Un processus de paix qui a fait son temps<\/strong><\/h2>\n\n\n\nLa r\u00e9cente guerre \u00e0 Gaza, accompagn\u00e9e de manifestations et de violences g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9es en Isra\u00ebl et dans les territoires palestiniens occup\u00e9s (TPO), est la derni\u00e8re manifestation d’une d\u00e9t\u00e9rioration \u00e0 long terme sur le terrain. Cette d\u00e9t\u00e9rioration a \u00e9t\u00e9 aliment\u00e9e par la disparition de tout horizon politique r\u00e9aliste pour parvenir \u00e0 un accord de paix d\u00e9finitif entre Isra\u00e9liens et Palestiniens, et a favoris\u00e9 les conditions propices \u00e0 des cycles de violence r\u00e9p\u00e9t\u00e9s. Si l’on n’y prend garde, cette dynamique continuera \u00e0 rendre un accord de paix inaccessible, et \u00e0 alimenter les conflits futurs.<\/p>\n\n\n\n
La communaut\u00e9 internationale avait esp\u00e9r\u00e9 que le processus de paix au Proche-Orient, lanc\u00e9 par les accords d’Oslo de 1993, pourrait r\u00e9soudre le conflit par une solution \u00e0 deux \u00c9tats. Cette vision pr\u00e9voyait la cr\u00e9ation d’un \u00c9tat palestinien viable, contigu et souverain \u00e0 Gaza et en Cisjordanie, sur la base des fronti\u00e8res de 1967, avec J\u00e9rusalem-Est comme capitale. Un tel r\u00e9sultat n\u00e9cessiterait la r\u00e9solution des questions en suspens concernant le statut final des futures fronti\u00e8res entre Isra\u00ebl et la Palestine, le statut de J\u00e9rusalem, le droit de retour des r\u00e9fugi\u00e9s palestiniens d\u00e9plac\u00e9s de l’Isra\u00ebl actuel, et les futures dispositions en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9. Pourtant, 28 ans plus tard, le processus de paix d’Oslo s’est r\u00e9v\u00e9l\u00e9 incapable de tenir cette promesse.<\/p>\n\n\n\n
L’architecture diplomatique qui a encadr\u00e9 les tentatives internationales de r\u00e9solution du conflit isra\u00e9lo-palestinien depuis 1993 a donn\u00e9 lieu \u00e0 de nombreux processus, mais pas \u00e0 la paix. Elle a permis quelques avanc\u00e9es diplomatiques initiales, comme la fin du conflit arm\u00e9 entre Isra\u00ebl et l’OLP \u2013 le repr\u00e9sentant international du peuple palestinien \u2013 et l’instauration de l’autonomie palestinienne sous l’\u00e9gide de l’Autorit\u00e9 palestinienne (AP). Les cycles successifs de pourparlers de paix, comme celui de Taba en janvier 2001 et le processus d’Annapolis de novembre 2007, ont permis de r\u00e9duire les \u00e9carts de n\u00e9gociation sur certaines des questions relatives au statut final, notamment sur les fronti\u00e8res. Mais ces ouvertures diplomatiques ont \u00e9t\u00e9 \u00e0 maintes reprises compromises par la poursuite de la colonisation isra\u00e9lienne, la lenteur du processus, et par les \u00e9ruptions de violence en Palestine.<\/p>\n\n\n\n
N’ayant pas r\u00e9ussi \u00e0 instaurer la paix, le PPE n’a pas non plus r\u00e9ussi \u00e0 g\u00e9rer le conflit en emp\u00eachant une nouvelle d\u00e9t\u00e9rioration des conditions sur le terrain, et en pr\u00e9servant la possibilit\u00e9 d’une solution politique. Loin de garantir la faisabilit\u00e9 de deux \u00c9tats \u2013 son objectif de longue date \u2013 le processus de paix a favoris\u00e9 les dynamiques m\u00eames qui repr\u00e9sentent les plus grandes menaces pour un tel r\u00e9sultat, notamment en termes de construction incontr\u00f4l\u00e9e de colonies isra\u00e9liennes, et de fragmentation du territoire palestinien. En cours de route, cela a donn\u00e9 naissance \u00e0 un syst\u00e8me politique palestinien dysfonctionnel et fragile, qui mine encore davantage le potentiel de progr\u00e8s significatifs.<\/p>\n\n\n\nLoin de garantir la faisabilit\u00e9 de deux \u00c9tats \u2013 son objectif de longue date \u2013 le processus de paix a favoris\u00e9 les dynamiques m\u00eames qui repr\u00e9sentent les plus grandes menaces pour un tel r\u00e9sultat, notamment en termes de construction incontr\u00f4l\u00e9e de colonies isra\u00e9liennes, et de fragmentation du territoire palestinien. <\/p> Hugh Lovatt <\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\nL’annexion de facto<\/em><\/strong><\/h2>\n\n\n\nDepuis le d\u00e9but du processus de paix, les politiques isra\u00e9liennes de colonisation ont \u00e9rod\u00e9 la faisabilit\u00e9 politique et g\u00e9ographique de deux \u00c9tats en r\u00e9duisant le territoire disponible pour un \u00c9tat palestinien viable. Au cours de cette p\u00e9riode, la population des colonies isra\u00e9liennes a \u00e9t\u00e9 multipli\u00e9e par quatre, passant d’environ cent mille colons \u00e0 plus de quatre cent mille aujourd’hui. Les dirigeants des colons et les repr\u00e9sentants du gouvernement encouragent maintenant de nouveaux projets d’infrastructure dans le but de faire passer la population des colons \u00e0 un million. Cette \u00e9volution s’est accompagn\u00e9e d’efforts soutenus pour expulser et d\u00e9poss\u00e9der les communaut\u00e9s palestiniennes locales. De fait, la solution des deux \u00c9tats est menac\u00e9e de mort de toutes parts.<\/p>\n\n\n\n
Les efforts isra\u00e9liens de colonisation ont cibl\u00e9 deux zones strat\u00e9giques. La premi\u00e8re est J\u00e9rusalem-Est, qu’Isra\u00ebl a officiellement annex\u00e9e en 1980, une d\u00e9cision qui n’a pas \u00e9t\u00e9 reconnue par la communaut\u00e9 internationale (\u00e0 l’exception notable de l’administration Trump). Les autorit\u00e9s isra\u00e9liennes continuent d’avancer des plans de longue date visant \u00e0 s\u00e9parer J\u00e9rusalem-Est de son arri\u00e8re-pays cisjordanien. Cela inclut la construction de colonies dans des zones g\u00e9ographiquement sensibles telles que Har Homa E et Givat Hamatos. Selon Daniel Seidemann, un \u00e9minent sp\u00e9cialiste de J\u00e9rusalem, ces plans \u00ab d\u00e9membreraient tout futur \u00c9tat palestinien en un canton nord… et un canton sud… tous deux non contigus l’un \u00e0 l’autre, et tous deux non contigus \u00e0 la partie palestinienne de J\u00e9rusalem-Est \u00bb