{"id":11947,"date":"2018-11-24T15:56:31","date_gmt":"2018-11-24T14:56:31","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/?p=11947"},"modified":"2019-06-15T16:49:13","modified_gmt":"2019-06-15T14:49:13","slug":"quand-salvini-reve-de-refaire-leurope","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/11\/24\/quand-salvini-reve-de-refaire-leurope\/","title":{"rendered":"Quand Salvini r\u00eave de refaire l’Europe"},"content":{"rendered":"\n

Afin de l’emporter en mai 2019, les forces nationalistes des diff\u00e9rents pays de l’Union europ\u00e9enne apparaissent d\u00e9sormais d\u00e9sireuses de se rapprocher \u00e0 l’\u00e9chelle continentale. Cette volont\u00e9 d’unification a notamment \u00e9t\u00e9 exprim\u00e9e de fa\u00e7on particuli\u00e8rement \u00e9nergique et explicite par l’actuel vice-pr\u00e9sident du Conseil et ministre de l’Int\u00e9rieur italien Matteo Salvini lors d’un discours \u00e0 Pontida le 1er<\/sup> juillet dernier qu’a analys\u00e9 pour notre rubrique \u00ab Archives et Discours \u00bb Lynda Dematteo, sp\u00e9cialiste de la Ligue du Nord.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Lynda Dematteo est anthropologue au CNRS et enseigne \u00e0 l\u2019EHESS. Au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000, elle a suivi pendant un an et demi les militants de la Ligue du Nord, des mairies des vall\u00e9es de Bergame jusqu\u2019au si\u00e8ge de la rue Bellerio en p\u00e9riph\u00e9rie de Milan. Elle a rendu compte de ses observations ethnographiques dans <\/em>L\u2019idiotie en politique<\/a> paru en 2007 aux \u00e9ditions du CNRS et en 2011 aux \u00e9ditions Feltrinelli.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Depuis les \u00e9lections g\u00e9n\u00e9rales du 4 mars 2018, la Ligue, qui a obtenu 17 % des suffrages lors de ce scrutin, n\u2019a cess\u00e9 de monter dans les sondages. Elle s\u2019est stabilis\u00e9e autour de 30 % d\u2019opinions positives. En mai, elle a \u00e9galement obtenu des scores tr\u00e8s favorables lors des \u00e9lections r\u00e9gionales dans la Vall\u00e9e d\u2019Aoste, dans la r\u00e9gion du Frioul-V\u00e9n\u00e9tie Julienne et fin octobre dans le Haut Adige. C\u2019est le signe que le nationalisme de son leader Matteo Salvini, devenu entre-temps vice-pr\u00e9sident du Conseil et ministre de l\u2019Int\u00e9rieur, rencontre un consensus auparavant inimaginable. A titre de comparaison, sous l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re direction de Roberto Maroni, la Ligue n\u2019avait remport\u00e9 que 4 % des suffrages en 2013.<\/p>\n\n\n\n

Le 1er<\/sup> juillet 2018, depuis le champ de Pontida, l\u2019homme fort du gouvernement de coalition s\u2019est adress\u00e9 directement aux dirigeants de l\u2019Union europ\u00e9enne, \u00e0 commencer par le couple franco-allemand :<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Il n\u2019y a plus d\u2019opposition en Italie, maintenant nos ennemis sont en Europe \u00bb. <\/em><\/p><\/blockquote>\n\n\n\n

Il a livr\u00e9 aux personnes pr\u00e9sentes un discours tr\u00e8s habile qui pr\u00e9sente de fortes continuit\u00e9s avec la rh\u00e9torique de la Ligue du Nord tout en signifiant clairement la mutation politique de ce parti. Depuis qu\u2019il a pris la direction de la Ligue en 2013, Matteo Salvini a red\u00e9finit sa plateforme id\u00e9ologique en s\u2019inspirant du Front National de Marine Le Pen. La Ligue est devenu nationale, abandonnant toutes les r\u00e9f\u00e9rences \u00e0 l\u2019identit\u00e9 du Nord, et pour la premi\u00e8re fois, elle a pr\u00e9sent\u00e9 des candidats dans toutes les r\u00e9gions de la p\u00e9ninsule italienne, n\u2019h\u00e9sitant pas \u00e0 recruter des n\u00e9o-fascistes.<\/p>\n\n\n\n

Pour les anciens chefs de la Lega Nord<\/em>, il s\u2019agit bel et bien d\u2019une rupture. Umberto Bossi, fondateur et ancien dirigeant de la Ligue du Nord, ne s\u2019est pas d\u00e9plac\u00e9. Il n\u2019a pas accept\u00e9 le virage nationaliste de son successeur et l\u2019alliance avec le Mouvement Cinq \u00c9toiles qu\u2019il assimile \u00e0 l\u2019ancienne D\u00e9mocratie Chr\u00e9tienne. Sa mise en garde fut pour le moins brutale : \u00ab Si l\u2019autonomie du Nord n\u2019est pas respect\u00e9e, Salvini finira pendu par les pieds comme Mussolini \u00bb. Quant \u00e0 Roberto Maroni, pr\u00e9d\u00e9cesseur de Salvini et ancien pr\u00e9sident de la Lombardie, il a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 se retirer de la vie politique. Cela ne l\u2019a pas emp\u00each\u00e9 par la suite de pr\u00e9tendre s\u2019\u00eatre m\u00eal\u00e9 aux militants r\u00e9unis ce jour-l\u00e0.<\/p>\n\n\n\n

Pontida, lieu fondateur de la Ligue <\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Depuis 1990, la Ligue organise au d\u00e9but de l\u2019\u00e9t\u00e9 un meeting o\u00f9 le leader \u00e9nonce les grandes orientations politiques de son parti lors d\u2019un discours fleuve. C\u2019est dans un champ pr\u00e8s de l\u2019abbaye de Pontida, non loin de Bergame, que les militants et leurs dirigeants se r\u00e9unissent annuellement. Ils s\u2019y rendent en masse pour renouveler une exp\u00e9rience fondatrice et se sentir confort\u00e9s dans leur foi partisane. <\/p>\n\n\n\n

En 1990, Umberto Bossi r\u00e9unit dans ce village ses plus fid\u00e8les compagnons pour leur faire jurer de \u00ab d\u00e9faire l\u2019Italie ou mourir ! \u00bb <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette performance politique a totalement renvers\u00e9 le sens du symbole pr\u00e9existant puisqu\u2019il ne s\u2019agissait plus de faire advenir la nation italienne mais de lib\u00e9rer la Lombardie du joug de Rome, pour recouvrir la libert\u00e9 en payant moins d\u2019imp\u00f4ts. Les Lombards de la Ligue affichaient leur proximit\u00e9 culturelle avec les pays germanophones contre un Sud gangr\u00e9n\u00e9 par la mafia. Ils se disaient pro-europ\u00e9ens. La rupture avec l\u2019Union europ\u00e9enne n\u2019est intervenue que plus tard apr\u00e8s le passage \u00e0 la monnaie unique et le discours anti-europ\u00e9en est devenu central \u00e0 la suite de la crise financi\u00e8re de 2008 et du plan d\u2019aust\u00e9rit\u00e9 du gouvernement Monti.<\/p>\n\n\n\n

Les grands meetings de Pontida ponctuent l\u2019histoire de la Ligue. Au fil des ans, ils ont pris de l\u2019importance m\u00eame s\u2019ils ont connu une brutale chute de fr\u00e9quentation en 2012 \u00e0 la suite de r\u00e9v\u00e9lations sur des d\u00e9tournements des fonds publics destin\u00e9s aux campagnes \u00e9lectorales. Le slogan \u00ab P<\/strong>adroni a casa nostra \u00bb peint en lettres g\u00e9antes sur le mur qui borde le champ avait alors \u00e9t\u00e9 transform\u00e9 pendant la nuit en \u00ab L<\/strong>adroni a casa nostra \u00bb <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En juillet 2018, le tribunal de G\u00eanes a confirm\u00e9 que la Ligue avait d\u00e9tourn\u00e9 plus de 48 millions d\u2019euros entre 2008 et 2010<\/a>. Le Tr\u00e9sor italien est encore loin d\u2019avoir recouvr\u00e9 la totalit\u00e9 de cette somme. Mi-septembre, la presse<\/a>italienne<\/a>, \u00e0 commencer par L\u2019Espresso<\/em> qui a consacr\u00e9 de nombreux articles aux malversations financi\u00e8res de la Ligue, rapportait que les magistrats g\u00e9nois s\u2019\u00e9taient notamment rendus au Luxembourg pour en retrouver la trace. <\/p>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 la poursuite des investigations, jamais le village de Pontida n\u2019avait accueilli autant de militants que le 1er<\/sup> juillet 2018. Cette vingt-huiti\u00e8me \u00e9dition depuis la fondation de la Ligue fut la plus grande kermesse qu\u2019elle ait jamais organis\u00e9e. Sous le soleil de Lombardie, Salvini est entr\u00e9 en sc\u00e8ne v\u00eatu d\u2019une chemise blanche et aur\u00e9ol\u00e9 du succ\u00e8s politique de l\u2019op\u00e9ration Aquarius<\/em> qui lui a permis quelques jours plus t\u00f4t de critiquer sur la sc\u00e8ne europ\u00e9enne la politique d\u2019accueil \u201chypocrite\u201d d\u2019Emmanuel Macron. Le Capitano<\/em> a restitu\u00e9 sa fiert\u00e9 au peuple de la Ligue et les militants sont venus en nombre pour l\u2019applaudir ou faire un selfie avec lui. Ils \u00e9taient 50 000 selon les agences de presse et 75 000 selon les organisateurs. <\/p>\n\n\n\n

Plus surprenant encore, ils sont venus de toute l\u2019Italie pour acclamer le nouveau leader de la Ligue. Auparavant, environ 120 bus partaient des diff\u00e9rentes r\u00e9gions d\u2019Italie du Nord pour rejoindre le champ de Pontida. Cette ann\u00e9e, ils \u00e9taient 200 avec des renforts venus de Sardaigne, de Campanie, du Molise, des Pouilles, de la Calabre et de Sicile <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Dans son discours, Matteo Salvini a d\u2019ailleurs pris soin de souligner la pr\u00e9sence des banderoles des r\u00e9gions du Sud de l\u2019Italie, mais \u00e9galement celle des drapeaux russe, catalan et isra\u00e9lien. La disposition des drapeaux est toujours tr\u00e8s bien orchestr\u00e9e dans les meetings de la Ligue et elle r\u00e9v\u00e8le les enjeux politiques du moment. <\/p>\n\n\n\n

De Pontida \u00e0 Bruxelles, la \u00ab Ligue des ligues \u00bb de Matteo Salvini <\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Le discours de Salvini se comprend mieux si l\u2019on tient compte du fait qu\u2019il ne s\u2019adresse pas seulement \u00e0 ses partisans, mais \u00e9galement aux dirigeants fran\u00e7ais et allemands, ainsi qu\u2019aux intellectuels qui, depuis Paris et New York, s\u2019en prennent \u00e0 la Ligue : \u00ab On doit bien entendre aussi \u00e0 Paris : Matteo ! Matteo ! \u00bb Et le parterre reprend en coeur \u00ab Matteo ! Matteo ! \u00bb. Si la mobilisation des militants du Sud prouve qu\u2019aujourd\u2019hui la Ligue est devenue nationale, Salvini veut d\u00e9sormais \u00e9tendre son projet politique \u00e0 l\u2019Europe enti\u00e8re. Convaincu que l\u2019avenir appartient aux peuples contre l\u2019establishment et la globalisation, il d\u00e9clare en effet vouloir franchir une \u00e9tape suppl\u00e9mentaire en faisant de son parti la matrice d\u2019une coalition de Ligues sur le continent : <\/p>\n\n\n\n

\u00ab Ce n\u2019est pas la Ligue qui a chang\u00e9, c\u2019est le monde qui a chang\u00e9. Tout seul nous n\u2019allions nulle part. Pour vaincre, il fallait unir l\u2019Italie, comme il faudra unir l\u2019Europe. Et moi je pense \u00e0 une Ligue des ligues d\u2019Europe qui regroupe tous les mouvements libres et souverains qui souhaitent d\u00e9fendre leurs peuples et leurs fronti\u00e8res \u00bb.<\/em><\/p><\/blockquote>\n\n\n\n

Les membres de son parti y travaillent depuis au moins cinq ans. Dans le sillage de la crise grecque, ils ont r\u00e9uni le 19 d\u00e9cembre 2014 dans le palais de la province de la Lombardie \u00e0 Milan<\/a> divers repr\u00e9sentants des forces national-populistes et des groupes n\u00e9o-fascistes europ\u00e9ens : le leader de Forza Nuova<\/em>, Roberto Fiore, le d\u00e9put\u00e9 europ\u00e9en, Udo Voigt du Nationaldemokratische Partei Deutschlands, les grecs d\u2019Alba Dorata, les Anglais du British National Party et les Espagnols de Democracia Nacional. Face aux protestations du maire de Milan, Matteo Salvini s\u2019est dissoci\u00e9, mais la rencontre a \u00e9t\u00e9 maintenue. <\/p>\n\n\n\n

S\u2019il cultive indiscutablement le dialogue avec les n\u00e9o-fascistes europ\u00e9ens, Matteo Salvini pr\u00e9f\u00e8re afficher sa proximit\u00e9 avec Marine Le Pen : le 28 janvier 2016, il a r\u00e9uni dans le palais des congr\u00e8s de Milan<\/a> les repr\u00e9sentants des partis qui forment aujourd\u2019hui le groupe parlementaire L\u2019Europe des Nations et des Libert\u00e9s<\/em>. A Pontida, Matteo Salvini a de nouveau d\u00e9clar\u00e9 que la Ligue est la derni\u00e8re chance de survie de la civilisation chr\u00e9tienne en Europe. Il ne s\u2019en prend pas uniquement aux antifascistes locaux mais surtout \u00e0 l\u2019Europe des multinationales qu\u2019il accuse de construire un avenir de pr\u00e9carit\u00e9 et d\u2019incertitude. Il affirme, tr\u00e8s s\u00fbr de lui, que la bataille des europ\u00e9ennes qui s\u2019engage opposera l\u2019Europe de la finance et de l\u2019immigration \u00e0 celle des peuples et de l\u2019emploi. D\u2019ici l\u00e0, son objectif est de tenir la gauche europ\u00e9enne \u00e0 l\u2019\u00e9cart du pouvoir pendant au moins trente ans en s\u2019unissant aux autres n\u00e9o-nationalistes europ\u00e9ens. L\u2019Europe (celle des multinationales) est \u00e9galement assimil\u00e9e au communisme : \u00ab Nous ferons tomber le mur de Bruxelles ! \u00bb, clame Salvini. L\u2019agitation de la menace communiste rapproche sa rh\u00e9torique de de celle de Silvio Berlusconi ou de Viktor Orb\u00e1n<\/a>. <\/p>\n\n\n\n

Comme le rappelle le slogan derri\u00e8re lui, il pr\u00f4ne \u201cle bon sens au gouvernement\u201d en pr\u00e9conisant plusieurs mesures : l\u2019abrogation de la loi Fornero sur le recul de l\u2019\u00e2ge de la retraite, la baisse des imp\u00f4ts pour relancer l\u2019activit\u00e9 et l\u2019abolition des \u00e9tudes sectorielles. Avec l\u2019\u00e9vasion fiscale, les rapports entre les entrepreneurs italiens et le fisc se sont tellement d\u00e9grad\u00e9s qu\u2019ils sont impos\u00e9s, non sur la base de ce qu\u2019ils d\u00e9clarent, mais sur la base de ce qu\u2019ils sont cens\u00e9s gagner selon les estimations de l\u2019administration. L\u2019\u00e9lectorat traditionnel de la Ligue compos\u00e9 essentiellement de commer\u00e7ants et de petits artisans r\u00e9clame depuis des ann\u00e9es l\u2019abolition de ce syst\u00e8me vexatoire. Les mesures annonc\u00e9es par Matteo Salvini sont un d\u00e9ni des cons\u00e9quences de la mauvaise gestion de l\u2019\u00e8re berlusconienne que les dirigeants de droite refusent d\u2019endosser en rendant Bruxelles responsable des mesures d\u2019aust\u00e9rit\u00e9 impos\u00e9es aux Italiens. Le leader de la Ligue pr\u00e9tend qu\u2019il maintiendra ce qu\u2019il a promis dans l\u2019int\u00e9r\u00eat du peuple, m\u00eame s\u2019il lui faut pour cela ignorer le contenu des trait\u00e9s europ\u00e9ens. <\/p>\n\n\n\n

Il souhaite \u00e9galement mettre un terme au \u00ab business de l\u2019accueil \u00bb que le Parti D\u00e9mocrate aurait selon lui favoris\u00e9. Lorsqu\u2019il \u00e9voque \u00ab les barques charg\u00e9es d\u2019esclaves qui s\u2019\u00e9loignent des c\u00f4tes italiennes \u00bb, il reprend \u00e0 son compte la description que le pape propose de l\u2019afflux de migrants africains tout en se d\u00e9barrassant de l’injonction d\u2019hospitalit\u00e9. Les applaudissements redoublent. Selon le cat\u00e9chisme de Matteo Salvini, les limites de l\u2019Italie ont \u00e9t\u00e9 atteintes. Alors que les jeunes Italiens ont repris les anciennes routes de l\u2019\u00e9migration, ses politiciens doivent conjurer le spectre de la pauvret\u00e9 en rejetant les demandeurs d\u2019asile <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Plut\u00f4t que de reconna\u00eetre l\u2019existence du devoir d\u2019accueil, le leader de la Ligue se dit pr\u00eat \u00e0 investir en Afrique les fonds qui lui font d\u00e9faut pour remettre son pays \u00e0 flots tout en agitant un rosaire que lui aurait offert une femme nig\u00e9rienne tromp\u00e9e par des passeurs. Le 24 f\u00e9vrier 2018, lors de son dernier meeting de campagne \u00e0 Milan, il avait pareillement agit\u00e9 de mani\u00e8re th\u00e9\u00e2trale un rosaire donn\u00e9 par une femme \u00e2g\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n

Pr\u00e9occup\u00e9 par le trafic d\u2019\u00eatres humains en M\u00e9diterran\u00e9e, Matteo Salvini r\u00e9affirme sa volont\u00e9 de lutter contre le crime organis\u00e9. Pourtant, son \u00e9lection \u00e0 un si\u00e8ge s\u00e9natorial dans le sud de la Calabre pose un certain nombre de questions lorsque l\u2019on conna\u00eet l\u2019emprise locale de la \u2018Ndrangheta dans cette r\u00e9gion. Tandis que Roberto Saviano, l\u2019auteur de Gomorra<\/em>, est devenu l\u2019un des premiers opposants de Salvini et accuse le vice-pr\u00e9sident du Conseil de servir la mafia, The Guardian<\/em> a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 que Giuseppe Scopelliti, un politicien local tr\u00e8s populaire qui l\u2019avait soutenu pendant la campagne, avait des liens av\u00e9r\u00e9s avec la mafia calabraise<\/a>. <\/p>\n\n\n\n

Pontida, un champ d\u2019amour et de haine<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Le nouveau leader entra\u00eene ses auditeurs dans un tourbillon de sentimentalit\u00e9 populiste. Il commence par saluer les compagnons disparus, notamment Gianluca Buonanno, un \u00e9lu pi\u00e9montais, d\u00e9c\u00e9d\u00e9 en 2016 dans un accident de la route qui s\u2019\u00e9tait distingu\u00e9 en interdisant, par d\u00e9cret municipal, les baisers homosexuels dans la Valsesia. Accompagn\u00e9 par la m\u00e8re \u00e9plor\u00e9e du d\u00e9funt, Matteo Salvini va embrasser un arbre, rebaptis\u00e9 en l\u2019hommage du d\u00e9funt \u00ab arbre de la vie \u00bb. Ces gestes \u00e0 caract\u00e8re religieux \u00e9voquent les premiers rituels pseudo-celtes de la Ligue des origines <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

\n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
\u00ab L’amour l’emporte toujours sur l’envie et sur la haine \u00bb proclame cette affiche des \u00e9lections r\u00e9gionales de 2010. Comme Salvini aujourd’hui, Silvio Berlusconi a fait de son \u00ab amour \u00bb pour les Italiens l’un de ses principaux arguments politiques.<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Visiblement \u00e9mu, Salvini introduit son discours par les mots du po\u00e8te Davide Rondoni, membre de Comunione e Liberazione <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span> : \u00ab Aimer est l\u2019occupation de qui n\u2019a pas peur \u00bb. Les deux hommes ont sympathis\u00e9 et l\u2019image de leur accolade a circul\u00e9 dans les m\u00e9dias italiens comme une totale incongruit\u00e9. Si Salvini reprend les mots de son nouvel ami, c\u2019est d\u2019abord pour s\u2019adresser aux antifascistes. Le 22 avril 2017, les antifas de Bergame avaient en effet organis\u00e9 \u00e0 Pontida un rassemblement national c\u00e9l\u00e9brant \u201cla fiert\u00e9 antiraciste, migrante et m\u00e9ridionale\u201d. Ils ont r\u00e9it\u00e9r\u00e9 leur occupation du champ de Pontida le 16 juin 2018. Matteo Salvini avait alors post\u00e9 sur Facebook la photo de l\u2019un des organisateurs en lui attribuant ces paroles \u00ab JE HAIS LA LIGUE, ouvrons les ports et renvoyons Salvini \u00bb <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span> avant d\u2019ajouter \u00ab Non, nous ne d\u00e9testons personne et nous leur envoyons aussi un baiser. P.s. Pour la vraie Pontida, celles des sourires, de l\u2019esp\u00e9rance et du futur, le rendez-vous c\u2019est dans deux semaines, le 1er juillet, et je vous attends avec une foule de gens \u00bb. Ainsi, il reprend \u00e0 son compte le discours de l\u2019amour de Forza Italia, et il s\u2019engage, comme Berlusconi avant lui, \u00e0 signer un pacte d\u2019honneur et d\u2019amour avec les Italiens.<\/p>\n\n\n\n

En ce 1er<\/sup> juillet 2018, les propos explicitement x\u00e9nophobes sont bannis. Pourtant, durant mon enqu\u00eate de terrain au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000, j\u2019ai entendu des bord\u00e9es d\u2019insultes racistes sur ce champ. Toujours \u00e0 Pontida, Matteo Salvini a \u00e9t\u00e9 film\u00e9 le 13 juin 2009 alors qu\u2019il entonnait, un verre de bi\u00e8re \u00e0 la main, un chant de supporters milanais<\/a> raciste et anti-napolitain. D\u00e9sormais, la Ligue doit se montrer sous son meilleur jour et Salvini insiste \u00e0 plusieurs reprises sur le fait que ce rassemblement repr\u00e9sente une \u00ab Italie souriante \u00bb <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Pour cro\u00eetre, la Ligue doit s\u2019ouvrir et accueillir les nouveaux venus. S\u2019il souhaite rester secr\u00e9taire de la Ligue alors qu\u2019il est au gouvernement, il appelle ses subordonn\u00e9s \u00e0 ne pas avoir peur d\u2019ouvrir la porte \u00e0 de plus talentueux qu\u2019eux-m\u00eames. Les militants doivent apprendre \u00e0 ch\u00e9rir les diff\u00e9rences comme ils appr\u00e9cient la diversit\u00e9 des dialectes, et d\u00e9montrer qu\u2019ils ne sont pas racistes. Il oppose l\u2019Italie de l\u2019amour – la sienne – \u00e0 celle des frustr\u00e9s et des gens haineux qui ont des maux d\u2019estomac depuis que la Ligue a remont\u00e9 la pente.<\/p>\n\n\n\n

Ce retournement des discours que les antifascistes tiennent g\u00e9n\u00e9ralement sur l\u2019extr\u00eame-droite inaugure toute une s\u00e9rie d\u2019inversions discursives. Le proc\u00e9d\u00e9 rh\u00e9torique est classique dans l\u2019extr\u00eame-droite : il a pour effet de d\u00e9l\u00e9gitimer l\u2019adversaire tout en s\u2019auto-l\u00e9gitimant. Dans la m\u00eame veine, Matteo Salvini met en garde les t\u00e9nors de la t\u00e9l\u00e9vision italienne : Gad Lerner et Michele Santoro qui ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 menac\u00e9s par Silvio Berlusconi, mais aussi Eugenio Scalfari et Fabio Fazio, en leur souhaitant une longue carri\u00e8re professionnelle, avant de pr\u00e9ciser qu\u2019ils portent malheur parce que ce sont des personnages envieux, pleins de col\u00e8re et de rancoeur, parce qu\u2019ils se sentent d\u00e9sormais impuissants face \u00e0 la Ligue.<\/p>\n\n\n\n

Pour finir, Matteo Salvini tente de r\u00e9aliser une synth\u00e8se in\u00e9dite et iconoclaste des divers discours de la droite italienne. Il cite l\u2019influent penseur Gianfranco Miglio<\/a>, professeur de l\u2019universit\u00e9 catholique de Milan d\u00e9c\u00e9d\u00e9 en 2001, alors m\u00eame que ce partisan de l\u2019ethno-f\u00e9d\u00e9ralisme aurait eu bien du mal \u00e0 se reconna\u00eetre dans le \u201csouverainisme<\/a>\u201d affich\u00e9 de Salvini. Dans le m\u00eame temps, il tente de s\u2019approprier les th\u00e9matiques classiques du n\u00e9o-fascisme en assimilant la d\u00e9fense des fronti\u00e8res italiennes au combat des soldats de la Premi\u00e8re Guerre mondiale. Cette \u00ab guerre de tranch\u00e9e \u00bb contre les r\u00e9fugi\u00e9s est pour lui \u00ab h\u00e9ro\u00efque \u00bb. Il envoie \u00e9galement des signaux aux catholiques int\u00e9gristes en exaltant la maternit\u00e9 tout en refusant de consid\u00e9rer \u00ab les familles arc-en-ciel \u00bb qui sont pourtant d\u00e9j\u00e0 reconnues de fait par la magistrature italienne <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il annonce \u00e9galement vouloir revenir sur les droits civils acquis dans les ann\u00e9es 1970 : notamment les remises de peine, s\u00e9rieusement entam\u00e9es par le nouveau d\u00e9cret s\u00e9curit\u00e9, et la loi Basaglia qu\u2019il r\u00e9cuse sous pr\u00e9texte qu\u2019elle laisserait les familles italiennes g\u00e9rer seules la folie des leurs alors qu\u2019elle avait mis un terme aux traitements psychiatriques inhumains en usage jusqu\u2019en 1978. Ce t\u00e9lescopage de r\u00e9f\u00e9rences permet \u00e0 Matteo Salvini de se poser en rassembleur. La Ligue ne s\u2019est jamais d\u00e9finie comme un parti, elle se d\u00e9finissait auparavant comme un mouvement, dor\u00e9navant elle sera une communaut\u00e9, une famille, dont Matteo Salvini sera le p\u00e8re attentif. Cette fa\u00e7on d\u2019infantiliser les Italiens a l\u00e0 encore des ant\u00e9c\u00e9dents fascistes.<\/p>\n\n\n\n

D\u00e9tourner les grandes figures de la R\u00e9sistance europ\u00e9enne<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Fort de son succ\u00e8s, Matteo Salvini entend changer le monde et lorsqu\u2019il \u00e9voque ses nouvelles ambitions internationales, il cite Walt Disney : \u00ab Si tu peux le r\u00eaver, tu peux le faire \u00bb <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le m\u00e9lange des genres et des r\u00e9f\u00e9rences est caract\u00e9ristique du style des leaders de la Ligue. Cela leur permet de d\u00e9samorcer l\u2019aspect mena\u00e7ant de leurs assertions les plus violentes.<\/p>\n\n\n\n

Matteo Salvini n\u2019h\u00e9site ainsi pas \u00e0 infl\u00e9chir le discours de deux grandes figures de l\u2019anti-fascisme europ\u00e9en, la philosophe Simone Weil et l\u2019entrepreneur Adriano Olivetti. Il n\u2019est pas \u00e0 son premier coup d\u2019essai. Le 24 f\u00e9vrier 2018, il citait lors de son discours de fin de campagne l\u2019intellectuel Pier Paolo Pasolini et Sandro Pertini, un ancien r\u00e9sistant \u00e9lu Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique italienne en 1980. Il a pris l\u2019habitude de citer des figures tr\u00e8s populaires au sein de la la gauche pour mieux d\u00e9voyer le sens de leurs \u00e9crits et de leurs actions. Soulignons \u00e9galement qu\u2019\u00e0 Pontida, il choisit de citer deux personnalit\u00e9s juives, tout comme il a soigneusement signal\u00e9 la pr\u00e9sence d\u2019un drapeau isra\u00e9lien parmi les nombreuses banni\u00e8res v\u00e9nitiennes que les militants agitaient sous sa tribune.<\/p>\n\n\n\n

Farouchement hostile \u00e0 l\u2019Islam, le leader de la Ligue a r\u00e9cemment adopt\u00e9 des positions pro-isra\u00e9liennes comme le Parti de la Libert\u00e9 aux Pays-Bas ou le nouveau FP\u00d6 autrichien, et depuis sa visite \u00e0 J\u00e9rusalem en 2016, il se d\u00e9finit m\u00eame comme un \u00ab Fr\u00e8re d\u2019Isra\u00ebl \u00bb. Les n\u00e9o-nationalistes europ\u00e9ens alimentent sciemment l\u2019hostilit\u00e9 entre les diverses communaut\u00e9s religieuses qui composent la soci\u00e9t\u00e9. C\u2019est aussi une fa\u00e7on d\u2019alimenter le ressentiment des antifas italiens, g\u00e9n\u00e9ralement pro-palestiniens, contre la communaut\u00e9 juive de leur pays, mais les Juifs italiens ne sont pas dupes de la manoeuvre <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Dans cette strat\u00e9gie, la philosophe Simone Weil joue un r\u00f4le cl\u00e9. Parce que cette jeune intellectuelle issue d\u2019une famille juive agnostique a soulign\u00e9 dans ses \u00e9crits le besoin d\u2019enracinement de l\u2019\u00eatre humain, elle suscite aujourd\u2019hui l\u2019int\u00e9r\u00eat de l\u2019extr\u00eame-droite europ\u00e9enne qui d\u00e9nonce la globalisation et pourfend le cosmopolitisme. Cependant, les sp\u00e9cialistes de ses \u00e9crits se sont \u00e9lev\u00e9s contre les usages inappropri\u00e9s qui sont faits de son \u201cpr\u00e9lude \u00e0 une d\u00e9claration des devoirs envers l’\u00eatre humain\u201d publi\u00e9 par Camus en 1949<\/a>. Pour cette militante et mystique de gauche, l\u2019enracinement \u00e9tait bien autre chose que le mythe des racines. Il s\u2019agissait du besoin que chacun \u00e9prouve, quelque soit ses origines, de faire partie d\u2019une communaut\u00e9 concr\u00e8te de citoyens.<\/p>\n\n\n\n

De la m\u00eame fa\u00e7on, Matteo Salvini associe l\u2019exp\u00e9rience politique de l\u2019entrepreneur Adriano Olivetti \u00e0 celle de son parti en pr\u00e9tendant que son mod\u00e8le entrepreneurial bas\u00e9 sur la participation rejoint les id\u00e9aux f\u00e9d\u00e9ralistes des fondateurs de la Ligue du Nord. Cependant, le Mouvement communautaire promu dans les ann\u00e9es 1950 par le dirigeant de cette c\u00e9l\u00e8bre multinationale italienne sp\u00e9cialis\u00e9e dans les machines \u00e0 \u00e9crire puis l\u2019informatique, \u00e9tait socialiste et lib\u00e9ral, et non ethniciste et anti-globalisation.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd\u2019hui, le leader de la Ligue semble \u00e9galement vouloir devenir le leader d\u2019une h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne \u00ab internationale populiste \u00bb, alors m\u00eame que l\u2019internationalisme, parce qu\u2019il est un cosmopolitisme, n\u2019a rien \u00e0 voir avec l\u2019id\u00e9ologie de la Ligue. Il s\u2019agit d\u2019un oxymore tout \u00e0 fait caract\u00e9ristique de ceux promus depuis la fin des ann\u00e9es 1960 par la nouvelle droite fran\u00e7aise. Influenc\u00e9s par ce courant id\u00e9ologique, les membres de la Ligue utilisent cette figure de style pour mieux singer la gauche et confondre l\u2019\u00e9lectorat populaire. Ainsi, Umberto Bossi parlait des \u00ab communaut\u00e9 de base \u00bb (une expression propre \u00e0 l\u2019extr\u00eame-gauche) pour d\u00e9signer les diverses \u00ab tribus celtes \u00bb qui composaient selon lui la Padanie. Ces usages \u00e0 contre-sens permettent aux repr\u00e9sentants de l\u2019extr\u00eame-droite de d\u00e9poss\u00e9der leurs adversaires de leurs symboles, pour mieux accr\u00e9diter ensuite leur propre engagement \u00e0 l\u2019\u00e9gard des classes populaires. Comme les mots sont vid\u00e9s de leur sens et les combats du pass\u00e9 ridiculis\u00e9s, il devient alors tr\u00e8s difficile d\u2019engager un v\u00e9ritable d\u00e9bat d\u00e9mocratique.<\/p>\n\n\n\n

Alors que le discours de Pontida du 1er juillet 2018 repose sur les fondamentaux de la pens\u00e9e politique de la Ligue, le style de Matteo Salvini diff\u00e8re substantiellement de celui d\u2019Umberto Bossi. Contrairement aux ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes, le racisme est rendu implicite et, pour ainsi dire, imperceptible. L\u2019\u00e9crivain italien Christian Raimo qui s\u2019est lui aussi attel\u00e9 \u00e0 d\u00e9monter le discours de Matteo Salvini, d\u00e9finit son attitude comme \u00e9tant \u00ab passive-agressive \u00bb <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>. De fait, Matteo Salvini adopte g\u00e9n\u00e9ralement la position de la victime et tient des propos ambigus. Il sait aussi se repositionner afin de mieux pi\u00e9ger ses adversaires et limiter leur capacit\u00e9 d\u2019action. Ainsi, depuis que la Ligue est devenue nationale, les antifas devront trouver un autre motif que la \u201cfiert\u00e9 m\u00e9ridionale\u201d pour venir occuper le champ de Pontida. Et s\u2019ils ne veulent pas passer pour plus fascistes que leurs adversaires d\u00e9clar\u00e9s, ils devront \u00e9galement apprendre \u00e0 distinguer les Juifs italiens des repr\u00e9sentants du gouvernement isra\u00e9lien dont ils contestent la politique <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

De ce discours, les Europ\u00e9ens peuvent \u00e9galement tirer des le\u00e7ons int\u00e9ressantes sur l\u2019attitude du leader de la Ligue. Matteo Salvini tend aujourd\u2019hui un pi\u00e8ge aux hommes de la Commission en suscitant leur intransigeance pour mieux attiser, pense-t-il, les sentiments anti-europ\u00e9ens des Italiens avant les \u00e9lections de mai 2019. C\u2019est un jeu tr\u00e8s dangereux qui a d\u00e9j\u00e0 des effets \u00e9conomiques dommageables pour les citoyens de son pays et qui pourrait porter un coup fatal \u00e0 l\u2019Union europ\u00e9enne et donc \u00e0 l\u2019Italie elle-m\u00eame.<\/p>\n\n\n\n

En annexe au commentaire de L. Dematteo, le GEG vous propose une traduction de l’allocution de Matteo Salvini \u00e0 Pontida le 1er juillet 2018 :<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Ici il n\u2019y a pas que de l\u2019amour, il n’y a pas d\u2019envie, il n’y a pas de jalousie, il n’y a pas de ranc\u0153ur. La vie est trop br\u00e8ve pour perdre son temps \u00e0 ha\u00efr ; laissons \u00e0 d\u2019autres ce soin : \u00e0 menacer, \u00e0 ronger leur frein, \u00e0 \u00e9puiser les stocks de Maalox dans les pharmacies italiennes. Je remercie les forces de l’ordre et les infirmiers volontaires qui nous donnent un coup de main. Souvenons-nous de qui nous suit de l\u00e0-haut : de Gianluca Bunonanno, de tous les amis et les amies qui ne sont plus. C\u2019est pour cela qu\u2019avec la maman de Gianluca, je vais \u00e0 l\u2019arbre de la vie afin de dire une pri\u00e8re aussi pour notre difficile combat.<\/p>\n\n\n\n

On ne trouve pas un parti ici, mais une communaut\u00e9 qui changera le monde. Comme le disait Walt Disney : \u00ab Si tu peux le r\u00eaver tu peux le faire \u00bb. Nous avons commenc\u00e9 avec le r\u00eave de changer nos villes. Et, en honneur du sacrifice de nos grands-p\u00e8res qui d\u00e9fendaient nos fronti\u00e8res, nous avons aujourd\u2019hui un gouvernement qui d\u00e9fend ses fronti\u00e8res. En 1918, naissait ce g\u00e9nie, cela n’arrive pas si souvent, de Gianfranco Miglio qui a consacr\u00e9 sa vie \u00e0 l\u2019\u00e9tude, \u00e0 l\u2019effort, au sacrifice. Nous sommes pass\u00e9s de son ambition de changer les r\u00e9gions \u00e0 celle de transformer le pays. Pourtant, nous ne devons pas nous en contenter, l’objectif est de changer l’Europe en donnant une voix \u00e0 ces peuples qui ont \u00e9t\u00e9 bris\u00e9s par ceux qui avaient seulement \u00e0 c\u0153ur le sort de la finance et des multinationales pour nous offrir un futur de pr\u00e9carit\u00e9 et de peur. Dans leur monde, l\u2019emploi \u00e0 dur\u00e9e ind\u00e9termin\u00e9e et la retraite sont des r\u00eaves. C\u2019est pour cela que je renouvelle ma promesse de supprimer la loi Fornero en tant que loi injuste, inhumaine et profond\u00e9ment mauvaise. Je la jette au visage de ces bavards qui, n\u2019ayant jamais pass\u00e9 la moindre seconde de leur vie dans une usine, disent que l\u2019on peut travailler plus longtemps et qui ajoutent que gr\u00e2ce \u00e0 cette r\u00e9forme les comptes publics sont \u00e0 l\u2019\u00e9quilibre. Nous r\u00e9introduisons tout de suite la cote 100, nous baissons les taxes pour les entreprises et les familles parce qu’il est impossible d\u2019ouvrir un magasin. Tout cela est possible et nous chercherons \u00e0 le faire en respectant les trait\u00e9s qui nous lient : mais je vous donne ma parole d\u2019honneur s\u2019il me faut ignorer une virgule impos\u00e9e par Bruxelles pour assurer le futur de nos enfants, pour \u00e9viter qu\u2019ils ne fuient \u00e0 l\u2019\u00e9tranger parce qu\u2019il n\u2019y pas de travail apr\u00e8s leurs dipl\u00f4mes, pour que notre peuple soit plus heureux, j\u2019ignorerai cette virgule. Le bonheur du peuple compte davantage. Et, demandez aux Grecs, \u00e0 toutes les victimes de normes budg\u00e9taires insens\u00e9es, s\u2019ils sont heureux !<\/p>\n\n\n\n

On me dit qu\u2019il est impossible de toucher \u00e0 l\u2019Union europ\u00e9enne parce qu\u2019elle garantit la paix entre les peuples. Mais le fait est que le courage de la Ligue, qui se propagera \u00e0 tous les autres pays europ\u00e9ens, est le dernier espoir de survie pour l\u2019Europe. C\u2019est seulement si nos id\u00e9es arrivent dans toute l\u2019Europe que celle-ci aura un espoir d\u2019exister. Autrement, ce sera ceux pour qui les fronti\u00e8res et les r\u00e8gles n\u2019existent pas qui triompheront. Ce sont les m\u00eames pour qui il n\u2019existe que des droits et pas de devoirs. Nous disons que les devoirs viennent avant les droits : ceux qui vivent en Italie depuis un moment et, surtout, ceux qui arriveront demain doivent se le mettre en t\u00eate. Rien n\u2019est gratuit. Rien n\u2019est offert. Simone Weil disait que tout ce qui d\u00e9racine un \u00eatre humain \u00e9tait criminel : c\u2019est exactement ce qu\u2019ils ont essay\u00e9 de mettre en place entre Berlin, Bruxelles et Paris, sacrifier les racines au nombre afin de cr\u00e9er des consommateurs \u00e0 vendre aux multinationales. Ce ne sont pourtant pas des nombres, mais des femmes et des hommes avec les m\u00eames droits que chacun.<\/p>\n\n\n\n

Nous ne sommes pas l\u00e0 pour enlever des droits \u00e0 qui que ce soit : si l\u2019\u00c9tat n\u2019entre pas dans les magasins avec des \u00e9tudes sectorielles, il est encore plus impossible qu\u2019il entre dans les salons et dans les chambres. Chacun fait ce qu\u2019il veut, avec qui il veut dans sa chambre. Mais je d\u00e9fendrai les droits de celui qui n\u2019a pas de voix, des enfants \u00e0 avoir un p\u00e8re et une m\u00e8re, des femmes pour qu\u2019elles ne deviennent pas des ut\u00e9rus en location, des enfants mis en vente. Tout cela n\u2019est pas le progr\u00e8s, c\u2019est la fin d\u2019une civilisation. Je demande \u00e0 nos maires et \u00e0 nos gouverneurs de mettre au c\u0153ur de leur action les politiques familiales, les cr\u00e8ches, mais aussi de permettre aux femmes d\u2019\u00eatre m\u00e8res et travailleuses, car il est impossible de choisir. Nous voulons honorer les engagements que nous avons pris. Voici un mois exactement que nous avons pr\u00eat\u00e9 serment et pensons que les Italiens, mais aussi toute l\u2019Europe, se rendent compte qu\u2019il y a un gouvernement qui a plus accompli en un mois que d\u2019autres en six ans de somnolence. De la loge d\u2019o\u00f9 je vous parle, je vois deux banderoles qui me disent combien il est beau d\u2019\u00eatre de ce peuple : la coordination provinciale de Vibo Valentia et Padoue et les kiosques de la Lombardie et de la Sardaigne. Rien ne nous divise plus. Nous ne sommes pas seulement en train de vaincre en Italie, nous aussi sommes en train de l\u2019emporter en Europe et \u00e0 l\u2019\u00e9chelle internationale. Pour vaincre, \u00e9videmment, il faut de la fiert\u00e9, il faut de la dignit\u00e9. Je d\u00e9die cela \u00e0 ceux qui parlerons de l\u2019horrible peuple de Pontida : ici, y a un peuple qui aime, un peuple qui a retrouv\u00e9 sa fiert\u00e9. D\u00e9fendre les fronti\u00e8res, la culture et le travail de ce pays est la raison pour laquelle je me l\u00e8ve le matin. Je n\u2019arriverais pas \u00e0 me regarder dans une glace si je n\u2019utilisais pas chaque instant de la journ\u00e9e pour d\u00e9fendre son histoire : \u00e0 l\u2019instant et pour la troisi\u00e8me fois ce mois-ci, une barque charg\u00e9e d\u2019esclaves s\u2019\u00e9loigne de nos c\u00f4tes. <\/p>\n\n\n\n

Savez-vous pourquoi tant de gens sont nerveux ? Parce qu\u2019ils s\u2019\u00e9taient mis en t\u00eate de gagner cinq milliards d\u2019euros gr\u00e2ce au business de l\u2019immigration. \u00c0 ces sp\u00e9culateurs, je conseille de changer de m\u00e9tier parce qu\u2019ils ne verront plus cet argent. Le moment de se reposer est venu pour ceux du PD : et ils se reposeront encore plus pendant les mois \u00e0 venir alors que nous en aurons bien peu le temps. Selon le point 22.41 du cat\u00e9chisme, les nations plus riches sont tenues d\u2019accueillir des \u00e9trangers dans la limite du possible. Je pense qu’en Italie les limites du possible ont \u00e9t\u00e9 atteintes. En appliquant ce cat\u00e9chisme, les portes de l\u2019Italie sont ouvertes aux femmes et aux enfants qui fuient la guerre et arriveront en avion, pas sur des bateaux pneumatiques : pour tous les autres, notre aide servira \u00e0 ce que chacun chez soi puisse prosp\u00e9rer en travailler. Il faut d\u00e9penser en Afrique l\u2019argent qui doit y \u00eatre d\u00e9pens\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Le prochain mur qui tombera apr\u00e8s Berlin est \u00e0 Bruxelles, en rendant aux peuples europ\u00e9ens, le droit au travail, \u00e0 la vie, \u00e0 la sant\u00e9, \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9. C\u2019est l\u2019autre bataille \u00e0 mener. Il faut \u00e9radiquer de notre magnifique pays, et cela demandera du courage, les horreurs que sont la mafia, de la Camorra et de la \u2018Ndrangheta. Elles nous d\u00e9go\u00fbtent. Et nous les combattrons du Nord au Sud, par tous les moyens dont nous disposons en prenant exemple sur ceux qui ont consacr\u00e9 leur vie \u00e0 combattre le milieu, et pas en paroles. Il y a un personnage que j\u2019aimerais voir \u00e9tudier par les jeunes gens qui se lancent dans les \u00e9tudes de droit : Rosario Olivatino, mort \u00e0 38 ans, victime de la mafia. C\u2019\u00e9tait un juge int\u00e8gre et honn\u00eate qui ne se montrait pas \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, qui ne donnait pas d\u2019interviews. Il ne s\u2019est pas enrichi \u00e0 millions par l\u2019antimafia verbale. Il a donn\u00e9 sa vie pour nous et pour nos enfants. Voil\u00e0 l\u2019antimafia que nous aiderons, celle des Falcone, des Borsellino, des Giuliano, des Cassar\u00e0, de Rocco Chinnici. Depuis Pontida nous avertissons les camorristes et les mafieux, comme les trafiquants d\u2019\u00eatres humains : la f\u00eate est finie. Quittez la Sicile et la Lombardie ! Et honneur aux h\u00e9ros qui ont donn\u00e9 leur vie pour d\u00e9fendre ce pays. C\u2019est une guerre que nous m\u00e8nerons avec toutes les armes que la d\u00e9mocratie nous offrent alors qu\u2019\u00e0 mes c\u00f4t\u00e9s ceux qui portent l\u2019uniforme de nos forces de l\u2019ordre, garantissant notre s\u00e9curit\u00e9, seront dot\u00e9s de pistolets \u00e9lectriques pour mieux faire leur travail. Nous travaillons pour une Italie meilleure, souriante, respectueuse des r\u00e8gles.<\/p>\n\n\n\n

Je pense \u00e0 une r\u00e9forme qui semblait juste sur le papier, mais qui s\u2019av\u00e8re d\u00e9sastreuse en laissant des milliers de familles dans la mis\u00e8re : celle des malades psychiatriques qui a fait dispara\u00eetre les structures qui les soignaient en abandonnant les familles \u00e0 leur sort. Chaque jour ressemble \u00e0 un bulletin de guerre parce que l\u2019\u00c9tat se d\u00e9tourne. Je veux un \u00c9tat qui fait peu de choses mais qui les fait bien : soigner celui qui est malade et garantir un syst\u00e8me de sant\u00e9 d\u2019excellence du Nord au Sud sera une priorit\u00e9. Cette grande ambition nous tient \u00e0 c\u0153ur. Nous la portons sans hypocrisie ou esprit de vengeance. Je pense avoir r\u00e9colt\u00e9 plus d\u2019insultes et d\u2019infamies en un mois que d\u2019autres ministres en une vie. Ce sont des m\u00e9dailles, t\u00e9moignages de valeur, pour moi.<\/p>\n\n\n\n

Un frustr\u00e9 a r\u00e9ussi \u00e0 dire qu\u2019une trag\u00e9die dans la M\u00e9diterran\u00e9e, \u00e0 trois kilom\u00e8tres des c\u00f4tes libyennes, \u00e9tait notre faute. M\u00eame les passeurs ont compris que les temps avaient chang\u00e9 et, dans leur d\u00e9sespoir, ils sont contraints de se servir de ce qui se passe. Ils emploient des canots pneumatiques d\u00e9gonfl\u00e9s et des bateaux aux moteurs \u00e0 moiti\u00e9 br\u00fbl\u00e9s. Ils se sont habitu\u00e9s \u00e0 jeter des enfants et des femmes \u00e0 la mer parce qu\u2019auparavant il y avait quelqu\u2019un pour les aider. D\u00e9sormais, heureusement, les autorit\u00e9s libyennes ont pleinement repris le contr\u00f4le de leur territoire. Je remercie les gardes c\u00f4tes libyens qui ont secouru en quelques heures plus de mille d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9s qui risquaient de se noyer en les ramenant sur le territoire libyen. Et je remercie les personnes qui enl\u00e8vent leur cro\u00fbte aux mafieux du business de l\u2019immigration.<\/p>\n\n\n\n

Et puis il y a les ph\u00e9nom\u00e8nes qui te parlent de d\u00e9fense de l\u2019environnement et qui peinent \u00e0 comprendre que nous sommes plus de soixante millions en Italie \u00e0 \u00eatre d\u2019accord. D\u00e9fendre l\u2019environnement revient \u00e0 dire \u00e0 la bureaucratie qui t\u2019emp\u00eache de nettoyer un torrent ou de tailler un arbrisseau que cela suffit. Laissez les gens de mer s\u2019occuper de la mer comme ils l\u2019ont toujours fait.<\/p>\n\n\n\n

Nous travaillons \u00e9galement pour garantir les peines de prison ferme : c\u2019est une loi que nous ferons passer, je l\u2019esp\u00e8re, avant l\u2019\u00e9t\u00e9. Il s\u2019agit d\u2019emp\u00eacher toute remise de peine pour les assassins et aux violeurs. Nous ne voulons plus qu\u2019il existe la moindre piti\u00e9 pour les assassins et les voleurs. La prison doit r\u00e9\u00e9duquer, mais j\u2019ai du mal \u00e0 imaginer que l\u2019on r\u00e9\u00e9duque quelqu\u2019un qui aurait viol\u00e9 un enfant. Nous travaillerons pour que tous ceux qui maltraitent les animaux soient punis avec s\u00e9v\u00e9rit\u00e9. Je le dis au d\u00e9but d\u2019un \u00e9t\u00e9 qui ne doit plus \u00eatre la saison pendant laquelle tant de b\u00eates sont abandonn\u00e9es. Qu’on ne touche pas \u00e0 nos traditions, \u00e0 notre histoire et \u00e0 notre culture !<\/p>\n\n\n\n

De temps en temps ils nous accusent de x\u00e9nophobie. Cela vous arrivera aussi demain lorsque vous retournerez dans votre bureau ou votre immeuble. Vous trouverez votre coll\u00e8gue bien repos\u00e9 apr\u00e8s \u00eatre rest\u00e9 sur le divan qui vous demande ce que vous avez fait pour \u00eatre si fatigu\u00e9. Il vous traitera de x\u00e9nophobe, de raciste. X\u00e9nophobe veut dire que l\u2019on a peur de la diff\u00e9rence. Mais y a-t-il quelqu\u2019un ici \u00e0 avoir peur de la diff\u00e9rence ? Les diff\u00e9rences aiguisent ma curiosit\u00e9, elles m\u2019attirent. Je ne serais pas devenu leghiste \u00e0 dix-sept ans si je n\u2019aimais pas la diversit\u00e9, les dialectes, le th\u00e9\u00e2tre, les langues. J\u2019adore la diversit\u00e9, mais c\u2019est une question de nombres. L\u2019Italie que nous gouvernerons pendant les trente prochaines ann\u00e9es est une Italie qui n\u2019a peur de rien et de personne. C\u2019est une Italie orgueilleuse, belle parce que diverse, fonde sur le principe d\u2019autonomie. Je cite volontiers quelqu\u2019un qui respectait le travail et les travailleurs, Adriano Oliveti : son id\u00e9e de la communaut\u00e9, du travail, de l\u2019entreprise, fond\u00e9s sur le respect et sur la participation. Il pensait une Italie fond\u00e9e sur la communaut\u00e9. Je d\u00e9fends une id\u00e9e constitutionnelle qui peut mettre ensemble Olivetti, Miglio, et tous les penseurs f\u00e9d\u00e9ralistes qui pourront voir accompli le songe d\u2019un pays respectueux de toutes les identit\u00e9s. Nous ferons en sorte que l\u2019Europe soit une communaut\u00e9 de peuples qui recommenceront \u00e0 s\u2019aimer et \u00e0 s\u2019entendre. Je remercie celui qui m\u2019a donn\u00e9 le courage, l\u2019enthousiasme, la passion et les id\u00e9es pour commencer : il s\u2019appelle Umberto Bossi. Ce n\u2019est pas la Ligue qui a chang\u00e9, mais le monde : qui veut accompagner le changement du monde ne peut se permettre de rester \u00e0 l\u2019arr\u00eat. Nous avions compris que, seuls, nous ne r\u00e9ussirions rien : pour vaincre, il fallait s\u2019unir en Italie et en Europe. Pensez \u00e0 des Ligues en Europe qui uniraient tous les mouvements libres et souverains qui veulent d\u00e9fendre le droit des gens, les entreprises, le bien-\u00eatre de leurs enfants. C\u2019est \u00e0 ce futur pacifique et souriant que nous travaillons. <\/p>\n\n\n\n

Les drapeaux que je vois sur ce pr\u00e9 \u2014 celui d\u2019Isra\u00ebl et celui des Marches, celui du Pi\u00e9mont et celui de la Russie, celui des Lions de Saint-Marc et tous les autres \u2014 disent tous, comme nous le disons nous-m\u00eames, \u00e0 soixante millions d\u2019Italiens \u00e0 voix basse et avec le sourire : sortez de vos maisons, arrachez-vous \u00e0 vos divans et \u00e0 vos fauteuils, quittez les boutiques et les tribunaux ! Si un peuple bouge, il gagne. Retrouvons le go\u00fbt de travailler, de vaincre, de sourire. \u00c0 un peuple comme celui-ci, rien d\u2019impossible ! Il y a quatre ans, sur cette tribune, avec une Ligue \u00e0 5 ou 6 % et un secr\u00e9taire en short, chemisette et d\u00e9capeuse, vos doutes \u00e9taient compr\u00e9hensibles. Ils disaient m\u00eame que la Ligue \u00e9tait finie. Longue vie \u00e0 tous les cyniques ! En quatre ans, ils s\u2019en sont pass\u00e9es des choses. Qui pensait que nous gagnerions non seulement dans le Frioul ou en Val d\u2019Aoste, mais que la Lega deviendrait n\u00e9cessaire pour vaincre en Molise ou en Sicile. Qui pensait que Pise ou Terni pourraient avoir un maire de la Ligue ? Que nous gagnerions \u00e0 Sienne ou \u00e0 Viterbe ? En Lombardie ou en Pi\u00e9mont ? Pr\u00e9parons-nous \u00e0 vaincre dans les mois qui viennent dans les Abruzzes, en Basilicate, et en Sardaigne. Je vous demande seulement une chose : ne regardez-pas les sondages, ils les rendent n\u00e9gatifs \u00e0 dessein juste avant les \u00e9lections et ils les rendent positifs apr\u00e8s pour que quelques-uns se montent la t\u00eate. Nous ne nous montons pas la t\u00eate en regardant les sondages : les pieds bien plant\u00e9s dans la terre, nous sommes tous au travail 24 heures sur 24, maires, conseillers, d\u00e9put\u00e9s, s\u00e9nateurs.<\/p>\n\n\n\n

Ils cherchent \u00e0 nous brouiller avec nos compagnons de route et de gouvernement. Ils n\u2019y parviendront pas : moi qui cherche toujours \u00e0 \u00eatre objectif, je dois dire qu\u2019en un mois j\u2019ai trouv\u00e9 chez les dirigeants et les ministres du Mouvement 5 \u00c9toiles des personnes honn\u00eates, coh\u00e9rentes, pleines de la volont\u00e9 de changer ce pays. Bien s\u00fbr, c\u2019est au ministre de l\u2019Int\u00e9rieur de d\u00e9cider si les portes du pays sont ouvertes ou ferm\u00e9es et j\u2019ai l\u2019ambition de rester longtemps \u00e0 ce minist\u00e8re : ma vie, sans aucune distinction de couleur politique, est \u00e0 la disposition de soixante millions d\u2019Italiens. Je chercherai \u00e0 \u00e9couter et \u00e0 donner un coup de main \u00e0 tout le monde. Mais personne ne peut m\u2019arracher du c\u0153ur l\u2019orgueil et la passion d\u2019\u00eatre le secr\u00e9taire de cette merveilleuse Ligue. Du Nord au Sud, amis secr\u00e9taires de section, ne laissons pas passer cette occasion. Nous devons prendre racine et ouvrir les portes de nos si\u00e8ges. Nous n\u2019avons pas peur d\u2019ouvrir nos portes \u00e0 quelqu\u2019un de plus talentueux que nous qui, peut-\u00eatre, sera maire \u00e0 notre place. Nous devons trouver des gens meilleurs que nous, l\u2019Italie comme la Ligue ont besoin de gens meilleurs que nous. J\u2019attends seulement le moment, et il viendra, o\u00f9 quelqu\u2019un de meilleur que moi appara\u00eetra \u2014 et j\u2019en vois d\u00e9j\u00e0, ils sont nombreux \u2014 pour accomplir la chose la plus belle et la plus \u00e9puisante du monde, secr\u00e9taire de la Ligue. Je veux qu\u2019ici il y ait de nombreux vice-secr\u00e9taires qui, le jour venu, puissent prendre le glaive et continuer la bataille. En attendant, je ne l\u00e2che rien, n\u2019en doutez jamais ! Je conseille \u00e0 celui qui ne l\u2019a jamais v\u00e9cu de venir \u00e0 la Pontida du samedi soir, celle de nombreux jeunes gens.<\/p>\n\n\n\n

Ceci n\u2019est pas une r\u00e9union de parti. Ce n\u2019est pas un meeting. C\u2019est un dimanche en famille, de communion et de communaut\u00e9, pendant lequel nous avons fait le point sur le peu que nous avons fait. Si nous sommes si forts, en ayant \u00e0 peine commencer, imaginons-nous o\u00f9 nous serons lorsque nous aurons fait tout ce que nous voulons. Nous repr\u00e9senterons 99 % de la population. Je consid\u00e8re que c\u2019est une r\u00e9union de famille un peu \u00e9largie. J\u2019aimerais que vous rameniez \u00e0 la maison la conviction que ceci n\u2019est pas la fin de notre route, mais son d\u00e9but. Ce que nous avons r\u00e9ussi \u00e0 faire dans les villes et dans les r\u00e9gions, nous le r\u00e9ussirons l\u2019ann\u00e9e prochaine \u00e0 l\u2019\u00e9chelle continentale. Cette famille devra s\u2019\u00e9largir, cro\u00eetre, s\u2019ouvrir : sachez que chacun d\u2019entre vous est un fr\u00e8re ou une s\u0153ur pour moi, que les enfants de chacun d\u2019entre vous sont mes enfants, que je vous demande votre aide et vos conseils et que je les demande avec humilit\u00e9. Je pense qu\u2019il faut en finir avec les affrontements partisans. J\u2019ai toujours avec moi un rosaire confectionn\u00e9 par une femme exploit\u00e9e, une de celles \u00e0 qui on avait fait miroiter qu\u2019elle pourrait trouver un abri et un travail en Italie apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 arrach\u00e9e \u00e0 son pays, \u00e0 sa terre. Je ferai tout pour m\u00e9riter votre soutien pour que cette femme, nig\u00e9riane ou italienne, puisse na\u00eetre, grandir, \u00e9tudier, se soigner, travailler et mettre au monde ses enfants dans son pays sans \u00eatre arrach\u00e9e \u00e0 celle-ci et envoy\u00e9e \u00e0 l\u2019autre bout du monde. Que chacun soit heureux dans son propre pays.<\/p>\n\n\n\n

Jurez-vous de ne pas abandonner avant d\u2019avoir lib\u00e9r\u00e9 les peuples d\u2019Europe ? Oui ou non ? Vive la Ligue ! Vive le peuple de Pontida ! Tenons ferme et en avant vers la victoire ! \u00bb<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Lors du rassemblement annuel de la Ligue du Nord \u00e0 Pontida en juillet dernier, Matteo Salvini a fait clairement conna\u00eetre ses ambitions euronationalistes. Lynda Dematteo, anthropologue au CNRS et sp\u00e9cialiste de la Ligue du Nord, a analys\u00e9 pour Le Grand Continent ce discours.<\/p>\n","protected":false},"author":178,"featured_media":11957,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-speeches.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1734],"tags":[],"geo":[1917,543],"class_list":["post-11947","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-doctrines","staff-le-grand-continent","geo-europe","geo-mediterranee"],"acf":[],"yoast_head":"\nQuand Salvini r\u00eave de refaire l'Europe | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/11\/24\/quand-salvini-reve-de-refaire-leurope\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Quand Salvini r\u00eave de refaire l'Europe | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Lors du rassemblement annuel de la Ligue du Nord \u00e0 Pontida en juillet dernier, Matteo Salvini a fait clairement conna\u00eetre ses ambitions euronationalistes. 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