\u00e9ration internationale positives \u2013 accompagnement de la transition, normes de mesure du contenu carbone, march\u00e9s pour des produits z\u00e9ro-carbone\u2026 – provisions sp\u00e9ciales pour les pays les moins avanc\u00e9s. Le Green Deal peut devenir un formidable outil diplomatique \u00e0 mettre au service du leadership europ\u00e9en. <\/p>\n\n\n\n

    La politique europ\u00e9enne fonctionne par cycles de cinq ans, cal\u00e9s sur les \u00e9lections du Parlement europ\u00e9en. Lors des prochaines \u00e9lections de 2024, le projet du Green Deal sera toujours d\u2019actualit\u00e9. Il devra \u00eatre approfondi et actualis\u00e9. D\u2019ici l\u00e0, la question sera de savoir si ce vaste projet a r\u00e9ussi son pari  : changer le logiciel politique europ\u00e9en. Les responsabilit\u00e9s sont et seront partag\u00e9es : la Pr\u00e9sidente \u2013 une conservatrice \u2013 en a fait son cheval de bataille, le Commissaire \u2013 un socialiste \u2013 d\u00e9fend ardemment le projet alors que le Pr\u00e9sident de la Commission Environnement du Parlement europ\u00e9en \u2013 un lib\u00e9ral \u2013 s\u2019est construit un r\u00e9cit autour du Green Deal. Mais au-del\u00e0 de la responsabilit\u00e9 bruxelloise, la responsabilit\u00e9 des \u00c9tats-membres doit \u00eatre mise en avant. Les \u00e9lections en Allemagne, en R\u00e9publique tch\u00e8que, en Bulgarie et en France sont autant d\u2019occasion de d\u00e9battre et de jeter les bases des green deal nationaux. Les parlementaires, les \u00e9lus locaux, toutes les parties prenantes des \u00c9tats-membres ont un r\u00f4le \u00e0 jouer pour encourager la cr\u00e9ation de pactes verts nationaux en lien avec leurs citoyens et citoyennes. <\/p>\n\n\n\n

    Le Green Deal a le potentiel d\u2019\u00eatre une r\u00e9volution politique. Son r\u00e9cit peut changer l\u2019identit\u00e9 de l\u2019Europe. Ces green deal europ\u00e9en, nationaux et locaux pourraient en \u00e9crire son principe fondateur  : une transition \u00e9cologique, juste, \u00e0 construire ensemble.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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