{"id":121166,"date":"2021-09-22T12:44:41","date_gmt":"2021-09-22T10:44:41","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=121166"},"modified":"2021-10-06T16:34:13","modified_gmt":"2021-10-06T14:34:13","slug":"jonathan-coe-et-le-paradoxe-du-grand-roman-europeen","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/09\/22\/jonathan-coe-et-le-paradoxe-du-grand-roman-europeen\/","title":{"rendered":"Jonathan Coe et le paradoxe du grand roman europ\u00e9en"},"content":{"rendered":"\n

Calista, une compositrice grecque, vit \u00e0 Londres avec sa famille. \u00c0 l’occasion du d\u00e9part d’une de ses filles, elle se souvient de sa rencontre, dans sa jeunesse, avec le r\u00e9alisateur Billy Wilder et son sc\u00e9nariste, Iz Diamond. Au cours de l’\u00e9t\u00e9 1977, elle a m\u00eame assist\u00e9 en tant qu’interpr\u00e8te, sur l’\u00eele de Corfou, au tournage de Fedora<\/em>, leur avant-dernier film. Une exp\u00e9rience qui la marquera \u00e0 vie. <\/p>\n\n\n\n

Avec ce roman oscillant entre r\u00e9alit\u00e9 et fiction, Jonathan Coe exprime \u00e0 nouveau sa passion pour le cin\u00e9ma, d\u00e9j\u00e0 perceptible dans son recueil de nouvelles D\u00e9saccords imparfaits<\/em><\/span>1<\/sup><\/a><\/span> (2005). Il dresse le portrait d’une l\u00e9gende sur le d\u00e9clin, partag\u00e9e entre le sentiment d’avoir fait son temps et le d\u00e9sir de laisser une trace. Surtout, \u00e0 travers ce \u00ab biopic \u00bb r\u00eav\u00e9, il s’interroge sur les affres de la cr\u00e9ation artistique \u00e0 l’\u00e9preuve de la maturit\u00e9 et de l’indiff\u00e9rence, r\u00e9elle ou suppos\u00e9e, du public. Un roman d\u00e9licat et \u00e9l\u00e9giaque, hant\u00e9 par la trag\u00e9die de la Shoah. <\/p>\n\n\n\n

Pour une fois, le natif de Birmingham semble d\u00e9laisser son terrain de jeu favori : l’histoire politique de son pays. Pourtant, m\u00eame dans ce fantasme de cin\u00e9phile, la r\u00e9flexion sur l’identit\u00e9 britannique affleure. <\/strong>Calista, la narratrice, \u00e9crit : \u00ab […] quand j’allais \u00e0 Londres avec ma m\u00e8re, j’avais toujours ce sentiment de visiter un autre pays, mais aussi un autre continent. Un continent qui me fascinait, comme la plupart de mes compatriotes, mais dont beaucoup de coutumes nous paraissaient myst\u00e9rieuses, excentriques, et tout \u00e0 fait incompr\u00e9hensibles \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

C’est dire la place obs\u00e9dante occup\u00e9e par cette question – et celle de l’identit\u00e9 anglaise en particulier – dans l’\u0153uvre de Jonathan Coe. \u00c0 commencer par la trilogie romanesque des Enfants de Longbridge<\/em>. L’\u00e9crivain y retrace le destin d’un groupe d’amis d’adolescence, Benjamin, Doug et Philip, dans l’Angleterre contemporaine. Bienvenue au club<\/em><\/span>2<\/sup><\/a><\/span> (2001) se d\u00e9roule sous le gouvernement Thatcher, Le Cercle ferm\u00e9<\/em> <\/span>3<\/sup><\/a><\/span>(2004) sous Tony Blair, et Le C\u0153ur de l’Angleterre <\/em><\/span>4<\/sup><\/a><\/span>(2018) sous David Cameron. La trilogie s’inscrit dans la tradition britannique du \u00ab state of the nation novel \u00bb, ce roman qui dresse aussi un \u00e9tat des lieux de la nation. Luttes sociales, tensions raciales, terrorisme, poids grandissant de la communication en politique, d\u00e9sindustrialisation, divisions autour du rapport \u00e0 l’Europe et au monde… Jonathan Coe confronte ses personnages aux vicissitudes d’un pays en mutation. Non sans habilet\u00e9, il entrelace \u00e9v\u00e9nements collectifs et trajectoires individuelles. Au point qu’on a pu parler, au sujet de son \u0153uvre, de \u00ab politiques de l’intime \u00bb<\/span>5<\/sup><\/a><\/span>. <\/p>\n\n\n\n

Au-del\u00e0 des Enfants de Longbridge<\/em>, on pourrait citer Testament \u00e0 l’anglaise<\/em> <\/span>6<\/sup><\/a><\/span> (1994), le premier coup d’\u00e9clat de l’\u00e9crivain. Cette chronique d’une dynastie sans scrupule, les Winshaw, a \u00e9t\u00e9 per\u00e7ue comme une satire de l’Angleterre thatch\u00e9rienne. Ou encore Expo 58<\/em><\/span>7<\/sup><\/a><\/span> (2013), parodie de roman d’espionnage qui, sous couvert de raconter l’Exposition universelle de 1958, interroge avec malice les diff\u00e9rences culturelles entre Europ\u00e9ens. <\/p>\n\n\n\n

Exotisme fascinant<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

On imagine ces r\u00e9cits avant tout destin\u00e9s \u00e0 un public britannique. C’est pourtant sur le continent, en France et en Italie, que Jonathan Coe r\u00e9alise ses meilleures ventes. Comment expliquer ce d\u00e9calage ? Peut-\u00eatre d’abord parce que leur exotisme nous fascine. Ils se d\u00e9roulent, pour l’essentiel, dans les West Midlands, r\u00e9gion natale de l’\u00e9crivain. Un \u00ab Middle England \u00bb (titre original du C\u0153ur de l’Angleterre<\/em>) champ\u00eatre, quasi pastoral, qui a inspir\u00e9 l’univers du Seigneur des anneaux<\/em>. Quant aux personnages de Coe, gauches et excentriques, ils sont des Britanniques typiques. Ils se retrouvent au pub, \u00e9coutent la BBC et l’\u00e9mission Radio Time<\/em>, lisent le Guardian<\/em> et le Daily Telegraph<\/em>, passent leur vacances au Danemark, attendent \u00e0 Londres des bus qui n’arrivent jamais. L’auteur nous fait ainsi entrer par effraction dans le quotidien d’un pays. <\/p>\n\n\n\n

Interrog\u00e9 sur son succ\u00e8s au-del\u00e0 de ses fronti\u00e8res, l’\u00e9crivain explique : \u00ab My book gives [continental countries] a window on how British people talk and think, and what’s been going on politically<\/span>8<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. Ces r\u00e9cits nous livrent en effet des cl\u00e9s pour comprendre l’Angleterre. Comment en est-on arriv\u00e9 l\u00e0 ? Comment un pays si uni au moment des Jeux Olympiques de Londres de 2012 a-t-il pu, quatre ans plus tard, se d\u00e9chirer \u00e0 ce point au sujet du Brexit ? C’est cette question qui obs\u00e8de le romancier dans Le C\u0153ur de l’Angleterre<\/em>. Un souci de sonder la psych\u00e9 britannique auquel la presse fran\u00e7aise se montre sensible. \u00ab Vous n\u2019avez rien compris au Brexit ? Et vous demandez pourquoi les Anglais en sont arriv\u00e9s l\u00e0 ? Jonathan Coe r\u00e9pond \u00e0 ces deux questions \u2013 et \u00e0 beaucoup d\u2019autres \u2013 concernant ses tr\u00e8s \u00e9tranges compatriotes<\/span>9<\/sup><\/a><\/span> \u00bb, peut-on lire sur le site France 24<\/em>. Le romancier s’efface alors derri\u00e8re le p\u00e9dagogue susceptible d’expliquer les foucades britanniques.<\/p>\n\n\n\n

Anglais typique mais lucide, Jonathan Coe est \u00e0 la fois l’ambassadeur et le d\u00e9tracteur de son pays \u00e0 l’\u00e9tranger. On ne compte plus ses saillies sur l’hypocrisie de Boris Johnson ou la \u00ab chim\u00e8re<\/span>10<\/sup><\/a><\/span> \u00bb du Brexit. De l’humour britannique, il dit avec finesse : \u00ab The French in particular love the British sense of humour – or what they think is the British sense of humour, which is probably more what it was like back in the 1970s. It is also my sense of humour, really. However, I have a sense these days that comedy of the kind we traditionally excel in is actually part of our current problems. You have a figure like Boris Johnson, who has got where he is by being funny, self-deprecating and self-satirising<\/span>11<\/sup><\/a><\/span> […]. \u00bb Un rapport \u00e0 la fois tendre et critique \u00e0 l’\u00e9gard son propre pays que l’on retrouve dans ses livres. Les dialogues d’Expo 58<\/em>, par exemple, font la part belle aux st\u00e9r\u00e9otypes sur la perfide Albion : \u00ab modestie<\/span>12<\/sup><\/a><\/span> \u00bb, pragmatisme… James Gardner, l’architecte du Pavillon britannique, y affirme : \u00ab Ce fichu rejet britannique de tout ce qui est nouveau, moderne, tout ce qui sent les id\u00e9es plut\u00f4t que la platitude \u00e9cul\u00e9e des faits. […] Les Anglais ne croient pas au progr\u00e8s, voil\u00e0 tout. […] Le progr\u00e8s, ils lui rendent un hommage de pure forme mais, au pied du mur, ni le mot ni l’id\u00e9e ne lui inspirent confiance. Parce qu’ils menacent un syst\u00e8me qui les sert fort bien depuis des si\u00e8cles<\/span>13<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb Comme le note Serge Chauvin, l’un des traducteurs fran\u00e7ais de Jonathan Coe, \u00ab […] la d\u00e9clinaison distanci\u00e9e des arch\u00e9types et m\u00eame des clich\u00e9s de l’anglicit\u00e9 […] ne visait justement qu’\u00e0 en d\u00e9construire les codes pour mieux confronter cet id\u00e9al au r\u00e9el sociopolitique et interroger la notion m\u00eame d’identit\u00e9 anglaise<\/span>14<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Une Angleterre simplifi\u00e9e ?<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Un d\u00e9sir de d\u00e9chiffrage qui pousse parfois \u00e0 la simplification ? Si Coe raconte avec finesse les hasards de l’Histoire, les destins qui s’entrecroisent, il a tendance, lorsqu’il aborde la politique, \u00e0 grossir le trait. Dans son roman Num\u00e9ro 11<\/em><\/span>15<\/sup><\/a><\/span> (2015), par exemple, il charge sans nuance les tenants de l’aust\u00e9rit\u00e9 budg\u00e9taire. Cibles de sa vindicte : David Cameron, alors Premier Ministre, et son chancelier de l’Echiquier, Georges Osborne. Dans ce recueil d’histoires reli\u00e9es par le num\u00e9ro 11, l’\u00e9crivain \u00e9pingle aussi la voracit\u00e9 des investisseurs londoniens, accus\u00e9s, avec leurs projets immobiliers faramineux, de s’approprier la ville au d\u00e9triment du bien commun. Dans une nouvelle donn\u00e9e au Point<\/em>, Silvia, une Roumaine employ\u00e9e comme promeneuse de chiens par des familles fortun\u00e9es, exprime la m\u00eame id\u00e9e : \u00ab Parfois, \u00e0 mon corps d\u00e9fendant, j’\u00e9prouve du respect pour les gens qui comprennent bien mieux que moi comment s’enrichir et accro\u00eetre sa fortune. D’autres fois, je me dis que, tel mon compatriote qui su\u00e7ait le sang de ses victimes, c’est l’argent lui-m\u00eame qui s’est mis \u00e0 vampiriser cette ville superbe. \u00bb <\/p>\n\n\n\n

Certes, dans Le C\u0153ur de l’Angleterre<\/em>, l’auteur tente de comprendre les raisons des Brexiters. Dans une sc\u00e8ne poignante, le p\u00e8re de Benjamin reste incr\u00e9dule devant la disparition de l’usine de Longbridge, un de ses points de rep\u00e8re. Il lui faut de longues minutes pour comprendre qu’elle a \u00e9t\u00e9 remplac\u00e9e par des logements, des boutiques et un coll\u00e8ge technique. <\/p>\n\n\n\n

Les sympathies de Coe, d’ailleurs martel\u00e9es \u00e0 longueur d’interview, demeurent toutefois tr\u00e8s claires. Les dialogues sont \u00e0 cet \u00e9gard \u00e9difiants. Doug, journaliste de gauche, morig\u00e8ne le \u00ab Brexiter \u00bb Ronald, impliqu\u00e9 dans la campagne pour la sortie de l’Union \u00e0 la t\u00eate d’un think tank d’extr\u00eame droite : \u00ab Nous savons tous qu’il y a beaucoup de col\u00e8re dans le pays en ce moment. Or toi, pour arriver \u00e0 tes fins, il faut absolument que tu souffles sur les braises. Sauf qu’il y a toutes sortes de fa\u00e7ons de manifester sa col\u00e8re. Il y a ceux qui soupirent am\u00e8rement devant le Daily Telegraph<\/em> et qui votent pour sortir de l’Union – jusque-l\u00e0, tr\u00e8s bien. Mais voil\u00e0 qu’un beau matin, d’autres sortent dans la rue avec un gilet pare-balles bourr\u00e9 de couteaux et poignardent leur d\u00e9put\u00e9e, et l\u00e0, \u00e7a ne va plus, tu vois ?<\/span>16<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. \u00c0 la fin du m\u00eame roman, un groupe d’amis europ\u00e9ens se retrouve dans un mas, en Provence. Benjamin, le personnage le plus autobiographique de la trilogie, improvise alors un discours : \u00ab C’est l’histoire de six Anglais, deux Lituaniens, un Fran\u00e7ais et un Italien qui viennent de d\u00eener ensemble par un beau soir de septembre. […] Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de plus inspirant, quelle m\u00e9taphore plus… puissante… de l’esprit de coop\u00e9ration… de coop\u00e9ration internationale qui pr\u00e9vaut, qui a pr\u00e9valu… et devrait pr\u00e9valoir si cette nation… ne venait pas de faire ce choix regrettable quoique explicable, enfin, explicable \u00e0 certains \u00e9gards…<\/span>17<\/sup><\/a><\/span> \u00bb Puis il s’\u00e9crie \u00ab Merde au Brexit ! \u00bb avant de se rasseoir sous les applaudissements. <\/p>\n\n\n\n

Aux passions tristes des \u00ab Brexiters \u00bb, le r\u00e9cit oppose une solidarit\u00e9 id\u00e9ale entre fr\u00e8res europ\u00e9ens, doubl\u00e9e d’un plaidoyer pour la concorde et la mod\u00e9ration. Sans surprise, s’il a dans l’ensemble \u00e9t\u00e9 salu\u00e9 par la presse, Le C\u0153ur de l’Angleterre<\/em> a suscit\u00e9 des r\u00e9actions passionn\u00e9es, \u00e0 l’image de cet article du Daily Mail<\/em> intitul\u00e9 : \u00ab Coe set out to a pen a station of the nation novel… and ended up writing a Guardian <\/em>editorial<\/span>18<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Europe r\u00eav\u00e9e <\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Jonathan Coe \u00e9voque un pays qui n’aurait pas totalement rompu avec ses voisins du continent. Un motif d’espoir pour nos compatriotes, stup\u00e9faits par l’issue du r\u00e9f\u00e9rendum de 2016 ? Le pendant de cette Angleterre accessible \u00e0 un lecteur europ\u00e9en, c’est une Europe tr\u00e8s britannique dans l’esprit. Elle s’apparente \u00e0 un d\u00e9cor de vacances, voire de carte postale. Pour preuve, la Provence idyllique du C\u0153ur de l’Angleterre<\/em>, o\u00f9 le c\u00e9nacle partage salade ni\u00e7oise, ratatouille et tarte trop\u00e9zienne (en fran\u00e7ais dans le texte). On pense aussi aux \u00eeles grecques de Billy Wilder et moi<\/em>. Quand il n’est pas le cadre d’un d\u00eener ou d’un tournage de film, le continent sert de lieu de retraite : dans Le Cercle ferm\u00e9<\/em>, Benjamin se retire quelque temps dans une abbaye normande. Beaut\u00e9 des paysages, raffinement de la nourriture, qui\u00e9tude spirituelle… Une vision \u00e0 la fois flatteuse et un rien r\u00e9ductrice. <\/p>\n\n\n\n

Aux passions tristes des \u00ab Brexiters \u00bb, le r\u00e9cit oppose une solidarit\u00e9 id\u00e9ale entre fr\u00e8res europ\u00e9ens, doubl\u00e9e d’un plaidoyer pour la concorde et la mod\u00e9ration. <\/p>Samuel dufay<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

\u00c0 l’image de Benjamin, les personnages de Coe sont, pour beaucoup, des Europ\u00e9ens dans l’\u00e2me. Dans Le C\u0153ur de l’Angleterre<\/em>, l’universitaire Sophie, la ni\u00e8ce de Benjamin, se joue des fronti\u00e8res : elle se rend \u00e0 un colloque sur Alexandre Dumas \u00e0 Marseille, embarque sur une croisi\u00e8re en mer du Nord… Son identit\u00e9 est davantage europ\u00e9enne que britannique, comme le sugg\u00e8re le d\u00e9paysement qu’elle \u00e9prouve \u00e0 Hartlepool (nord-est de l’Angleterre), \u00e0 une centaine de kilom\u00e8tres seulement de sa ville natale : \u00ab Au cours des dix derni\u00e8res ann\u00e9es, malgr\u00e9 le temps pass\u00e9 dans les Midlands, elle avait gard\u00e9 le c\u0153ur \u00e0 Londres. \u00c0 pr\u00e9sent elle \u00e9tait londonienne de fait, et depuis Londres, elle pouvait non seulement se rendre \u00e0 Paris ou \u00e0 Bruxelles plus vite qu’ici, mais surtout, elle se sentirait sans doute bien plus chez elle boulevard Saint-Michel ou sur la Grand-Place qu’ici, sur un banc, \u00e0 regarder par-del\u00e0 les eaux anthracite de la mer du Nord les grues, les p\u00e9troliers et les \u00e9oliennes qui se dressaient \u00e0 l’horizon<\/span>19<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb Perte de rep\u00e8res provoqu\u00e9e par la d\u00e9sindustrialisation et la mondialisation, d\u00e9saffiliation d’une partie de la population vis-\u00e0-vis de son propre pays… Jonathan Coe a le m\u00e9rite d’aborder de front les grandes questions politiques du moment, m\u00eame si certains y voient un manich\u00e9isme. <\/p>\n\n\n\n

Son succ\u00e8s au-del\u00e0 de ses fronti\u00e8res confirme en tout cas l’existence d’une culture europ\u00e9enne. Trop \u00e9motionnellement impliqu\u00e9 dans le d\u00e9bat sur le Brexit, le romancier n’en est peut-\u00eatre pas l’analyste d\u00e9finitif. Mais ses fictions d\u00e9passent la simple reproduction du r\u00e9el pour instaurer un espace fantasm\u00e9 : celui, transnational, du r\u00e9cit et du r\u00eave. L’\u00e9loignement insulaire favorisant l’id\u00e9alisation, c’est un auteur britannique qui a \u00e9crit le roman europ\u00e9en d’aujourd’hui. On comprend l’enthousiasme des lecteurs pour ce continent r\u00e9invent\u00e9. Il y a quelque chose de revigorant \u00e0 suivre les destin\u00e9es des personnages de Coe, qui \u00e9tudient, \u00e9crivent, s’aiment et se s\u00e9parent entre deux rives. \u00c0 l’heure de la pand\u00e9mie et des restrictions sanitaires sur les voyages, on ne saurait trop l’en remercier.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Billy Wilder et moi, le dernier roman de Jonathan Coe, pose une fois de plus la question de l’identit\u00e9 britannique – mais pas seulement. L’occasion de revenir sur l’\u0153uvre d’un romancier qui a transform\u00e9 le \u00ab state of the nation novel \u00bb britannique en un roman europ\u00e9en au succ\u00e8s continental.<\/p>\n","protected":false},"author":1782,"featured_media":121228,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-reviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1728],"tags":[],"geo":[1917],"person":[],"acf":[],"yoast_head":"\nJonathan Coe et le paradoxe du grand roman europ\u00e9en | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/09\/22\/jonathan-coe-et-le-paradoxe-du-grand-roman-europeen\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Jonathan Coe et le paradoxe du grand roman europ\u00e9en | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Billy Wilder et moi, le dernier roman de Jonathan Coe, pose une fois de plus la question de l'identit\u00e9 britannique - mais pas seulement. 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