{"id":119283,"date":"2021-09-07T10:53:10","date_gmt":"2021-09-07T08:53:10","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=119283"},"modified":"2021-09-08T12:22:46","modified_gmt":"2021-09-08T10:22:46","slug":"au-pied-du-volcan","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/09\/07\/au-pied-du-volcan\/","title":{"rendered":"Au pied du volcan"},"content":{"rendered":"\n

Herculanum, au pied du V\u00e9suve, est l’une des derni\u00e8res r\u00e9gions d’Europe o\u00f9 les classes ouvri\u00e8res r\u00e9sistent au c\u0153ur d’un centre urbain construit il y a plusieurs si\u00e8cles. Ils vivent exactement l\u00e0 o\u00f9 leurs anc\u00eatres ont v\u00e9cu depuis le d\u00e9but de l’\u00e8re Bourbon. Le long des ruelles creus\u00e9es dans les maisons du dix-huiti\u00e8me si\u00e8cle, de vieilles femmes sont assises pour bavarder aux portes des rues. Des adolescents passent en v\u00e9lomoteur sur les trottoirs en pierre. Ils vivent tous, litt\u00e9ralement, au sommet de l’ancien Herculanum d\u00e9truit par une \u00e9ruption il y a deux mill\u00e9naires : certaines des ruines sont encore visibles par les fen\u00eatres des appartements d’aujourd’hui, certains des salons et des chambres sont encore enterr\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Compar\u00e9 \u00e0 l’\u00e9poque de l’Empire romain, il y a peu d’argent \u00e0 gagner. Mais les habitants d’Herculanum savent encore prendre un risque calcul\u00e9 \u2014 et ils savent bien le calculer : ils font partie des rares habitants de la province napolitaine qui ont trouv\u00e9 la force de se rebeller contre les bandes criminelles, des gens qui ont souvent grandi avec eux depuis leur scolarit\u00e9. Ils ont fait arr\u00eater d’anciens camarades de classe, des voisins, des amis de leurs enfants. Ces derni\u00e8res ann\u00e9es, les plaintes des commer\u00e7ants ont conduit \u00e0 un demi-millier de condamnations pour la mafia. Un habitant d’Ercolano sur cent a fini en prison. Un habitant sur mille a \u00e9t\u00e9 condamn\u00e9 \u00e0 la prison \u00e0 vie. <\/p>\n\n\n\n

Aujourd’hui, ici, on ne respire pas l’atmosph\u00e8re d’oppression typique de certaines banlieues du sud de l’Italie. Pourtant, la deuxi\u00e8me id\u00e9e qui peut traverser l’esprit du passant de l’ext\u00e9rieur est l\u00e9g\u00e8rement diff\u00e9rente : \u00ab Je suis peut-\u00eatre pi\u00e9g\u00e9 \u00bb. D’accord, il n’y a aucune raison pour que le volcan explose maintenant, mais si c’est le cas ? Parce que ce ne sera peut-\u00eatre pas le cas aujourd’hui, mais peut-\u00eatre la semaine prochaine, dans un an ou peut-\u00eatre dans mille ans. Mais ce moment doit venir.<\/p>\n\n\n\n

L’Istituto Superiore per la Protezione e la Ricerca Ambientale \u2014 un organisme du gouvernement italien \u2014 explique que l’int\u00e9rieur du V\u00e9suve est structur\u00e9 comme une architecture concave compos\u00e9e d’une succession de chambres remplies de magma ; ces chambres sont p\u00e9riodiquement aliment\u00e9es par une masse de mati\u00e8re \u00e0 une temp\u00e9rature de mille deux cents degr\u00e9s, qui remonte des grandes profondeurs vers la surface. \u00ab Ce volume, s’il est \u00e9mis lors d’une seule \u00e9ruption \u00e0 haute \u00e9nergie, pourrait entra\u00eener une \u00e9ruption explosive similaire \u00e0 celle de 1631 \u00bb, \u00e9crit l’Institut de l’enseignement sup\u00e9rieur. <\/p>\n\n\n\n

Au cours de cet \u00e9pisode, il y a quatre si\u00e8cles, la montagne a \u00e9ject\u00e9 cent millions de m\u00e8tres cubes de lave \u2014 soit la moiti\u00e9 des mat\u00e9riaux accumul\u00e9s au cours des soixante-quinze derni\u00e8res ann\u00e9es \u2014 tuant quatre mille personnes et laissant plus de quarante mille autres sans abri. La ville a \u00e9t\u00e9 \u00e0 moiti\u00e9 d\u00e9truite. <\/p>\n\n\n\n

Depuis lors, les gens ont continu\u00e9 \u00e0 construire et \u00e0 vivre dans ces zones dans l’espoir que le volcan ne se r\u00e9veille pas dans une \u00e9ruption explosive. On l’a fait parce que c’\u00e9tait pratique, c’\u00e9tait efficace. Parce que \u00e7a a toujours \u00e9t\u00e9 fait de cette fa\u00e7on. Le centre d’Herculanum se trouve \u00e0 huit kilom\u00e8tres \u00e0 vol d’oiseau de la bouche du volcan et autour des pentes de la montagne, il y a maintenant sept cent mille personnes, plus qu’\u00e0 n’importe quel moment de l’histoire des derniers mill\u00e9naires. Le V\u00e9suve est ainsi consid\u00e9r\u00e9 aujourd’hui par les experts comme le volcan le plus redoutable du monde. Et pas seulement \u00e0 cause de l’explosion qui pourrait se produire dans quatre cents ou mille ans, ou m\u00eame le mois prochain, mais \u00e0 cause de l’instabilit\u00e9 qui est inh\u00e9rente \u00e0 la vie ici. En 1998, une s\u00e9rie de coul\u00e9es de boue colossales typiques des pentes volcaniques a tu\u00e9 160 personnes dans cinq localit\u00e9s diff\u00e9rentes. Dix heures plus tard, le conseiller pour l’environnement de la r\u00e9gion de Campanie a envoy\u00e9 un fax aux maires de la r\u00e9gion pr\u00e9disant la possibilit\u00e9 d’\u00e9v\u00e9nements catastrophiques.<\/p>\n\n\n\n

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\u00a9CATERS NEWS AGENCY\/SIPA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Aussi logique que Wall Street<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Ce conseiller n’\u00e9tait pas n\u00e9cessairement moins dou\u00e9 que nous pour lire l’avenir. Parce que si nous y r\u00e9fl\u00e9chissons un instant, Herculanum, c’est nous. Nous sommes tous des exemples de la race humaine en ce si\u00e8cle o\u00f9 l’histoire passe d’une fracture \u00e0 l’autre. Nous sommes tout aussi incapables, comme les habitants d’Herculanum, de peser et d’anticiper ; nous sommes tout aussi aveugles, enclins au fatalisme, pr\u00eats \u00e0 rejeter la complexit\u00e9 de la vie sociale dans quelques histoires faites pour simplifier et nous donner l’illusion de comprendre et de contr\u00f4ler ; nous restons tout aussi obstin\u00e9s dans le refus d’une \u00e9valuation rationnelle de notre \u00e9tat de choses et tout aussi d\u00e9termin\u00e9s \u00e0 \u00e9changer l’utilit\u00e9 et le confort du pr\u00e9sent contre la fragilit\u00e9 de l’avenir. Nous pr\u00e9tendons avoir les premiers \u2014 utilit\u00e9, confort, efficacit\u00e9 imm\u00e9diate \u2014 mais nous ne nous occupons pas des seconds, qu’ils apportent avec eux. Pour cette raison, il serait un peu trop facile de s’en tirer avec une blague folklorique sur le personnage napolitain, comme si nous parlions d’une esp\u00e8ce humaine faite d’un mat\u00e9riau diff\u00e9rent. Non : ce sont nous, habitants d’un si\u00e8cle o\u00f9 la recherche de l’efficacit\u00e9 maximale, ou de la popularit\u00e9 maximale en un minimum de temps, s’accompagne de doses non mesurables d’incertitude radicale.<\/p>\n\n\n\n

Parce que si nous y r\u00e9fl\u00e9chissons un instant, Herculanum, c’est nous. Nous sommes tous des exemples de la race humaine en ce si\u00e8cle o\u00f9 l’histoire passe d’une fracture \u00e0 l’autre.<\/p>Federico Fubini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Apr\u00e8s tout, en quoi le comportement des habitants du V\u00e9suve serait-il diff\u00e9rent de celui du reste de la plan\u00e8te, du moins dans leur approche ? Construire \u00e0 Herculanum, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 des maisons d\u00e9vast\u00e9es de l’\u00e9poque de Pline l’Ancien, est tout aussi logique que de retirer les forces occidentales d’Afghanistan, alors que les Talibans avancent face \u00e0 une arm\u00e9e nationale en ruines, en continuant \u00e0 penser que la chute de Kaboul n’est pas imminente. C’est \u00e9galement tenter de sortir d’une crise d’endettement et d’accumulation de risques financiers en laissant l’endettement et les risques financiers cro\u00eetre encore et encore. Il s’agit de savoir comment continuer \u00e0 construire des m\u00e9gapoles de dizaines de millions d’habitants \u00e0 une vitesse jamais vue dans l’histoire de l’humanit\u00e9 \u2014 en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Am\u00e9rique latine \u2014 qui envahissent le milieu environnant, rendent plus probables les ph\u00e9nom\u00e8nes de zoonose ou le d\u00e9clenchement d’\u00e9pid\u00e9mies, comme ce fut le cas avec le SRAS entre 2002 et 2004, la peste porcine en 2009-2010, la fi\u00e8vre du Moyen-Orient depuis 2012, la grippe aviaire depuis 2013, la flamb\u00e9e d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, le Zika en Am\u00e9rique latine en 2015, jusqu’\u00e0 ce que le dernier de la s\u00e9rie \u2014 Covid-19 \u2014 devienne incontr\u00f4lable. <\/p>\n\n\n\n

Construire sur la lave d’une ville d\u00e9j\u00e0 d\u00e9truite deux fois est aussi rationnel que de continuer \u00e0 augmenter les \u00e9missions de combustibles fossiles, sachant que la plan\u00e8te se r\u00e9chauffe de plus en plus et perd son \u00e9quilibre. Ou peut-\u00eatre d\u00e9couvrirons-nous que vivre le long de la circonvolution n’est pas plus irr\u00e9fl\u00e9chi que d’accumuler des milliards de t\u00e9raoctets de donn\u00e9es num\u00e9riques dans des infrastructures toutes construites au m\u00eame endroit physique, quelque part en Islande, au Groenland ou en Virginie \u2014 le cloud \u2014 qu’une seule attaque d’un groupe terroriste peut d\u00e9truire d’un seul coup, pour effacer la m\u00e9moire du pr\u00e9sent de millions d’entreprises, de centaines de millions de femmes et d’hommes, et de leur argent, d\u00e9sormais exprim\u00e9 par une s\u00e9rie de z\u00e9ros et de uns dans des piles infinies de serveurs situ\u00e9s dans des endroits secrets et lointains. Bien s\u00fbr, le cloud est moins cher et plus efficace. Et bien s\u00fbr, il a souvent des sauvegardes \u2014 des copies de donn\u00e9es qu’Amazon Web Services, par exemple, permet de stocker dans d’autres \u00ab nuages \u00bb. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les sauvegardes co\u00fbtent de l’argent et, au nom de l’efficacit\u00e9, un op\u00e9rateur, quelque part, aura s\u00fbrement d\u00e9cid\u00e9 d’\u00ab optimiser \u00bb \u2014 et donc de ne pas en avoir \u2014 tout comme certaines banques de Wall Street ont d\u00e9cid\u00e9, il y a quinze ans, de ne pas assurer leurs investissements dans les pr\u00eats hypoth\u00e9caires \u00e0 risque. Il existe dans la vie un arbitrage entre l’int\u00e9r\u00eat imm\u00e9diat et la rationalit\u00e9 durable, que nous avons tous \u00e9norm\u00e9ment de mal \u00e0 comprendre.<\/p>\n\n\n\n

ll existe dans la vie un arbitrage entre l’int\u00e9r\u00eat imm\u00e9diat et la rationalit\u00e9 durable, que nous avons tous \u00e9norm\u00e9ment de mal \u00e0 comprendre. <\/p>Federico Fubini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

En cela, les habitants d’Herculanum sont beaucoup plus semblables \u00e0 nous dans leur structure mentale que nous ne le soup\u00e7onnons. Aujourd’hui, gr\u00e2ce au courage des habitants, qui ont d\u00e9nonc\u00e9 les bandes criminelles, il est possible de se promener dans le centre-ville \u00e0 la tomb\u00e9e de la nuit sans craindre de se faire agresser ou tirer dessus. La question demeure : cela a-t-il un sens ? Est-il logique d’accumuler toute cette densit\u00e9 de vie au pied d’une montagne remplie de lave ? Et est-ce pire que de d\u00e9localiser la production des ingr\u00e9dients de nos m\u00e9dicaments vitaux dans les m\u00eames pays lointains \u2014 Chine, Inde \u2014 que nous comprenons moins que nous ne voulons bien l’admettre ? Est-il plus irrationnel de prendre un ap\u00e9ritif \u00e0 Herculanum ou la transhumance annuelle \u00e0 Davos de quelques centaines de sp\u00e9cimens humains parmi les plus riches et les plus connect\u00e9s de la Terre \u2014 chacun avec son propre avion \u2014 pour d\u00e9clarer leur inqui\u00e9tude face au changement climatique ?<\/p>\n\n\n\n

J’ai visit\u00e9 Herculanum en emportant un questionnaire pour tenter de r\u00e9pondre \u00e0 mes propres questions. Je voulais comprendre ce qui traverse l’esprit de l’homme moyen dans l’incertitude radicale qui est la condition de cette ville et la marque de notre civilisation. <\/p>\n\n\n\n

Premi\u00e8re question : \u00ab Avez-vous d\u00e9j\u00e0 pens\u00e9 qu’il pouvait y avoir un risque \u00e0 vivre sur les pentes d’un volcan actif ? \u00bb La r\u00e9ponse d’un clone de Big Blue, l’ordinateur qui a battu Garry Kasparov aux \u00e9checs, devrait \u00eatre \u00ab oui, j’y ai souvent pens\u00e9 \u00bb. Maintenant, je ne tiens pas compte de certaines r\u00e9actions que j’ai recueillies ici et l\u00e0, du type \u00ab nous sommes les enfants du V\u00e9suve \u00bb. Je passerai \u00e9galement sous silence le t\u00e9moignage de Cira De Michele, soixante-neuf ans, mais d\u00e9j\u00e0 arri\u00e8re-grand-m\u00e8re : \u00ab Nous avons v\u00e9cu tant d’ann\u00e9es dans la coupe d’une bombe, mais nous ne nous en rendons pas compte parce que nous y sommes habitu\u00e9s \u00bb. Mme De Michele a parfaitement compris le pi\u00e8ge mental dans lequel l’humanit\u00e9 continue de tomber dans une \u00e8re de hauts et de bas. Plus le pr\u00e9sent reste identique au pass\u00e9, essaie-t-elle de me dire, plus les gens voient l’avenir comme une projection de ce qui s’est pass\u00e9 auparavant ; ils le font m\u00eame s’ils savent que c’est le contraire, car plus le temps passe, plus il est certain que le moment du r\u00e9veil du V\u00e9suve approche.<\/p>\n\n\n\n

Pour le reste, les r\u00e9ponses des habitants d’Herculanum \u00e0 la premi\u00e8re question (\u00ab Avez-vous d\u00e9j\u00e0 pens\u00e9 qu’il pouvait y avoir un risque \u00e0 vivre sur les pentes d’un volcan encore actif ? \u00bb) \u00e9taient plus nuanc\u00e9es :<\/p>\n\n\n\n

  • \u00ab Souvent \u00bb \u2014 28 %.<\/li>
  • \u00ab Rarement \u00bb \u2014 7,5 %. <\/li>
  • \u00ab Cela ne m’a jamais effleur\u00e9 \u00bb \u2014 7,5 %. <\/li>
  • \u00ab J’y ai pens\u00e9, mais je pr\u00e9f\u00e8re ne pas y penser \u00bb \u2014 57 %. <\/li><\/ul>\n\n\n\n

    En d’autres termes, deux tiers des habitants de cette ville font dispara\u00eetre le ph\u00e9nom\u00e8ne naturel au-dessus de leur t\u00eate. Ceux qui disent en \u00eatre conscients sont moins d’un tiers et, en fait, environ un tiers admet m\u00eame (deuxi\u00e8me question) avoir pens\u00e9 \u00e0 souscrire une assurance pour couvrir la menace que repr\u00e9sente le V\u00e9suve. <\/p>\n\n\n\n

    En r\u00e9alit\u00e9, ce n’est pas si simple. Les grandes compagnies d’assurance europ\u00e9ennes ne vendent aucune couverture contre le risque li\u00e9 au V\u00e9suve, car les compagnies de r\u00e9assurance refusent \u00e0 leur tour de couvrir, m\u00eame partiellement, les assureurs expos\u00e9s \u00e0 un tel \u00e9v\u00e9nement potentiellement catastrophique. L’ombre que le V\u00e9suve projette sur la population en contrebas n’est tout simplement pas consid\u00e9r\u00e9e comme assurable. \u00c0 n’importe quel prix. Cela n’a pas emp\u00each\u00e9 mon \u00e9chantillon d’Herculiens de r\u00e9pondre aussi patiemment \u00e0 la troisi\u00e8me question : \u00ab Vous \u00eates-vous d\u00e9j\u00e0 demand\u00e9 si le gouvernement devrait payer une assurance contre le risque pos\u00e9 par le volcan ? \u00bb<\/p>\n\n\n\n

    Des r\u00e9ponses :<\/p>\n\n\n\n

    • \u00ab Oui, je me suis pos\u00e9 la question et je pense que le gouvernement devrait le faire \u00bb \u2014 49,1 %.<\/li>
    • \u00ab Je me suis pos\u00e9 la question, mais je ne pense pas que le gouvernement devrait le faire \u00bb \u2014 10,1 %.<\/li>
    • \u00ab Je n’y ai jamais pens\u00e9 \u00bb \u2014 40,7 %. <\/li><\/ul>\n\n\n\n

      Si la grande majorit\u00e9 des citadins rejettent l’id\u00e9e que quelque chose puisse mal tourner, la moiti\u00e9 d’entre eux pensent que l’\u00c9tat devrait les prot\u00e9ger et les d\u00e9dommager si cela devait arriver. Elle devrait les prot\u00e9ger des cons\u00e9quences d’une \u00e9ventualit\u00e9 qu’ils refusent eux-m\u00eames d’envisager.<\/p>\n\n\n\n

      Logique ? Soyons honn\u00eates. Ce n’est pas moins logique que le raisonnement de nombreux investisseurs de Wall Street : apr\u00e8s s’\u00eatre enrichis en alimentant une bulle sp\u00e9culative colossale qui a fini par d\u00e9clencher une r\u00e9cession d\u00e9vastatrice, ils pr\u00e9tendent \u00eatre sauv\u00e9s par la cr\u00e9ation de dizaines de milliers de milliards de dollars \u00e0 partir de rien par les banques centrales. Et ce n’est pas moins logique que l’absence totale de masques de protection dans les entrep\u00f4ts de la Protection civile italienne \u00e0 l’hiver 2020, apr\u00e8s une succession d’\u00e9pid\u00e9mies de zoonoses \u2014 rappelez-vous : Sars, grippe aviaire, peste porcine, Mers, Ebola, Zika \u2014 pourrait laisser penser qu’un nouveau virus finirait par \u00e9chapper \u00e0 tout contr\u00f4le. La structure mentale des Herculiens n’est pas non plus moins rationnelle que celle des dirigeants de Boeing ou des principales compagnies a\u00e9riennes am\u00e9ricaines qui, au milieu de la r\u00e9cession due au coronavirus, ont rapidement demand\u00e9 \u2014 et obtenu \u2014 des renflouements publics aussi importants que les sommes qu’ils avaient d\u00e9pens\u00e9es les ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes pour racheter leurs propres actions. Ces entreprises avaient utilis\u00e9 toutes leurs liquidit\u00e9s, et m\u00eame une partie de la dette, pour distribuer de l’argent aux actionnaires, faisant grimper le cours de leurs actions et, avec lui, la valeur des options sur actions des dirigeants. Ils \u00e9taient en phase avec la majorit\u00e9 des habitants d’Herculanum \u00e0 la premi\u00e8re question : \u00ab Il m’est arriv\u00e9 de penser que quelque chose pourrait mal tourner, mais je pr\u00e9f\u00e8re ne pas y penser \u00bb ; puis, lors de la catastrophe, ils ont r\u00e9pondu comme les habitants d’Herculanum \u00e0 la troisi\u00e8me question : \u00ab Que l’\u00c9tat nous sauve \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

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      C’est un germe de populisme, lorsque l’assistance publique s’av\u00e8re \u00eatre l’option pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e de la majorit\u00e9 face \u00e0 un risque que nous avions refus\u00e9 d’envisager. Mais dans la vie r\u00e9elle, il existe des catastrophes contre lesquelles m\u00eame l’\u00c9tat le plus efficace ne peut pas nous prot\u00e9ger totalement ; \u00e9vacuer sept cent mille personnes lors de l’explosion d’un volcan peut \u00eatre impossible. Il en va de m\u00eame pour la protection de l’ensemble de la population contre toutes les cons\u00e9quences d’une pand\u00e9mie ou d’une crise financi\u00e8re internationale. La cons\u00e9quence est que si nous avions pens\u00e9 que le gouvernement allait r\u00e9soudre tous nos probl\u00e8mes, nous serons in\u00e9vitablement d\u00e9\u00e7us. L’\u00e9tape suivante consistera \u00e0 ha\u00efr l’\u00c9tat, les \u00ab \u00e9lites \u00bb, l’\u00ab establishment \u00bb, et \u00e0 devenir les disciples de ceux qui pr\u00eachent cette haine.<\/p>\n\n\n\n

      C’est un germe de populisme, lorsque l’assistance publique s’av\u00e8re \u00eatre l’option pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e de la majorit\u00e9 face \u00e0 un risque que nous avions refus\u00e9 d’envisager.<\/p>Federico Fubini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

      Quatre si\u00e8cles et quarante ans<\/h2>\n\n\n\n

      Maintenant, bien s\u00fbr, mon enqu\u00eate aupr\u00e8s d’une centaine d’habitants du V\u00e9suve n’est pas infaillible, loin de l\u00e0 ; j’admets que je l’ai produite et ex\u00e9cut\u00e9e \u00e0 la main. Mais au moins, cela permet de comprendre comment l’esprit humain ne fonctionne pas dans ce monde de r\u00e9seaux et de n\u0153uds vivants qui transmettent, amplifient et propagent chaque onde de choc dans les diff\u00e9rents domaines de l’action sociale. Il est clair que des centaines de milliers d’ann\u00e9es d’\u00e9volution n’ont pas form\u00e9 le cerveau humain pour qu’il sache s’orienter dans un syst\u00e8me qui proc\u00e8de par chocs, secousses et contaminations entre diff\u00e9rentes dimensions. Nous restons organis\u00e9s pour penser selon des processus lin\u00e9aires, m\u00eame maintenant que nous avons construit un monde hautement non lin\u00e9aire dans sa complexit\u00e9, sa connectivit\u00e9 et sa fragilit\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

      En soi, bien s\u00fbr, la progression par bonds a toujours exist\u00e9 dans l’histoire, m\u00eame si nous avons rarement vu une succession de diff\u00e9rentes discontinuit\u00e9s en l’espace d’une seule g\u00e9n\u00e9ration. La peste noire est arriv\u00e9e en Europe en 1347 en provenance du d\u00e9sert de Gobi et, en trois ou quatre ans, elle avait d\u00e9j\u00e0 tu\u00e9 un tiers de la population. Et nos p\u00e8res et grands-p\u00e8res qui ont v\u00e9cu la premi\u00e8re moiti\u00e9 du XXe si\u00e8cle ont particip\u00e9 \u00e0 une s\u00e9rie interminable de bouleversements. Non, la vitesse du changement n’est pas seulement l’apanage du XXIe si\u00e8cle. Mais si vous prenez un point de vue \u00e0 dix mille m\u00e8tres au-dessus du sol, le panorama de l’histoire mat\u00e9rielle qui vous est pr\u00e9sent\u00e9 est surtout celui d’une transformation si lente qu’elle est imperceptible pour ceux qui y ont v\u00e9cu. L’exp\u00e9rience des g\u00e9n\u00e9rations qui nous ont pr\u00e9c\u00e9d\u00e9s ne nous a pas pr\u00e9par\u00e9s \u00e0 g\u00e9rer psychologiquement ce qui, juste avant, semblait impensable. <\/p>\n\n\n\n

      De l’an 1 \u00e0 l’an 1300, le taux annuel moyen de croissance des revenus dans la majeure partie de l’Europe \u00e9tait de 0,08 % (selon la base de donn\u00e9es du projet Maddison). Pendant pr\u00e8s d’un mill\u00e9naire et demi, l’\u00ab Europ\u00e9en \u00bb moyen a g\u00e9n\u00e9ralement connu au cours de sa vie une augmentation de la production dans sa ville ou son village similaire \u00e0 ce que la plupart des habitants de la plan\u00e8te r\u00e9alisent en douze mois aujourd’hui. Et de 1301 \u00e0 1936, la croissance moyenne par habitant n’a \u00e9t\u00e9 que de 0,1 % par an. Comparez maintenant ce contexte avec ce qui s’est pass\u00e9 au cours des quarante ann\u00e9es qui ont pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 l’\u00e9clatement de la bulle des subprimes : le revenu de l’Europ\u00e9en moyen au cours de cette derni\u00e8re p\u00e9riode a augment\u00e9 deux fois plus vite que pendant tous les si\u00e8cles allant de l’exil de Dante de Florence \u00e0 la veille de la Seconde Guerre mondiale.<\/p>\n\n\n\n

      Quant au Chinois moyen, son niveau de revenu en 1970 \u00e9tait le m\u00eame que quatre si\u00e8cles plus t\u00f4t ; quarante ans plus tard, il avait d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 multipli\u00e9 par dix. La perception de la r\u00e9alit\u00e9 et l’ensemble du cerveau humain sont calibr\u00e9s sur une persistance plurimill\u00e9naire substantielle du monde qui nous entoure. Or, on nous demande aujourd’hui d’accepter et de pouvoir g\u00e9rer des changements mat\u00e9riels, technologiques, financiers, environnementaux ou sanitaires profonds et r\u00e9currents tout au long de notre vie. C’est peut-\u00eatre pour cela que nous continuons instinctivement \u00e0 esp\u00e9rer que l’avenir sera une continuation du pass\u00e9 sous une autre forme, et que nous nous sentons perdus lorsque les fractures du XXIe si\u00e8cle d\u00e9clenchent leurs processus d’amplification.<\/p>\n\n\n\n

      La perception de la r\u00e9alit\u00e9 et l’ensemble du cerveau humain sont calibr\u00e9s sur une persistance plurimill\u00e9naire substantielle du monde qui nous entoure. Or, on nous demande aujourd’hui d’accepter et de pouvoir g\u00e9rer des changements mat\u00e9riels, technologiques, financiers, environnementaux ou sanitaires profonds et r\u00e9currents tout au long de notre vie.<\/p>Federico Fubini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

      Comme l’\u00e9crit Angel Ubide, le cerveau humain n’est pas pr\u00e9par\u00e9 \u00e0 g\u00e9rer la nouveaut\u00e9 : il a besoin d’une partition pour l’aider \u00e0 s’orienter. Surtout, il ne comprend pas les processus qui ne sont pas lin\u00e9aires, m\u00eame quand ils seraient pr\u00e9visibles \u2014 par exemple, la progression exponentielle d’une contagion \u2014 et finit par g\u00e9n\u00e9rer une r\u00e9action psychologique auto-immune bas\u00e9e sur la panique. Mais la panique, \u00e0 son tour, entra\u00eene le d\u00e9clenchement de circuits non lin\u00e9aires toujours nouveaux, et donc des co\u00fbts exponentiels.<\/p>\n\n\n\n

      Un demi-million de dollars, utilis\u00e9 par Al-Qa\u00efda en 2001 pour entra\u00eener librement ses terroristes sur le sol am\u00e9ricain aux commandes d’un avion, a conduit dans les ann\u00e9es suivantes le gouvernement am\u00e9ricain \u00e0 d\u00e9penser trois mille trois cents milliards dans sa riposte : sept millions pour chaque dollar \u00ab investi \u00bb par Oussama Ben Laden, ainsi que deux guerres dans lesquelles sept mille soldats am\u00e9ricains et probablement sept cent mille civils et combattants sont morts en Irak et en Afghanistan. Chacune des victimes du 11 septembre a entra\u00een\u00e9 dans son sillage 2 300 morts violentes dans les ann\u00e9es qui ont suivi. Et tout cela, bien s\u00fbr, avant que l’Afghanistan ne soit rendu aux m\u00eames forces qui avaient nourri et prot\u00e9g\u00e9 Al-Qa\u00efda.<\/p>\n\n\n\n

      En septembre 2008, la faillite de Lehman Brothers, une banque de 26 000 employ\u00e9s, a contribu\u00e9 de mani\u00e8re d\u00e9cisive \u00e0 la destruction d’au moins dix millions d’emplois. Et le saut d’esp\u00e8ce d’un virus, un certain jour de 2019, dans la neuvi\u00e8me ville la plus peupl\u00e9e de Chine, a d\u00e9truit des centaines de millions d’emplois et d\u00e9clench\u00e9 une catastrophe \u00e9conomique mondiale qui a tr\u00e8s peu de comparaisons en temps de paix.<\/p>\n\n\n\n

      Pourtant, nous ignorons le risque jusqu’\u00e0 ce qu’il nous confronte, nous emp\u00eachant de voir et de comprendre autre chose. Ou peut-\u00eatre que nous, les gens de cet \u00e2ge, n’avons pas encore une architecture mentale qui correspond \u00e0 la structure des incertitudes inh\u00e9rentes \u00e0 notre mode de vie. Nous avons cr\u00e9\u00e9 un contexte de risque syst\u00e9mique aigu, dans lequel nous \u00e9voluons chaque jour, mais entre-temps, nous avons laiss\u00e9 grandir en nous un rejet radical de l’incertitude. Nous ne pouvons pas l’accepter dans une certaine mesure, et cela nous bloque, car il y a une incompatibilit\u00e9 rampante entre le type de syst\u00e8me que nous avons construit et l’\u00e9tat d’esprit dans lequel nous voulons vivre en son sein.<\/p>\n\n\n\n

      Nous avons cr\u00e9\u00e9 un contexte de risque syst\u00e9mique aigu, dans lequel nous \u00e9voluons chaque jour, mais entre-temps, nous avons laiss\u00e9 grandir en nous un rejet radical de l’incertitude.<\/p>Federico Fubini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

      Le concept m\u00eame de \u00ab risque r\u00e9siduel \u00bb doit \u00eatre revu. Sur les march\u00e9s financiers, c’est ainsi que l’on d\u00e9crit l’hypoth\u00e8se selon laquelle un \u00e9v\u00e9nement exceptionnel va se produire, un \u00e9v\u00e9nement que les analystes placent dans la \u00ab queue \u00bb d’une distribution statistique. Imaginez un graphique repr\u00e9sentant une courbe en forme de cloche, o\u00f9 le centre sup\u00e9rieur contient les r\u00e9sultats consid\u00e9r\u00e9s comme probables, les \u00e9v\u00e9nements qui se r\u00e9p\u00e8tent r\u00e9guli\u00e8rement ; les c\u00f4t\u00e9s inf\u00e9rieurs droit et gauche sont les \u00e9v\u00e9nements rares et exceptionnels. Dans le centre sup\u00e9rieur du graphique de la cloche, le Titanic quitte Queenstown, en Irlande, le 11 avril 1912 et accoste sans encombre \u00e0 New York. Dans la \u00ab queue \u00bb, le Titanic heurte un iceberg au large de l’\u00eele de Terre-Neuve le 14 avril et coule. Un sc\u00e9nario qui se situe \u00e0 un point extr\u00eamement bas de la distribution de probabilit\u00e9 mais qui a des cons\u00e9quences extr\u00eamement importantes s’il se produit est d\u00e9crit comme suit : le risque de queue. Mais la queue de quoi ? File d’attente d’un secteur, d’un seul silo d’action humaine. \u00ab La ‘queue’ donne le sentiment d’\u00eatre en arri\u00e8re, soit basse, soit petite par rapport au reste du corps. \u00bb Mais qu’est-ce que le corps ? Une queue de quoi ?<\/p>\n\n\n\n

      \n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
      \u00a9CATERS NEWS AGENCY\/SIPA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

      De plus en plus, le syst\u00e8me mondial est compos\u00e9 de nombreux organes, de nombreux silos interconnect\u00e9s par des canaux visibles et invisibles, compris et moins compris. Qui aurait pu croire qu’un \u00e9v\u00e9nement imperceptible \u00e0 Wuhan \u2014 encore entour\u00e9 de myst\u00e8re \u2014 pourrait entra\u00eener les premiers prix n\u00e9gatifs du p\u00e9trole de l’histoire ? Les retomb\u00e9es, c’est-\u00e0-dire les d\u00e9bordements potentiellement catastrophiques d’un secteur de l’activit\u00e9 humaine \u00e0 un autre, sont innombrables et les silos, chacun avec son propre risque \u00ab r\u00e9siduel \u00bb, sont nombreux. Dans chaque cas, la probabilit\u00e9 d’un \u00e9v\u00e9nement extr\u00eame est faible, mais elle doit maintenant \u00eatre multipli\u00e9e par quinze, vingt ou n’importe quel nombre de silos interconnect\u00e9s par des fils plus ou moins souterrains : finance, migration, climat, biodiversit\u00e9, r\u00e9seaux et archives num\u00e9riques, pand\u00e9mies, populisme, r\u00e9volutions, guerres, commerce et protectionnisme, r\u00e9seaux \u00e9lectriques, accidents nucl\u00e9aires, tremblement de terre \u00e0 l’endroit o\u00f9 se concentre 90 % d’un certain type de semi-conducteur, sans lequel des cha\u00eenes de production enti\u00e8res dans le monde s’arr\u00eateraient. <\/p>\n\n\n\n

      Ainsi, d\u00e9but 2011, un vendeur de fruits s’est immol\u00e9 par le feu \u00e0 Sidi Bouzid, une ville insignifiante du centre de la Tunisie, d\u00e9clenchant une cha\u00eene d’\u00e9v\u00e9nements qui a sem\u00e9 le chaos en Libye et une guerre en Syrie qui renforcerait le r\u00f4le international de Vladimir Poutine une d\u00e9cennie plus tard. Encore en janvier 2007, rien de tout cela ne serait probablement arriv\u00e9, car les amis du marchand de l\u00e9gumes de Sidi Bouzid n’auraient pas eu Facebook pour relancer les vid\u00e9os de leurs premi\u00e8res manifestations, d\u00e9clenchant une sorte de contagion psychologique en Tunisie puis dans tout le monde arabe. En 2011, toutefois, ce premier \u00e9v\u00e9nement isol\u00e9 a d\u00e9clench\u00e9 une s\u00e9rie de r\u00e9percussions, notamment une augmentation de l’immigration irr\u00e9guli\u00e8re en M\u00e9diterran\u00e9e en provenance d’\u00c9tats en d\u00e9liquescence tels que la Syrie et la Libye. Cela alimenterait \u00e0 son tour une vague chauvine en Italie qui augmenterait la perception \u00e0 Wall Street en 2018 du risque que l’Italie quitte l’euro. Elle fera rapidement grimper le co\u00fbt de la dette italienne, rendant plus probable un d\u00e9faut de paiement de l’\u00c9tat et le sentiment rampant d’ins\u00e9curit\u00e9 des citoyens quant \u00e0 l’avenir. <\/p>\n\n\n\n

      Je ne fais que d\u00e9crire des faits qui se sont r\u00e9ellement produits. Aucun d’entre eux n’offre une explication exclusive des \u00e9v\u00e9nements ult\u00e9rieurs, bien s\u00fbr ; mais chacun d’entre eux constitue un ingr\u00e9dient impossible \u00e0 ignorer si l’on veut les comprendre.<\/p>\n\n\n\n

      Ainsi, toute fracture dans un seul de ces syst\u00e8mes est vou\u00e9e \u00e0 se propager, car chacun est connect\u00e9 aux autres. La stabilit\u00e9 de chacun des r\u00e9seaux, l’\u00e9quilibre de chacun des silos de l’action humaine d\u00e9pend des autres : tous sont trop int\u00e9gr\u00e9s et communiquent entre eux pour pouvoir contenir en eux-m\u00eames leurs propres incertitudes et s’isoler de celles des autres. Dans chaque syst\u00e8me, il est peu probable que quelque chose se passe mal. Mais une fois multipli\u00e9e par quinze ou vingt, on d\u00e9couvre que la probabilit\u00e9 d’un coup du sort n’est plus aussi faible que les acteurs des march\u00e9s financiers le croyaient il y a quelques ann\u00e9es. Il y a simplement trop de canaux par lesquels chaque choc se propage. C’est l’une des raisons pour lesquelles, en l’espace d’une seule d\u00e9cennie, notre g\u00e9n\u00e9ration a d\u00e9j\u00e0 connu deux catastrophes macro\u00e9conomiques du type de celles qui sont rest\u00e9es dans la l\u00e9gende au cours des deux derniers si\u00e8cles.<\/p>\n\n\n\n

      Dans chaque syst\u00e8me, il est peu probable que quelque chose se passe mal. Mais une fois multipli\u00e9e par quinze ou vingt, on d\u00e9couvre que la probabilit\u00e9 d’un coup du sort n’est plus aussi faible que les acteurs des march\u00e9s financiers le croyaient il y a quelques ann\u00e9es.<\/p>Federico Fubini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

      \n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
      \u00a9CATERS NEWS AGENCY\/SIPA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

      S’attaquer \u00e0 ces fragilit\u00e9s de la mondialisation pour la sauver \u2014 et non la d\u00e9faire \u2014 est donc la t\u00e2che qui attend l’humanit\u00e9 au XXIe si\u00e8cle. Apr\u00e8s tout, il ne s’agirait pas d’inventer quoi que ce soit d’original. Dans les h\u00f4tels, il y a des zones que le feu ne peut pas atteindre parce qu’une isolation appropri\u00e9e a \u00e9t\u00e9 construite. Si un incendie se d\u00e9clare dans une pi\u00e8ce, il ne se propage pas aux autres, mais s’arr\u00eate aux portes coupe-feu situ\u00e9es le long des couloirs. Dans les syst\u00e8mes d\u00e9mocratiques, aucune autorit\u00e9 ne peut abuser de sa fonction, car d’autres institutions ind\u00e9pendantes de celle-ci peuvent intervenir pour contenir et d\u00e9samorcer une fonction qui d\u00e9passe ses limites. Il suffirait d’appliquer la sagesse des ma\u00eetres d’\u0153uvre ou celle des p\u00e8res fondateurs du lib\u00e9ralisme politique, qui abhorraient le gigantisme, l’opacit\u00e9 et la concentration des pouvoirs.<\/p>\n\n\n\n

      Mais consid\u00e9rons maintenant ce graphique :<\/p>\n\n\n\n

      \n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

      L’image couvre un peu plus d’une centaine de pays, les plus importants du monde par la taille de leur population. Sur l’axe vertical, ils sont class\u00e9s selon l’\u00e2ge moyen de leur population : les plus jeunes ont moins de vingt ans, les plus \u00e2g\u00e9s presque cinquante ans. Sur l’axe horizontal, ces m\u00eames pays sont class\u00e9s en fonction des droits personnels et politiques et des libert\u00e9s civiles, selon le score publi\u00e9 chaque ann\u00e9e par Freedom House. Les syst\u00e8mes politiques les moins libres se trouvent \u00e0 gauche avec un score plus proche de 1, tandis que les plus libres se trouvent \u00e0 droite avec un score plus proche de 100. <\/p>\n\n\n\n

      Comme vous pouvez le voir, il y a un \u00e9paississement en haut \u00e0 droite du graphique. C’est nous, les soci\u00e9t\u00e9s les plus anciennes de la Terre, organis\u00e9es sous la forme de d\u00e9mocraties matures. Mais remarquez ceci : sur cette image, vous ne voyez pas un seul point en bas \u00e0 droite, il n’y a pas un seul pays \u00e0 peine important dans le monde qui soit habit\u00e9 par des gens libres mais jeunes. Les populations libres sont g\u00e9n\u00e9ralement les plus \u00e2g\u00e9es du monde et, au sein de ces populations, les personnes \u00e2g\u00e9es ont un poids plus que proportionnel, car elles ont tendance \u00e0 voter davantage que les jeunes. <\/p>\n\n\n\n

      Cela nous rend plus lents \u00e0 comprendre le changement, plus susceptibles de voir l’avenir comme une simple projection du pass\u00e9. Parall\u00e8lement, les scores de Freedom House baissent dans les pays o\u00f9 la population est plus jeune : ces derniers sont moins libres, mais g\u00e9n\u00e9ralement plus ouverts au changement que nous. Cela ne fait qu’ajouter \u00e0 l’incertitude radicale qui r\u00e8gne au 21e si\u00e8cle. Car, alors que la crise financi\u00e8re de 2008-2012 \u00e9tait un produit typique de l’Occident d\u00e9mocratique, les syst\u00e8mes politiques opaques d’aujourd’hui deviennent de parfaits incubateurs de risques syst\u00e9miques tels que les pand\u00e9mies, la destruction de l’environnement, le changement climatique, les \u00e9meutes, les migrations de masse, le terrorisme. On peut difficilement croire que le Covid-19 aurait \u00e9chapp\u00e9 au contr\u00f4le de la m\u00eame mani\u00e8re si la premi\u00e8re zoonose avait eu lieu au Danemark et non \u00e0 Wuhan. Peut-\u00eatre m\u00eame que Xi Jinping, lors de sa prochaine visite d’\u00c9tat en Italie, pourrait tirer quelques r\u00e9flexions utiles d’une promenade dans les ruines imp\u00e9riales d’Herculanum.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

      La d\u00e9cision de construire et d’habiter sur le flanc d’un volcan susceptible d’entrer en \u00e9ruption est-elle si irrationnelle  ? 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