{"id":114708,"date":"2021-07-28T11:10:11","date_gmt":"2021-07-28T09:10:11","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=114708"},"modified":"2021-07-29T09:33:49","modified_gmt":"2021-07-29T07:33:49","slug":"grand-tour-michel-foucher","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/07\/28\/grand-tour-michel-foucher\/","title":{"rendered":"\u00ab Pour comprendre les pays baltes, l’\u00e9chelle pertinente est celle de l\u2019isthme \u00bb, conversation avec Michel Foucher"},"content":{"rendered":"\n
\u00ab Grand Tour \u00bb, s\u00e9rie d\u2019\u00e9t\u00e9 3\/11. Cet \u00e9t\u00e9, nous vous invitons \u00e0 voyager en Europe en explorant les rapports entre des personnalit\u00e9s intellectuelles et des lieux du continent o\u00f9 elles ne vivent pas et o\u00f9 elles ne sont pas n\u00e9es \u2013 mais qui ont jou\u00e9 un r\u00f4le clef dans leur trajectoire.<\/em><\/p>\n\n\n\n Apr\u00e8s ma th\u00e8se soutenue en Sorbonne en 1986, qui portait sur les fronts et les fronti\u00e8res dans les \u00c9tats du Tiers-monde, avec des \u00e9tudes de cas (Nicaragua, Ciskei sud-africain, ligne verte isra\u00e9lo-palestinienne et ligne Durand afghano-pakistanaise), mon \u00e9diteur, \u00c9ric Vigne, voyant l\u2019int\u00e9r\u00eat du sujet, m\u2019a demand\u00e9 de poursuivre ma recherche et de traiter aussi du Nord, c\u2019est-\u00e0-dire des trois grands syst\u00e8mes g\u00e9opolitiques (l\u2019Am\u00e9rique du Nord, l\u2019Europe et l\u2019Union sovi\u00e9tique) de fa\u00e7on \u00e0 avoir un tour du monde complet. D\u2019o\u00f9 le sous-titre \u00ab un tour du monde g\u00e9opolitique \u00bb qui figure en couverture du livre tir\u00e9 de ma th\u00e8se publi\u00e9 chez Fayard en 1988 sous le titre Fronts et fronti\u00e8res<\/em>. C\u2019est \u00e0 ce moment-l\u00e0 que je me suis pench\u00e9 sur l\u2019Europe sous l\u2019angle des fronti\u00e8res, ce qui est particuli\u00e8rement int\u00e9ressant dans la mesure o\u00f9 il s\u2019agit de l\u2019espace le plus fragment\u00e9 du monde, avec une histoire frontali\u00e8re mill\u00e9naire. Gorbatchev \u00e9tait alors \u00e0 la t\u00eate de l\u2019URSS et on voyait que les choses bougeaient. Une sorte de printemps des peuples se pr\u00e9parait. \u00c0 l\u2019\u00e9poque, je travaillais d\u00e9j\u00e0 avec l\u2019\u00c9lys\u00e9e, au sein du Centre d\u2019analyse et de pr\u00e9vision du Quai d\u2019Orsay, sous la cohabitation. Je voyais donc bien l\u2019int\u00e9r\u00eat pratique de tout cela, notamment \u00e0 travers la question sensible des minorit\u00e9s. Une analyse cartographique fine r\u00e9v\u00e9lait que ces minorit\u00e9s \u00e9taient surtout situ\u00e9es aux confins des empires. C\u2019\u00e9tait comme si les empires avaient fonctionn\u00e9 comme des bulldozers poussant une masse devant eux. On le voit tr\u00e8s clairement dans les Krajina (Croatie, Bosnie-Herz\u00e9govine, Vo\u00efvodine), dans les pays baltes avec les minorit\u00e9s russes et bi\u00e9lorusses, ainsi qu\u2019en Europe centrale avec les cons\u00e9quences de Versailles.<\/p>\n\n\n\n Les pays baltes repr\u00e9sentent un exemple typique d\u2019une aire de flux et de reflux des limites imp\u00e9riales qui commence avec l\u2019empire allemand, la R\u00e9publique des deux nations (polono-lituanienne), l\u2019empire russe, l\u2019empire su\u00e9dois puis l\u2019empire am\u00e9ricain via l\u2019OTAN. C\u2019est une zone de battement avec toujours comme enjeu, \u00e0 l\u2019arri\u00e8re-plan, le contr\u00f4le des littoraux, des ports de la Baltique et des fleuves mais surtout de l\u2019isthme Baltique\/mer Noire qui a toujours rev\u00eatu une importance capitale dans l\u2019histoire europ\u00e9enne. Beaucoup de drames se sont jou\u00e9s l\u00e0, une cartographie des batailles suffit \u00e0 s\u2019en convaincre. La Daugava \u00e9tait utilis\u00e9e par les Var\u00e8gues pour aller jusqu\u2019\u00e0 l\u2019interfluve entre Daugava et Dniepr, o\u00f9 ils mettaient leurs bateaux sur des rondins pour ensuite descendre le Dniepr : Kiev est une ville var\u00e8gue et les Rus ne sont pas des Russes mais des Var\u00e8gues, des Su\u00e9dois. Une autre fronti\u00e8re qui m\u2019int\u00e9ressait \u00e9tait celle de la Contre-R\u00e9forme qui part d\u2019Italie et ouvre un coin entre les mondes orthodoxe, musulman et r\u00e9form\u00e9. Il y a \u00e9galement une limite tr\u00e8s ancienne entre les Slaves et les Germains, qui n\u2019a jamais boug\u00e9, qui part de Saint-P\u00e9tersbourg pour descendre jusqu\u2019en Ukraine, avec d\u2019un c\u00f4t\u00e9 les barons baltes, les \u00e9v\u00eaques (Riga a \u00e9t\u00e9 fond\u00e9e par l\u2019\u00e9v\u00eaque de Br\u00eame), les chevaliers porte-glaive qui ne pouvaient plus aller \u00e0 J\u00e9rusalem et puis les J\u00e9suites qui ont \u00e9t\u00e9 les soldats de la Contre-R\u00e9forme. C\u2019est une limite qui n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 franchie dont on trouve aujourd\u2019hui encore les traces \u00e0 Narva en Estonie et Daugavpils dans l\u2019est de la Lettonie. L\u2019\u00e9chelle pertinente pour comprendre les pays baltes, c\u2019est donc celle de l\u2019isthme. La grande bataille de Poltava qui opposa en 1709 Pierre le Grand \u00e0 Charles XII de Su\u00e8de se d\u00e9roula juste \u00e0 l\u2019est du Dniepr, au nord de l\u2019actuel Dniepropetrovsk. C\u2019est l\u00e0 que s\u2019est jou\u00e9 le d\u00e9clin de la grande puissance su\u00e9doise et la mont\u00e9e en puissance de la Russie. Le contr\u00f4le de l\u2019isthme dont font partie les pays baltes \u00e9tait donc crucial, ce que Staline comprendra d\u2019ailleurs tr\u00e8s bien plus tard.<\/p>\n\n\n\n L\u2019\u00e9chelle pertinente pour comprendre les pays baltes, c\u2019est donc celle de l\u2019isthme. La grande bataille de Poltava qui opposa en 1709 Pierre le Grand \u00e0 Charles XII de Su\u00e8de se d\u00e9roula juste \u00e0 l\u2019est du Dniepr, au nord de l\u2019actuel Dniepropetrovsk. C\u2019est l\u00e0 que s\u2019est jou\u00e9 le d\u00e9clin de la grande puissance su\u00e9doise et la mont\u00e9e en puissance de la Russie. Le contr\u00f4le de l\u2019isthme dont font partie les pays baltes \u00e9tait donc crucial, ce que Staline comprendra d\u2019ailleurs tr\u00e8s bien plus tard. <\/p>Michel Foucher<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Le contact avec le monde balte est effectivement d\u2019abord indirect. En cette fin des ann\u00e9es 1980, je travaillais d\u00e9j\u00e0 \u00e9troitement avec la cellule diplomatique de l\u2019\u00c9lys\u00e9e sur les affaires europ\u00e9ennes. Dans mon livre Fronts et fronti\u00e8res<\/em>, paru en 1988, je propose d\u2019ailleurs une r\u00e9ponse \u00e0 la \u00ab maison commune \u00bb de Gorbatchev que j\u2019appelle la conf\u00e9d\u00e9ration des \u00c9tats d\u00e9mocratiques europ\u00e9ens. Je n\u2019avais en effet pas confiance dans l\u2019id\u00e9e de maison commune qui \u00e9tait une Europe dans laquelle la Russie sovi\u00e9tique aurait un poids consid\u00e9rable et dont les Am\u00e9ricains seraient partis : le grand continent sans les Am\u00e9ricains, fantasme russo-sovi\u00e9tique r\u00e9current. \u00c0 l\u2019\u00c9lys\u00e9e, le probl\u00e8me \u00e9tait de d\u00e9terminer s\u2019il fallait reconna\u00eetre rapidement l\u2019ind\u00e9pendance des pays baltes au risque d\u2019affaiblir Gorbatchev. Il y avait deux lignes \u00e0 ce sujet. Celle de Mitterrand qui voyait Gorbatchev avec Kohl et pressentait que Bush et Thatcher voulaient le faire tomber. La ligne de Kohl et de Mitterrand \u00e9tait au contraire d\u2019aider Gorbatchev afin de maintenir les \u00e9quilibres europ\u00e9ens. Roland Dumas, fils d\u2019un r\u00e9sistant fusill\u00e9 et lui-m\u00eame r\u00e9sistant, \u00e9tait tr\u00e8s sensible \u00e0 cette \u00e9mancipation en cours. Il fut le premier ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res europ\u00e9en \u00e0 se pr\u00e9cipiter dans les pays baltes (les trois en deux fois) en 1991. Mitterrand lui avait dit : \u00ab faites comme vous voulez, vous savez ce que j\u2019en pense \u00bb. Il y est accueilli avec \u00e9motion, deux des trois \u00c9tats baltes donnant au quai d\u2019Orsay les locaux du KGB pour \u00eatre nos ambassades et en retour, nous les aidons \u00e0 r\u00e9cup\u00e9rer des locaux \u00e0 Paris. Depuis Paris, je suivais cela de pr\u00e8s et j\u2019y consacre un gros chapitre dans Fragments d\u2019Europe<\/em> (1993). La d\u00e9couverte plus sensible de la probl\u00e9matique baltique remonte \u00e0 ma visite \u00e0 Gdansk le 1er<\/sup> mai 1989, soit le premier \u00ab 1er<\/sup> mai \u00bb libre o\u00f9 s\u2019oppos\u00e8rent, sans incident, un d\u00e9fil\u00e9 du parti ouvrier unifi\u00e9 polonais et les militants de Solidarit\u00e9. Je venais \u00e0 Gdansk n\u00e9gocier la partie non-officielle de la visite de Fran\u00e7ois Mitterrand aupr\u00e8s de Lech Walesa, qu\u2019il effectua le mois suivant, entre les deux tours des \u00e9lections \u00e0 la Di\u00e8te. J\u2019ai alors d\u00e9couvert une ville hans\u00e9atique : une ville littorale avec ses entrep\u00f4ts tr\u00e8s hauts, ses toits tr\u00e8s pentus et ses gros crochets ext\u00e9rieurs pour monter et descendre les marchandises. C\u2019est toutefois surtout \u00e0 partir de mon arriv\u00e9e \u00e0 l\u2019ambassade de France \u00e0 Riga en 2002 que j\u2019ai vraiment pu explorer le monde balte de l\u2019int\u00e9rieur.<\/p>\n\n\n\n L\u2019un des \u00e9l\u00e9ments naturels qui m\u2019ont le plus marqu\u00e9, c\u2019est la mer gel\u00e9e en hiver, sur des centaines de m\u00e8tres, sur laquelle on pouvait marcher. Je n\u2019avais jamais vu cela. Quand j\u2019avais des visiteurs l\u2019hiver, c\u2019est l\u00e0 que je les emmenais. J\u2019ai \u00e9galement un faible pour l\u2019\u00e9glise baroque, donc catholique, la plus septentrionale d\u2019Europe, qui s\u2019appelle Indica. Il s\u2019agit d\u2019une toute petite \u00e9glise dominicaine en bois de style baroque, situ\u00e9e en Latgale, \u00e0 la fronti\u00e8re de la Bi\u00e9lorussie. C\u2019est tout un symbole : on est l\u00e0 vraiment \u00e0 la fronti\u00e8re du protestantisme, du catholicisme et de l\u2019orthodoxie.<\/p>\n\n\n\n Je ne le crois pas. La diversit\u00e9 prime sur l\u2019unit\u00e9. D\u2019abord sur le plan linguistique : l\u2019estonien est proche du finlandais (c\u2019est du finno-ougrien) alors que le letton et le lituanien sont des langues indo-europ\u00e9ennes volontairement non modernis\u00e9es, comme le polonais, de fa\u00e7on \u00e0 conserver un fondement identitaire \u00e0 forte teneur symbolique. Ce sont des langues \u00e0 ton et \u00e0 d\u00e9clinaison extr\u00eamement difficiles \u00e0 apprendre ainsi que j\u2019ai pu l\u2019exp\u00e9rimenter lorsque j\u2019ai entrepris d\u2019apprendre le letton, dans lequel je faisais l\u2019effort de prononcer tous mes discours d\u2019ambassadeur. Tout au long de mon s\u00e9jour \u00e0 Riga, cette question de l\u2019unit\u00e9 et de la diversit\u00e9 s\u2019est pos\u00e9e \u00e0 moi. Je voyais plus les diff\u00e9rences que les ressemblances. J\u2019avais en t\u00eate le pr\u00e9c\u00e9dent du Benelux. Mais tous les r\u00e9seaux \u00e9nerg\u00e9tiques, routiers ou ferroviaires des pays baltes sont orient\u00e9s est-ouest : Moscou-Riga, Moscou-Tallinn, Moscou-Vilnius-Kaliningrad. L\u2019insertion dans l\u2019Union europ\u00e9enne supposait d\u2019avoir des r\u00e9seaux plus ind\u00e9pendants, donc orient\u00e9s nord-sud (Finlande-Pologne), ce qui supposait que les grands \u00c9tats de la zone acceptent cela. J\u2019en ai parl\u00e9 tr\u00e8s vite \u00e0 l\u2019ambassadeur de Pologne, mais les Polonais, pendant tr\u00e8s longtemps, ne s\u2019y sont pas int\u00e9ress\u00e9s. Maintenant, il y a un projet ferroviaire Rail Baltica, des projets de pont ou de tunnel entre Tallin et Helsinki, une r\u00e9flexion sur l\u2019ind\u00e9pendance \u00e9nerg\u00e9tique, la question du nucl\u00e9aire en Lituanie, etc. Il n\u2019y a donc pas d\u2019\u00e9quivalent balte du Benelux m\u00eame si les trois \u00c9tats baltes ont souvent des positions similaires. Ces trois \u00c9tats ont au demeurant aussi bien des choses en commun : les barons baltes, l\u2019\u00e9vang\u00e9lisation tardive, le rapport \u00e0 la Russie (ils \u00e9taient la Russie d\u2019Europe), l\u2019Union europ\u00e9enne, l\u2019OTAN, le r\u00f4le essentiel des diasporas (quand j\u2019\u00e9tais en Lettonie, la pr\u00e9sidente \u00e9tait d\u2019origine canadienne, le pr\u00e9sident lituanien \u00e9tait am\u00e9ricain et celui de l\u2019Estonie \u00e9tait am\u00e9ricano-su\u00e9dois). Mais les diff\u00e9rences sont aussi nombreuses : les langues, je l\u2019ai dit, le poids tr\u00e8s variable des minorit\u00e9s (important en Lettonie, concentr\u00e9 g\u00e9ographiquement en Estonie, tr\u00e8s faible en Lituanie), les religions (deux protestants, un catholique), une tradition imp\u00e9riale en Lituanie. Mais ces pays se concertent au sein de l\u2019OTAN et de l\u2019UE. Il y a une \u00e9mulation utile entre eux. Ils partagent \u00e9galement une conception tr\u00e8s lib\u00e9rale de l\u2019\u00e9conomie et sont \u00e0 l\u2019aise dans cette \u00ab Europe des marchands \u00bb, qui s\u2019\u00e9tendait de Londres \u00e0 Helsinki en passant par La Haye et Copenhague. Ce sous-ensemble europ\u00e9en est orphelin du d\u00e9part des Britanniques ; pragmatique et ouvert, il s\u2019adapte.<\/p>\n\n\n\n Il y a une \u00e9mulation utile entre les \u00c9tats baltes. Ils partagent \u00e9galement une conception tr\u00e8s lib\u00e9rale de l\u2019\u00e9conomie et sont \u00e0 l\u2019aise dans cette \u00ab Europe des marchands \u00bb, qui s\u2019\u00e9tendait de Londres \u00e0 Helsinki en passant par La Haye et Copenhague. Ce sous-ensemble europ\u00e9en est orphelin du d\u00e9part des Britanniques ; pragmatique et ouvert, il s\u2019adapte. <\/p> Michel Foucher <\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n En Europe de l\u2019Ouest, la Seconde Guerre mondiale \u00e9tait binaire : on \u00e9tait pour ou contre Hitler. Dans les pays baltes, il y avait trois acteurs : les populations concern\u00e9es, Staline et Hitler. Comme pendant la guerre d\u2019Espagne, les familles \u00e9taient divis\u00e9es. Certains attendaient d\u2019Hitler un retour \u00e0 l\u2019ind\u00e9pendance supprim\u00e9e par le pacte Ribbentrop-Molotov. D\u2019autres s\u2019engageaient au c\u00f4t\u00e9 de Staline dans un sch\u00e9ma progressiste. Cela est tr\u00e8s bien racont\u00e9 par l\u2019\u00e9crivaine esto-finlandaise Sofi Oksanen dans son livre Purge<\/em>. Dans le voisinage avec la Russie, la Lituanie est en position de force du fait du corridor ferroviaire qui m\u00e8ne \u00e0 Kaliningrad. Kaliningrad est une exclave russe militaris\u00e9e o\u00f9 se trouve le seul port russe de la Baltique \u00e0 n\u2019\u00eatre pas pris par les glaces l\u2019hiver : Baltiisk. Mais il est situ\u00e9 \u00e0 42 kilom\u00e8tres de la mer \u00e0 laquelle il est reli\u00e9 par un long chenal. C\u2019est l\u00e0 que se trouve l\u2019\u00e9tat-major de la flotte russe de la Baltique. Il y a aussi \u00e0 Kaliningrad des missiles \u00e0 courte-port\u00e9e Iskander \u00e0 t\u00eate nucl\u00e9aire, install\u00e9s face \u00e0 la pr\u00e9sence des troupes de l\u2019OTAN en Pologne et dans les pays baltes, y compris les aviateurs fran\u00e7ais de la police du ciel. Vu de Moscou, Kaliningrad est une \u00e9pine dans le pied de l\u2019OTAN, un avant-poste militaire. Plus largement, Moscou accorde une grande attention \u00e0 la question des minorit\u00e9s russes priv\u00e9es du droit de votre ou de la nationalit\u00e9 des pays baltes. Il y a toutefois une russophilie culturelle dans les pays baltes : si les relations \u00e9taient apais\u00e9es, une Russie d\u00e9mocratique aurait ses meilleurs amis dans l\u2019ancienne Russie d\u2019Europe. <\/p>\n\n\n\n De son c\u00f4t\u00e9, l\u2019Allemagne est pr\u00e9sente sur le plan \u00e9conomique dans les pays baltes, mais elle n\u2019est pas seule. Il y a aussi la Su\u00e8de (pour qui les pays baltes sont un glacis : c\u2019est la continuation de l\u2019affrontement entre Charles XII et Pierre le Grand), la Finlande qui veille sur le petit fr\u00e8re estonien et conna\u00eet bien tr\u00e8s bien les Russes et en sont respect\u00e9s, le Danemark, la Norv\u00e8ge et le Royaume-Uni (c\u2019est l\u2019anglais, beaucoup plus que l\u2019allemand, qui a remplac\u00e9 le russe). Il demeure une toute petite minorit\u00e9 allemande \u00e0 Kaliningrad et il existe une v\u00e9ritable nostalgie allemande dont t\u00e9moignent le tourisme, les voyages d\u2019affaires et m\u00eame des achats de terres sous des pr\u00eate-nom. Les groupes de pression allemands r\u00eavent de cr\u00e9er une Euro r\u00e9gion pour internationaliser cette enclave militaire, mais cela ne se fera jamais. <\/p>\n\n\n\n Pour les pays baltes les \u00c9tats-Unis sont le garant de dernier recours, et ce d\u2019autant qu\u2019ils n\u2019ont jamais reconnu l\u2019annexion des Baltes et ont gard\u00e9 leurs ambassades \u00e0 Washington. Toutefois, contrairement \u00e0 ce qu\u2019on pense, l\u2019extension de l\u2019Otan aux pays baltes n\u2019\u00e9tait pas \u00e9vidente pour Washington. C\u2019est Ron Asmus, diplomate am\u00e9ricain d\u2019origine lituanienne, qui a convaincu Bill Clinton qu\u2019il fallait le faire. Depuis, des centres d\u2019excellence de l\u2019OTAN ont \u00e9t\u00e9 implant\u00e9s dans les pays baltes, notamment celui d\u00e9volu \u00e0 la cyber s\u00e9curit\u00e9 qui se trouve \u00e0 Tallinn en Estonie, pays victime de cyberattaques de hackers patriotes russes. Par ailleurs, les dirigeants baltes sont id\u00e9ologiquement tr\u00e8s proches des \u00c9tats-Unis et, je l\u2019ai dit, de leur capitalisme ultra-lib\u00e9ral : le balancier est pass\u00e9 tr\u00e8s brutalement du collectivisme planificateur \u00e0 l\u2019ultralib\u00e9ralisme. Trump et le Brexit ont donc constitu\u00e9 un choc pour eux et le concept fran\u00e7ais d\u2019autonomie strat\u00e9gique les int\u00e9resse d\u00e9sormais. Il y a d\u2019ailleurs des soldats estoniens aux c\u00f4t\u00e9s des soldats fran\u00e7ais au Mali, en \u00e9change de l\u2019aide que la France apporte pour la police du ciel balte. Les \u00e9lites baltes sont jeunes, comp\u00e9tentes, ma\u00eetrisent les langues \u00e9trang\u00e8res et occupent des postes cl\u00e9s \u00e0 l\u2019OTAN, \u00e0 la Commission europ\u00e9enne (Ilze Juhansone en est Secr\u00e9taire g\u00e9n\u00e9rale, Valdis Dombrovskis le vice-pr\u00e9sident en charge du budget) et au Parlement europ\u00e9en.<\/p>\n\n\n\n Pour les pays baltes les \u00c9tats-Unis sont le garant de dernier recours, et ce d\u2019autant qu\u2019ils n\u2019ont jamais reconnu l\u2019annexion des Baltes et ont gard\u00e9 leurs ambassades \u00e0 Washington. Toutefois, contrairement \u00e0 ce qu\u2019on pense, l\u2019extension de l\u2019Otan aux pays baltes n\u2019\u00e9tait pas \u00e9vidente pour Washington. <\/p> Michel Foucher <\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n S\u2019agissant de la Chine, il faut aborder la question des Nouvelles routes de la soie. La premi\u00e8re fois que j\u2019en ai entendu parler, c\u2019\u00e9tait de la part des Am\u00e9ricains lors d\u2019une r\u00e9union \u00e0 Riga avec Frederick Jackson, un conseiller d\u2019Hillary Clinton qui avait d\u00e9velopp\u00e9 le concept de \u00ab New Silk Road \u00bb afin de ne laisser l\u2019Asie centrale ni aux Russes ni aux Chinois. L\u2019enjeu \u00e9tait d\u2019organiser le d\u00e9part des troupes et de la logistique alli\u00e9e en Afghanistan : soit on passait par Quetta au Pakistan et le port de Karachi, avec beaucoup de risques s\u00e9curitaires, soit on passait par l\u2019Asie centrale. L\u2019id\u00e9e \u00e9tait de transformer ces voies de sortie pour en faire quelque chose de structurant via le port de Riga. Elle n\u2019a pas abouti \u00e0 cause des Ouzbeks qui voulaient tout inspecter sur les trains militaires. En fait, la sortie d\u2019Afghanistan s\u2019est faite en grande partie en avion \u00e0 des co\u00fbts exorbitants. L\u2019id\u00e9e chinoise de route de la soie vient de l\u00e0. Le grand corridor ferroviaire ne passe toutefois pas par les pays baltes mais, de Duisbourg \u00e0 Chongqing, par les chemins de fers chinois, russes, polonais et allemands. Ce sont donc les Allemands qui ont structur\u00e9 cette route ferroviaire qui court-circuite les pays baltes. <\/p>\n\n\n\n Elles \u00e9taient bien meilleures dans les ann\u00e9es 1920 qu\u2019elles ne le furent quand j\u2019y suis arriv\u00e9 en tant qu\u2019ambassadeur. \u00c0 l\u2019\u00e9poque, la France et le Royaume-Uni avaient restructur\u00e9 toute l\u2019Europe centrale avec le trait\u00e9 de Versailles et les autres trait\u00e9s de la banlieue parisienne. Paris \u00e9tait alors extr\u00eamement actif dans cette zone interm\u00e9diaire entre la Russie sovi\u00e9tique et l\u2019empire allemand \u00e9tendue de la Finlande \u00e0 la Roumanie, pays dont Emmanuel de Martonne avait trac\u00e9 les fronti\u00e8res de mani\u00e8re tr\u00e8s favorable. La France \u00e9tait tr\u00e8s pr\u00e9sente dans les pays baltes auxquels elle a vendu deux sous-marins fabriqu\u00e9s \u00e0 Cherbourg dans les ann\u00e9es 1930. J\u2019avais d\u2019ailleurs rencontr\u00e9 le dernier commandant du sous-marin construit \u00e0 Cherbourg en 1938 ; il avait demand\u00e9 que le drapeau fran\u00e7ais soit plac\u00e9 sur son cercueil et j\u2019ai lu un po\u00e8me de Ren\u00e9 Char lors de son enterrement. Tout cela est bien document\u00e9 par la th\u00e8se de Julien Gueslin sur \u00ab La France et les petits \u00c9tats baltes entre 1920 et 1932 \u00bb. En 1940, il y a une coupure totale des relations, mais le texte de Jean de Beausse, qui est charg\u00e9 d\u2019affaire, l\u2019ambassadeur \u00e9tant parti, relate dans le d\u00e9tail la prise du pouvoir par les Soviets. C\u2019est un texte passionnant qui a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9 r\u00e9cemment sous le titre Diplomate en Lettonie (1938-1940)<\/em>. Ferm\u00e9e en 1940, la repr\u00e9sentation diplomatique fran\u00e7aise dans les pays baltes ne rouvre qu\u2019en 1991 et c\u2019est le fils de Jean de Beausse, Jacques de Beausse, qui devient le premier ambassadeur de France en Lettonie. C\u2019\u00e9tait un message extr\u00eamement fort de Roland Dumas. Entre temps, sous la domination sovi\u00e9tique, il faut bien s\u00fbr \u00e9voquer les visites du couple Sartre-Beauvoir qui viennent parader dans les pays baltes, Beauvoir saluant dans des textes la libert\u00e9 d\u2019expression qui y r\u00e8gne : \u00ab la libert\u00e9 de critique est pleine et enti\u00e8re en URSS \u00bb ! Les liens culturels sont \u00e9troits depuis le Pacte germano-sovi\u00e9tique : il y avait eu une grande exposition des peintres impressionnistes fran\u00e7ais \u00e0 Riga en 1939 et son \u00e9quivalent letton au Jeu de Paume. L\u2019une des premi\u00e8res choses que j\u2019ai d\u00e9couverte en m\u2019installant \u00e0 l\u2019ambassade \u00e9tait le catalogue de cette exposition fran\u00e7aise. La chanson fran\u00e7aise, notamment Joe Dassin, \u00e9tait \u00e9galement tr\u00e8s \u00e9cout\u00e9e dans les pays baltes o\u00f9 l\u2019on lisait aussi beaucoup d\u2019auteurs fran\u00e7ais, comme en URSS au demeurant. J\u2019avais d\u2019ailleurs dans mon \u00e9quipe \u00e0 l\u2019ambassade des agents qui avaient appris le fran\u00e7ais \u00e0 cette \u00e9poque dans l\u2019espoir d\u2019aller en France un jour et qui n\u2019y sont jamais all\u00e9. Sur le plan politique, des d\u00e9saccords de fond persistent avec les \u00c9tats baltes quant \u00e0 la politique d\u2019ouverture avec la Russie, notamment sous la pr\u00e9sidence de Nicolas Sarkozy qui avait envisag\u00e9 de vendre des b\u00e2timents de projection Mistral \u00e0 Moscou.<\/p>\n\n\n\n L\u2019une des missions qui m\u2019incombait a \u00e9t\u00e9 d\u2019expliquer l\u2019Union europ\u00e9enne : j\u2019\u00e9tais le p\u00e8lerin de l\u2019Europe. Pour cela, il fallait battre en br\u00e8che la propagande britannique sur le fait que, contrairement \u00e0 eux, nous aurions \u00e9t\u00e9 r\u00e9ticents \u00e0 l\u2019\u00e9largissement. D\u2019ailleurs, au moment de l\u2019adh\u00e9sion, les Britanniques ont imm\u00e9diatement ouvert leur march\u00e9 du travail (d\u2019o\u00f9 le Brexit, r\u00e9action anti-polonaise) alors que nous, comme les Allemands, avions \u00e9tabli une liste de domaines r\u00e9serv\u00e9s pendant un certain temps. Les n\u00e9gociations d\u2019adh\u00e9sion ne se faisaient toutefois pas au niveau de l\u2019ambassade mais \u00e0 Bruxelles. Idem pour l\u2019adh\u00e9sion \u00e0 l\u2019OTAN qui s\u2019est discut\u00e9e \u00e0 Washington. Sur le fond, j\u2019ai \u00e9t\u00e9 assez libre. Bien s\u00fbr, on a toujours des instructions, mais il faut reconna\u00eetre que les pays baltes n\u2019int\u00e9ressaient pas beaucoup le quai d\u2019Orsay ni personne en France d\u2019ailleurs. Je me suis donc fix\u00e9 ma propre instruction qui \u00e9tait de tout faire pour garantir leur souverainet\u00e9. Cela passe par la restructuration du renseignement et surtout par un combat permanent dans le domaine des repr\u00e9sentations, contre la propagande russe notamment. Tous les journalistes fran\u00e7ais que j\u2019ai re\u00e7us avant l\u2019adh\u00e9sion au premier trimestre 2004 avaient le m\u00eame dossier en main et ne s\u2019int\u00e9ressaient qu\u2019aux minorit\u00e9s russes et pas au pays dans lequel ils \u00e9taient. J\u2019avais expliqu\u00e9 lors d\u2019un d\u00e9jeuner avec la pr\u00e9sidente lettone que la ma\u00eetrise de l\u2019image ext\u00e9rieure d\u2019un pays est un ingr\u00e9dient de souverainet\u00e9. Nous avons donc beaucoup travaill\u00e9 l\u00e0-dessus. Une r\u00e9alisation dont je suis fier et qui en d\u00e9coule est l\u2019Atlas de la Lettonie intitul\u00e9 La Lettonie en Europe <\/em>que nous avons offert aux Lettons au moment de leur adh\u00e9sion \u00e0 l\u2019UE. L\u2019id\u00e9e \u00e9tait de leur dire : votre pays est deux fois plus grand que la Belgique, vous \u00eates un pays moyen dans l\u2019Union europ\u00e9enne et non plus un confetti au sein de l\u2019Union sovi\u00e9tique, changez la perception que vous avez de vous-m\u00eames. J\u2019ai \u00e9galement fait de mon mieux pour c\u00e9l\u00e9brer cette adh\u00e9sion qui n\u2019a eu aucun \u00e9cho en France, ce dont j\u2019\u00e9tais honteux. Il y a \u00e9galement eu toute une action, mais plut\u00f4t sous leadership am\u00e9ricain, autour de la m\u00e9moire de la Shoah : Washington avait pos\u00e9 comme une condition pour entrer dans l\u2019OTAN le fait que se constitue dans les trois pays une commission d\u2019historiens qui fasse le point sur les collaborations avec les nazis \u00e0 cette \u00e9poque, notamment en Lituanie o\u00f9 les juifs \u00e9taient extr\u00eamement nombreux. Une chose dont je suis tr\u00e8s fier est la cr\u00e9ation d\u2019un institut culturel fran\u00e7ais \u00e0 Riga o\u00f9 nous avons organis\u00e9 des d\u00e9bats pour faire en quelque sorte des cours de rattrapage sur ce dont on n\u2019avait pas parl\u00e9 durant la p\u00e9riode sovi\u00e9tique. Enfin, il y a eu l\u2019exposition \u00ab \u00c9tonnante Lettonie \u00bb que j\u2019ai organis\u00e9e en France, malgr\u00e9 les r\u00e9ticences du quai d\u2019Orsay, gr\u00e2ce au soutien du pr\u00e9sident Chirac. Il y a eu ensuite le printemps fran\u00e7ais en Lettonie en 2007, que j\u2019avais pr\u00e9par\u00e9 et qui s\u2019est d\u00e9roul\u00e9 alors que je n\u2019\u00e9tais plus en poste.<\/p>\n\n\n\n Sur le fond, j\u2019ai \u00e9t\u00e9 assez libre. Bien s\u00fbr, on a toujours des instructions, mais il faut reconna\u00eetre que les pays baltes n\u2019int\u00e9ressaient pas beaucoup le quai d\u2019Orsay ni personne en France d\u2019ailleurs. Je me suis donc fix\u00e9 ma propre instruction qui \u00e9tait de tout faire pour garantir leur souverainet\u00e9. Cela passe par la restructuration du renseignement et surtout par un combat permanent dans le domaine des repr\u00e9sentations, contre la propagande russe notamment. <\/p> Michel Foucher <\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n J\u2019ai d\u2019abord d\u00e9couvert les ch\u0153urs, qui font chanter des milliers de personnes en m\u00eame temps, notamment lors de la grande f\u00eate d\u2019origine pa\u00efenne de Jani (saint Jean) le 24 juin. Ces chants sont aussi un conservatoire des langues. Sur le plan pictural, j\u2019ai d\u00e9couvert avec enthousiasme les peintres lettons du modernisme : Gustavs Klucis, Valdis Purvitis, Vilhelm Rozentals. Et puis il y a bien s\u00fbr Mark Rothko, natif de Daugavpils en Lettonie. Les bleus, les horizons de Rothko, c\u2019est le Letton qui d\u00e9couvre l\u2019Atlantique. Sur le plan litt\u00e9raire, j\u2019ai cit\u00e9 tout \u00e0 l\u2019heure Sofi Oksanen et notamment son beau roman Purge <\/em>qui explique tant de choses sur le monde balte. J\u2019ai \u00e9galement \u00e9t\u00e9 influenc\u00e9, avant de partir, par le texte de Sandra Kalniete, n\u00e9e dans un camp sovi\u00e9tique, qui est devenue ministre ensuite, En escarpin dans les neiges de Sib\u00e9rie<\/em>. J\u2019ai aussi envie d\u2019ajouter le nom de Romain Kacew, c\u2019est-\u00e0-dire Romain Gary, qui est d\u2019origine lituanienne. Et puis j\u2019insisterai sur les travaux d\u2019un de mes anciens collaborateurs, Nicolas Auzanneau, qui r\u00e9alise des traductions en fran\u00e7ais de litt\u00e9rature lettone et a publi\u00e9 un livre intitul\u00e9 Bibliuguiansie<\/em>, consacr\u00e9 \u00e0 l\u2019art de restauration des vieux livres dans lequel il met en sc\u00e8ne trois \u00e9crivains lettons.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" G\u00e9ographe, ambassadeur de France en Lettonie entre 2002 et 2006, Michel Foucher a cultiv\u00e9 un rapport intime avec les pays baltes \u00e0 partir de cartes, de fronti\u00e8res et d’histoire. Nomm\u00e9 \u00e0 Riga dans la p\u00e9riode charni\u00e8re d’adh\u00e9sion des \u00c9tats baltes \u00e0 l’Union europ\u00e9enne, il se fixe comme objectif de tisser des liens entre ce sous-ensemble g\u00e9ographique et le grand continent. Il revient dans Grand Tour<\/em> sur une carri\u00e8re marqu\u00e9e par des rencontres, des paysages et une familiarit\u00e9 entre les espaces.<\/p>\n","protected":false},"author":1623,"featured_media":114969,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-interviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[2984],"tags":[],"geo":[],"class_list":["post-114708","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-grand-tour","staff-florian-louis"],"acf":[],"yoast_head":"\nVous avez commenc\u00e9 votre carri\u00e8re de g\u00e9ographe par un monumental travail sur les fronti\u00e8res. Dans les ann\u00e9es suivantes, vous avez fait de l\u2019Europe un terrain privil\u00e9gi\u00e9 de vos r\u00e9flexions sur le sujet. Peut-on dire de cette r\u00e9gion qu\u2019elle constitue un terrain d\u2019observation privil\u00e9gi\u00e9 des probl\u00e9matiques frontali\u00e8res ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Attardons-nous sur le cas des pays baltes avec lesquels vous nouerez par la suite une relation particuli\u00e8re.<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Guerre froide oblige, j\u2019imagine que ces premi\u00e8res r\u00e9flexions sur le r\u00f4le g\u00e9opolitique des pays baltes se font pour vous sans acc\u00e8s direct au terrain. \u00c0 quand remonte votre premi\u00e8re rencontre avec le monde balte ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Quelle impression en avez-vous retir\u00e9 ? Y a-t-il des lieux qui vous ont particuli\u00e8rement marqu\u00e9s ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Lorsque l\u2019on \u00e9voque les \u00c9tats baltes, on les \u00e9voque comme un groupe, un ensemble indissoci\u00e9 et indissociable. A-t-on raison de faire primer ainsi l\u2019unit\u00e9 sur la diversit\u00e9 ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
L\u2019un des points communs \u00e0 ces pays baltes, c\u2019est leur proximit\u00e9 avec la Russie d\u2019une part et avec l\u2019Allemagne de l\u2019autre. En quoi ce double voisinage est-il crucial pour eux ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Si on se place maintenant \u00e0 l\u2019\u00e9chelle globale, incluant notamment dans l\u2019analyse les \u00c9tats-Unis, l\u2019Union europ\u00e9enne et la Chine, comment situer aujourd\u2019hui les \u00c9tats baltes sur l\u2019\u00e9chiquier international ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Historiquement, quelles ont \u00e9t\u00e9 les relations entre la France et les pays baltes ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Pouvez-vous revenir sur votre exp\u00e9rience en tant qu\u2019ambassadeur de France en Lettonie entre 2002 et 2006 ? Quels dossiers avez-vous eu \u00e0 g\u00e9rer et quelles r\u00e9alisations vous sont ch\u00e8res ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Vous \u00e9voquiez tout \u00e0 l\u2019heure votre effort d\u2019apprentissage de la langue lettonne et d\u2019immersion dans la culture balte. Avez-vous d\u00e9velopp\u00e9 un go\u00fbt pour des auteurs ou des artistes baltes \u00e0 la faveur de votre s\u00e9jour dans la r\u00e9gion ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n