{"id":109203,"date":"2021-06-01T09:41:32","date_gmt":"2021-06-01T07:41:32","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=109203"},"modified":"2021-06-01T09:41:41","modified_gmt":"2021-06-01T07:41:41","slug":"11-fictions-deurope-a-lire-en-juin","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/06\/01\/11-fictions-deurope-a-lire-en-juin\/","title":{"rendered":"11 fictions d\u2019Europe \u00e0 lire en juin"},"content":{"rendered":"\n

Fabio Deotto, L\u2019Altro mondo<\/em>, Bompiani, juin 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Aux Maldives, les plages disparaissent, \u00e0 Miami, les rues sont reconstruites un m\u00e8tre plus haut, la Louisiane s’enfonce \u00e0 perte de vue, \u00e0 Franciacorta, le vin devient chaque ann\u00e9e plus difficile \u00e0 produire, et tandis qu’\u00e0 Venise l’eau sal\u00e9e consume un patrimoine artistique inestimable, d’autres villes se vident de leurs voitures et se remplissent d’animaux.<\/p>\n\n\n\n

Au cours de la derni\u00e8re d\u00e9cennie, la crise climatique est pass\u00e9e du statut de probl\u00e8me des g\u00e9n\u00e9rations futures \u00e0 celui de pr\u00e9occupation urgente des g\u00e9n\u00e9rations actuelles. Pourtant, bien que le monde dans lequel nous vivons ait chang\u00e9 sans \u00e9quivoque et soit d\u00e9sormais tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9 de celui dans lequel nous avons grandi, nous continuons \u00e0 le consid\u00e9rer comme inchang\u00e9. La faute en revient aux nombreux angles morts qui entravent notre perception de la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Ce livre jette un nouveau regard sur les histoires r\u00e9elles de personnes d\u00e9j\u00e0 contraintes de faire face \u00e0 une plan\u00e8te plus chaude, tout en explorant les ballasts cognitifs et culturels qui rendent si difficile l’acceptation du changement en cours. Le r\u00e9sultat est un reportage narratif qui nous aide \u00e0 voir le nouveau monde dans lequel nous apprenons \u00e0 vivre.<\/p>\n\n\n\n

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Joaquim Manuel Magalh\u00e3es,Canoagem<\/em> (Aviron<\/em>), Rel\u00f3gio D\u2019\u00c1gua, Lisbonne, mai 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Joaquim Manuel Magalh\u00e3es (1945), essayiste, po\u00e8te et professeur \u00e9m\u00e9rite de litt\u00e9rature anglo-am\u00e9ricaine, est l\u2019un des po\u00e8tes portugais contemporains les plus reconnus, laur\u00e9at de nombreux prix de po\u00e9sie et d\u2019essai.<\/p>\n\n\n\n

Dans ce nouveau livre, il poursuit son parcours de po\u00e8te exigeant et inconfortable, \u00e9tranger aux \u00e9coles et aux g\u00e9n\u00e9alogies, transversal, \u00ab insituable \u00bb. Le volume sort en m\u00eame temps et chez le m\u00eame \u00e9diteur qu\u2019une publication de Jo\u00e3o Miguel Fernandes Jorge, son partenaire de vie.<\/p>\n\n\n\n

Boycott n\u00e9cessaire. Je m\u2019inventais,<\/p>\n\n\n\n

insipide cr\u00e9ature \u00e0 la plage.<\/p>\n\n\n\n

Un gang sobre accumule une l\u00e9gende.<\/p>\n\n\n\n

Coin de p\u00e2tisserie, un texte reli\u00e9<\/p>\n\n\n\n

qu\u2019il ne feuilletait pas, la tranche<\/p>\n\n\n\n

entre le pouce et l\u2019index. La r\u00e9volte des conduites<\/p>\n\n\n\n

l\u2019\u00e9rige en opprim\u00e9 dans son refus.<\/p>\n\n\n\n

Il s\u2019habitue \u00e0 repousser le rancissement et la croyance.<\/p>\n\n\n\n

Monotonie du balcon dans le diagramme th\u00e9\u00e2tre,<\/p>\n\n\n\n

la ruelle navale, le bric-\u00e0-brac et la surface de stockage<\/p>\n\n\n\n

s\u0153ur par sa largeur du c\u00f4t\u00e9 militaire de l\u2019emporium.<\/p>\n\n\n\n

Une \u00e9ducatrice enseignait la langue du quotidien.<\/p>\n\n\n\n

Mais moi, moi je ne m\u2019assimile pas. Je n\u2019en sus aucune,<\/p>\n\n\n\n

la capacit\u00e9 de lire,<\/p>\n\n\n\n

la communication personnelle ne m\u2019\u00e9mouvaient pas.<\/p>\n\n\n\n

Dimanche, elle polissait une mercerie.<\/p>\n\n\n\n

*<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Connaissez-vous Pasolini ? \u00bb \u00ab Un rendez-vous dans la ruelle<\/p>\n\n\n\n

du c\u00f4t\u00e9 du tram ? Prenez garde car c\u2019est cher. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Les gar\u00e7ons lui proposent une tactique d\u00e9brid\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

La boucle d\u2019oreille sur l\u2019oreille droite<\/p>\n\n\n\n

n\u2019autorisait pas l\u2019affr\u00e8tement de v\u00eatements ou de le\u00e7ons.<\/p>\n\n\n\n

O\u00f9 cette tignasse oppressante aiguisait-elle ?<\/p>\n\n\n\n

Latent, le d\u00e9tenu se noyait dans son hectare sectaire,<\/p>\n\n\n\n

pour un emp\u00eachement, il ne savoure pas la blessure.<\/p>\n\n\n\n

(Le brasier vert-de-gris)<\/em><\/p>\n\n\n\n

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Jo\u00e3o Miguel Fernandes Jorge, Rodeado De Ilha (Entour\u00e9 par l\u2019\u00cele<\/em>), Rel\u00f3gio D\u2019\u00c1gua, Lisbonne, mai 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Rodeado De Ilha <\/em>rassemble des essais et des textes de fiction, dans un registre polyphonique caract\u00e9ristique de cet auteur. Des histoires courtes se combinent avec la r\u00e9flexion sur l\u2019art et des notes de voyage d\u00e9di\u00e9es aux espaces \u00e9lectifs de son \u00e9criture, tels que les A\u00e7ores et Mad\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n

Jo\u00e3o Miguel Fernandes Jorge (1943) est po\u00e8te, prosateur et critique artistique. Selon l\u2019\u00e9crivain et critique Joaquim Manuel Magalh\u00e3es, le d\u00e9rangement g\u00e9n\u00e9r\u00e9 dans la lecture de sa po\u00e9sie provient de notre formation occidentale, qui rend \u201cdifficile de renoncer \u00e0 un r\u00e9el vers lequel les mots ne pointent pas\u201d (\u201ccertains ont trouv\u00e9 que dire bateau n\u2019 est pas tra\u00eener un bateau jusqu\u2019au mot, ou dire aux autres qu\u2019un bateau est l\u00e0, mais r\u00e9v\u00e9ler un endroit o\u00f9 un bateau n\u2019est pas, o\u00f9 sa m\u00e9moire est devenue une chanson de phon\u00e8mes dans laquelle le bateau dispara\u00eet et l\u2019homme d\u00e9couvre la solitude qui est dire bateau sans que le bateau existe. Ce travail silencieux pour capturer l\u2019absence traverse le travail de Jo\u00e3o Miguel Fernandes Jorge.\u201d (Joaquim Manuel Magalh\u00e3es, Os Dois Crep\u00fasculos<\/em>. A Regra do Jogo, Lisbonne 1981, pp. 224-225).<\/p>\n\n\n\n

\u00ab  Mais la maison n\u2019est m\u00eame pas grande. C\u2019est beaucoup plus une maison \u00e9chou\u00e9e dans la force des eaux de la mer de l\u2019\u00eele, la mer de Santa B\u00e1rbara. Mer vert lisse, vert fort, avec de nombreuses vaches derri\u00e8re, couch\u00e9es, sur les collines de l\u2019\u00eele. La maison, grande et vieille, est l\u2019\u00e9conomie des passions, elle dit qui est le p\u00e8re des trois, l\u2019un apr\u00e8s l\u2019autre : l\u2019a\u00een\u00e9, celui du milieu et le plus jeune. \u00ab Celui-ci est le plus vieux \u00bb, dit tout de suite le p\u00e8re quand, un par un il les pr\u00e9sente, \u00ab ils n\u2019ont pas de continuit\u00e9, mais ils sont charg\u00e9s de pr\u00e9cieux surplus ; nous avons \u00e9conomis\u00e9 avec celui du milieu. \u00bb Dans la maison tout le monde dort recouvert d\u2019un drap blanc bien lav\u00e9. Un drap comme celui-ci sert de voile au bateau qui se trouve dans la pierre du port. Il sert de couverture pour le plus jeune quand le cheval s\u2019enfuit dans un vol sans trajectoire en remontant, remontant Pedreira, les pics de Montoso et d\u2019Esperan\u00e7a. Un cheval sell\u00e9, avec une bride polie, qui part du bord de mer de Santa Barbara, le sel de l\u2019eau dans la narine douce, pour briser d\u2019un pas bless\u00e9 l\u2019\u00e9pais brouillard des mille m\u00e8tres de haut de l\u2019\u00eele. C\u2019est souvent la m\u00e8re qui descend le drap de couchage blanc et aussi la voile et aussi la couverture de chevalier. Mais de la maison on doit parler et en parler ici. <\/p>\n\n\n\n

Peu importe comment vous y parvenez. Ils sont toujours dans la maison, m\u00eame quand ils ne le sont pas. On dit m\u00eame sur l\u2019\u00eele, et la fille du conseil paroissial (appel\u00e9 Celsa) qui a la cl\u00e9 pour ouvrir l\u2019\u00e9glise \u00e0 ceux qui arrivent de l\u2019ext\u00e9rieur et est celle qui propage le plus cette histoire, qu\u2019on ne sait pas avec certitude quand ils sont absents ou pr\u00e9sents dans la maison. \u00ab Il y a toujours du monde l\u00e0-bas. Ils viennent en nageant. La femme, je ne comprends m\u00eame pas pourquoi elle me salue \u00e0 peine, vient par l\u2019air. Je ne sais pas de quelle terre du continent elle est originaire. Je sais seulement qu\u2019elle conduit une Fiat Balilla d\u00e9capotable des ann\u00e9es 1920, une relique, un rouge suisse, qui atteint \u00e0 peine trente \u00e0 l\u2019heure, elle fait une figure dans cette vieille chose, mais du reste ils ont seulement des v\u00e9los, tous sans boite de vitesses, qu\u2019ils verrouillent avec leurs pieds. Et le cheval, quelle belle figure fait le gar\u00e7on, mais il est le seul \u00e0 le monter, toujours avec un drap de lin en guise de de couverture attach\u00e9 aux \u00e9paules. \u00bb (\u00ab L\u2019\u00e9conomie des passions \u00bb).<\/p>\n\n\n\n

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Maylis de Kerangal, Cano\u00ebs<\/em>, Gallimard, \u00ab Verticales \u00bb<\/h2>\n\n\n\n
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\u00ab J\u2019ai con\u00e7u\u00a0Cano\u00ebs<\/em>\u00a0comme un roman en pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es : une novella centrale, \u201cMustang\u201d, et autour, tels des satellites, sept r\u00e9cits. Tous sont connect\u00e9s, tous se parlent entre eux, et partent d\u2019un m\u00eame d\u00e9sir : sonder la nature de la voix humaine, sa mat\u00e9rialit\u00e9, ses pouvoirs, et composer une sorte de monde vocal, empli d\u2019\u00e9chos, de vibrations, de traces r\u00e9manentes. Chaque voix est saisie dans un moment de trouble, quand son timbre s\u2019use ou mue, se distingue ou se confond, parfois se d\u00e9traque ou se brise, quand une messagerie ou un micro vient filtrer leur parole, les enregistrer ou les effacer. J\u2019ai voulu intercepter une fr\u00e9quence, capter un souffle, tenir une note tout au long d\u2019un livre qui fait la part belle \u00e0 une tribu de femmes \u2014 des femmes de tout \u00e2ge, solitaires, r\u00eaveuses, volubiles, hant\u00e9es ou marginales. Elles occupent tout l\u2019espace. Surtout, j\u2019ai eu envie d\u2019aller chercher ma voix parmi les leurs, de la faire entendre au plus juste, de trouver un \u201cje\u201d, au plus proche. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

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Zo\u015bka Papu\u017canka, K\u0105kol<\/em> [Ivraie], Marginesy<\/h2>\n\n\n\n
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Un retour aux vacances pass\u00e9es \u00e0 la campagne, \u00e0 la nature, \u00e0 l’enfance \u2014 difficile, marqu\u00e9 par un conflit interg\u00e9n\u00e9rationnel inexpliqu\u00e9 de personnes oblig\u00e9es de rester ensemble. Une narratrice adolescente porte un regard sur un monde divis\u00e9 entre son p\u00e8re, distant et domin\u00e9 par son p\u00e8re, et sa m\u00e8re, personnage id\u00e9al et hors du commun \u2014 mais rejet\u00e9e par la famille de son mari, incapable de se trouver. L’enfant ne peut s’expliquer la relation dans laquelle il a \u00e9t\u00e9 jet\u00e9 \u2014 et tente de trouver sa propre place, de rejeter la culpabilit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

C’est une histoire de m\u00e9moire. Les herbes, les feuilles, les gramin\u00e9es plac\u00e9es entre les pages du livre peuvent signifier quelque chose que nous voulons garder, ou quelque chose que nous voulons oublier. C’est un livre sur l’amiti\u00e9, qui tente de concilier le monde d’un enfant de la ville et les vacances d’un enfant de la campagne. Sur la recherche de quelqu’un qui essaie tr\u00e8s fort d’\u00eatre comme nous, m\u00eame s’il ne l’est pas. Ivraie cherche enfin une r\u00e9ponse \u00e0 la plus vieille des questions : qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le mal ? Sommes-nous marqu\u00e9s par le mal ou le choisissons-nous consciemment ? Un enfant peut-il \u00eatre mauvais ?<\/p>\n\n\n\n

Ce livre sent l’herbe s\u00e8che, le lait et l’\u00e9corce d’arbre. \u00c7a fait mal comme premi\u00e8re exp\u00e9rience de l’injustice. Il est charmant et effrayant, faux et vrai – comme tout conte de f\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Cela vaut la peine de se lancer dans ce voyage de contes de f\u00e9es. Cela vaut la peine de traverser le maquis des \u00e9v\u00e9nements, le buisson de l’histoire, les in\u00e9vitables vicissitudes de la vie. Dans ce r\u00e9alisme magique, il y a une vie intense qui se d\u00e9roule, de laquelle \u00ab nous devons arracher les mauvaises herbes \u00bb et nous rappeler d’o\u00f9 nous venons et pourquoi nous avons \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

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Tam\u00e1s Beregi, Egyszer egy kutya<\/em> (Il \u00e9tait une fois un chien<\/em>), Budapest, Helikon, 2021<\/h2>\n\n\n\n
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La vie de Bertram, un jeune homme blas\u00e9, retrouve un sens lorsqu\u2019il adopte Lulu, le charmant chien de refuge qui a deux yeux diff\u00e9rents. Gr\u00e2ce \u00e0 Lulu, Bertram retrouve la beaut\u00e9 du monde et son inspiration et il r\u00e9alise un vieux projet en \u00e9crivan enfin l\u2019oeuvre r\u00e9v\u00e9e. Alors que son livre sur l\u2019\u00e9ternel retour et sur l’immortalit\u00e9 conna\u00eetra un \u00e9norme succ\u00e8s, il doit faire face au fait que la vie de son chien est menac\u00e9e. Mais Lulu ne devra pas mourir, Bertram est pr\u00eat \u00e0 tout pour l\u2019emp\u00eacher\u2026<\/p>\n\n\n\n

Une histoire de chien dr\u00f4le et m\u00e9lancolique qui raconte les petits bonheurs et les grandes questions vitales de la relation du chien et de son ma\u00eetre tout en donnant un aper\u00e7u ironique d\u2019une ville et d\u2019un pays bien connus. \u00c0 travers le voyage aventureux de Bertram en Extr\u00eame-Orient, son p\u00e8lerinage dans le Grand Nord, ses souvenirs d\u2019enfance singuliers et le tournant que prend sa vie avec Lulu, cette histoire douce-am\u00e8re et poignante raconte comment (ne pas) devenir adulte.<\/p>\n\n\n\n

Le livre est illustr\u00e9 par les dessins du graphiste japonais Kumi Obata.<\/p>\n\n\n\n

Car tout se r\u00e9p\u00e8te et tout varie \u00e0 l\u2019infini, mon bon ma\u00eetre,<\/p>\n\n\n\n

tout printemps,<\/p>\n\n\n\n

tout jeu,<\/p>\n\n\n\n

tout bonheur,<\/p>\n\n\n\n

tout chagrin,<\/p>\n\n\n\n

tout automne, tout hiver et tout mourir<\/p>\n\n\n\n

et tout est nouvelle rencontre<\/p>\n\n\n\n

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Mehis Heinsaar, V\u00f5lurite juures<\/em> (Chez les magiciens<\/em>), Tallinn, Paradiis, mai 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Fantastique, onirique, surr\u00e9aliste, po\u00e9tique, humoristique\u2026 on ne sait quel adjectif choisir pour qualifier l\u2019\u0153uvre prot\u00e9iforme et d\u2019une folle inventivit\u00e9 de Mehis Heinsaar (n\u00e9 en 1973), nouvelliste acclam\u00e9 en Estonie, mais encore trop peu connu hors des fronti\u00e8res de son pays (malgr\u00e9 trois livres parus en fran\u00e7ais). Ce volume d\u2019\u0153uvres choisies consacre s\u2019il en \u00e9tait besoin son statut de classique. Outre 34 nouvelles d\u00e9j\u00e0 parues dans ses pr\u00e9c\u00e9dents recueils, on y trouve \u00e9galement trois textes in\u00e9dits. Mehis Heinsaar d\u00e9ploie dans ces r\u00e9cits une exceptionnelle capacit\u00e9 d\u2019imagination, une aptitude \u00e0 transformer le r\u00e9el de mille fa\u00e7ons toujours surprenantes. Ses textes d\u00e9crivent des univers improbables \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 mouvante, o\u00f9 les vivants ne restent jamais longtemps ce qu\u2019ils semblent \u00eatre. L\u2019un des ressorts principaux de ses histoires est la m\u00e9tamorphose, la transformation int\u00e9rieure ou ext\u00e9rieure qui fait acc\u00e9der ses personnages \u00e0 un autre mode d\u2019existence : un homme exprime ses \u00e9motions en d\u00e9gageant des nu\u00e9es de papillons, un autre se divise en deux \u00e0 chaque croisement de rues, faute de parvenir \u00e0 choisir une direction pr\u00e9cise, une chaussure abandonn\u00e9e se met \u00e0 pousser comme une plante qui prend la forme d\u2019un \u00eatre humain, un employ\u00e9 de bureau gris et terne devient chaque printemps un joyeux luron, s\u00e9ducteur et funambule, qui traverse l\u2019Europe pour aller donner un spectacle dans la ville de Langres. L\u2019\u0153uvre de Mehis Heinsaar est travers\u00e9e par le r\u00eave d\u2019une vie meilleure et du d\u00e9passement de soi. Avec ces destins en apparence irr\u00e9els, il nous parle aussi et surtout de notre propre existence et de notre rapport au monde r\u00e9el, il nous encourage \u00e0 oser vivre autrement et \u00e0 ne pas nous laisser happer par la routine de notre vie. Comme il le d\u00e9clare lui-m\u00eame, ses nouvelles s\u2019apparentent \u00e0 des contes de f\u00e9es \u00e9crits pour les adultes \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de qui vit encore un enfant qui r\u00eave.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Anselm, ayant compris gr\u00e2ce \u00e0 son r\u00eave que toute sa vie ult\u00e9rieure, compar\u00e9e \u00e0 cette journ\u00e9e si l\u00e9g\u00e8re, n\u2019avait \u00e9t\u00e9 qu\u2019un absurde th\u00e9\u00e2tre d\u2019ombres, plongea dans un tel \u00e9tat de chaos mental qu\u2019il perdit soudain le contr\u00f4le de lui-m\u00eame. Un \u00e9tage de ses sentiments se rendit visible sous la forme d\u2019une explosion de papillons de diverses esp\u00e8ces, de sorte que son corps fut bient\u00f4t enti\u00e8rement soustrait aux regards [\u2026], et dans ces milliers de l\u00e9pidopt\u00e8res se trouvaient d\u00e9pos\u00e9es les joies, les peines et les pens\u00e9es de ses jours pass\u00e9s et \u00e0 venir. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

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Aldis Buk\u0161s, Br\u0101\u013ci<\/em> (Fr\u00e8res<\/em>), Dienas Gr\u0101mata, 2020<\/h2>\n\n\n\n
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Helsinki, Londres, Tartu, Balvi, Al\u016bksne, Nord-Latgalie, Sud-Estonie \u2014 le sommaire de Br\u0101\u013ci<\/em> (Fr\u00e8res), le nouveau polar du Letton Aldis Buk\u0161s semble tir\u00e9 d\u2019un atlas, et l\u2019on se dit que le d\u00e9sir de faire d\u00e9rouler sous nos yeux, et par tous les temps, ces lieux et ces paysages aux marges septentrionales de l\u2019Europe fut sans doute intentionnellement ou non \u00e0 la source de ce livre.<\/p>\n\n\n\n

Edgars T\u0101rauds est un gentil gar\u00e7on originaire de Latgalie, la r\u00e9gion extr\u00eame-orientale de la Lettonie, frontali\u00e8re de la Russie et de la Bi\u00e9lorussie. Son dipl\u00f4me de g\u00e9ographie en poche, \u00ab comme plusieurs milliers de jeunes de son \u00e2ge \u00bb<\/em>, il <\/em>part tenter sa chance dans ce Londres hospitalier des premi\u00e8res ann\u00e9es du XXIe <\/sup>si\u00e8cle, entre \u00c9largissement et Brexit, et s\u2019embauche dans une usine de transformation de volaille. Bient\u00f4t, son colocataire lituanien, l\u2019habile Darius, d\u00e9j\u00e0 bien introduit, lui ouvre les portes du Gardens of Babylon<\/em>, un night-club hupp\u00e9 de Kensington que g\u00e8re un certain Nasir. Edgars y tient dignement le bar jusqu\u2019au jour o\u00f9, un jeu de poker malheureux l\u2019accable d\u2019une dette dont il ne peut se d\u00e9faire qu\u2019en acceptant de faire \u00ab la mule \u00bb entre Londres et Helsinki. \u00c0 sa descente d\u2019avion, il se fait cueillir avec sa cargaison de coca\u00efne, et la justice finlandaise, implacable et cependant \u00e9tonnamment cordiale \u00e0 ses yeux d\u2019Europ\u00e9en de l\u2019Est, lui inflige une peine qui lui vaudra trois ans et demi de prison ferme. \u00c0 sa lib\u00e9ration, il apprend que son fr\u00e8re Kristaps qui \u00e9tait rest\u00e9 au pays a myst\u00e9rieusement disparu dans les for\u00eats qui enjambent la fronti\u00e8re letto-estonienne. Ce fr\u00e8re nourrit depuis l\u2019enfance une passion pour les me\u017eabr\u0101\u013ci<\/em> (\u00ab fr\u00e8res de la for\u00eat \u00bb), les maquisards baltes qui men\u00e8rent jusqu\u2019\u00e0 la fin des ann\u00e9es cinquante des actions de gu\u00e9rilla contre l\u2019occupation sovi\u00e9tique, et il s\u2019est fait une sp\u00e9cialit\u00e9 d\u2019explorer les bunkers forestiers, embl\u00e9matiques de ces mouvements. Or c\u2019est justement aux abords d\u2019un de ces anciens refuges que sa trace se perd. Aurait-il \u00e9t\u00e9 enlev\u00e9 ? Par qui ? Pour quoi ? Serait-il m\u00eal\u00e9 d\u2019une fa\u00e7on ou d\u2019une autre au trafic de migrants dont profitent des r\u00e9seaux de contrebande d\u00e9voy\u00e9s, dans ces territoires mis\u00e9rables o\u00f9 la transgression frontali\u00e8re est l\u2019une des seules activit\u00e9s vraiment lucratives. Edgars a le sentiment que la police estonienne se d\u00e9sint\u00e9resse de l\u2019affaire, et, sans argent, sans v\u00eatements de rechange, et avec des papiers p\u00e9rim\u00e9s, il prend lui-m\u00eame l\u2019enqu\u00eate en main.<\/p>\n\n\n\n

Paru en fin d\u2019ann\u00e9e derni\u00e8re, le second roman d\u2019Aldis Buk\u0161s (1985) a \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9 tambour battant, publi\u00e9 simultan\u00e9ment en letton et en \u00ab latgalien \u00bb \u2013 principale langue r\u00e9gionale de Lettonie qui jouit d\u2019un effet de mode \u2013, il est proclam\u00e9 \u00ab premier roman policier jamais \u00e9crit en langue latgalienne \u00bb. Au-del\u00e0 de ce geste qui peut sembler anecdotique hors du pays, le roman offre \u00e0 l\u2019amateur de polar un certain nombre d\u2019ingr\u00e9dients dont on le sait friand : une intrigue emm\u00eal\u00e9e, mais tenue d\u2019une main ferme, un ancrage cr\u00e9dible et sensible dans un contexte social et \u00e9conomique contemporain, des personnages mobiles, capables de s\u2019\u00e9manciper des arch\u00e9types \u2014 mais aussi de l\u2019amour, des poursuites en voiture et du sang sur la neige. On trouve chez Aldis Buk\u0161s ce regard, qu\u2019on pourrait qualifier d\u2019eastwoodien<\/em> sur les \u00eatres et les choses, qui sied si bien au genre. Il n\u2019y a pas grand-chose \u00e0 attendre de l\u2019\u00e2me humaine, mais si la justice d\u00e9faille, l\u2019homme n\u2019a d\u2019autre choix que d\u2019agir, surtout lorsque l\u2019essentiel est en jeu : les liens familiaux, aussi calamiteux soient-ils, le pays o\u00f9 l\u2019on vit, \u00ab puisqu\u2019on n\u2019en a pas d\u2019autres \u00bb<\/em>. Il y a aussi ce miroitement m\u00e9taphorique autour des figures jumelles de la fronti\u00e8re et de la fraternit\u00e9 assez subtilement d\u00e9clin\u00e9es pour projeter sur l\u2019intrigue polici\u00e8re une lueur de mythe. \u00ab Jusqu\u2019o\u00f9 serais-tu pr\u00eat \u00e0 aller pour retrouver un fr\u00e8re disparu qui de surcro\u00eet te d\u00e9teste ? \u00bb<\/em><\/p>\n\n\n\n

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Turo Kuningas, Kutvonen In Space<\/em>, WSOY, mars 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Dans ce roman, Turo Kuningas m\u00eale son go\u00fbt pour le surr\u00e9alisme \u00e0 une tentative postmoderne d\u2019\u00e9voquer les d\u00e9bats autour des r\u00e9seaux sociaux, du divertissement, du f\u00e9minisme et de l\u2019intersectionnalit\u00e9. Son h\u00e9ros, Kutvonen, est un personnage labile, pas tout \u00e0 fait le m\u00eame d\u2019un chapitre \u00e0 l\u2019autre, \u00e9voluant au gr\u00e9 des envies satiriques de l\u2019auteur et au gr\u00e9 des formes litt\u00e9raires qui se succ\u00e8dent dans le vaste collage que constitue le livre : s\u00e9ances de th\u00e9rapie, entretiens et monologues reprenant le principe du courant de conscience forment un ensemble kal\u00e9idoscopique visant \u00e0 embrasser nombre de traits saillants du monde moderne.<\/p>\n\n\n\n

En r\u00e9sum\u00e9, Kutvonen est un sc\u00e9nariste plus ou moins graphomane pour une s\u00e9rie comique finlandaise \u00e0 succ\u00e8s. Il cherche \u00e0 imposer un personnage de lutteuse ultraf\u00e9ministe, Hiilari Klittor, mais se heurte aux conceptions du producteur sur les ressorts comiques du personnage. Par ailleurs, les tribulations de Kutvonen ne se limitent pas \u00e0 la sph\u00e8re professionnelle puisqu\u2019il se retrouve bient\u00f4t confront\u00e9 \u00e0 des histoires de soucoupes volantes\u2026<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Presque tous les chapitres se terminent si loin de leur point de d\u00e9part qu\u2019on ne se rappelle plus vraiment comment on en est arriv\u00e9 l\u00e0. \u00bb (Arttu Sepp\u00e4nen, Helsingin Sanomat<\/em>)<\/p>\n\n\n\n

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Lucie Faulerov\u00e1, Smrtholka (Ma Camarde<\/em>), Torst, 2020<\/h2>\n\n\n\n
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L’h\u00e9ro\u00efne du second roman de Lucie Faulerov\u00e1 doit faire face \u00e0 plusieurs \u00e9v\u00e9nements familiaux tragiques qui peuvent sembler incompr\u00e9hensibles, et tente d’en trouver la cause. Toutefois, pour pouvoir avancer, il lui faudra regarder en arri\u00e8re. Dans une prose tr\u00e8s rythm\u00e9e et d’une extraordinaire puret\u00e9 stylistique, une jeune fille touch\u00e9e par une trag\u00e9die familiale, aux prises avec sa propre conscience, nous pr\u00e9sente trois fr\u00e8res et s\u0153urs inexplicablement abandonn\u00e9s par leur m\u00e8re et frapp\u00e9s par la maladie : une cellule familiale ferm\u00e9e mais qui, gr\u00e2ce \u00e0 leur p\u00e8re et \u00e0 leurs liens de fraternit\u00e9, peut offrir une issue \u00e0 ceux qui sont pr\u00eats \u00e0 l’accepter. Il semble alors que la bataille la plus dure doive \u00eatre livr\u00e9e dans l’esprit m\u00eame de l’h\u00e9ro\u00efne, pour accepter l’amour offert et venir \u00e0 bout des d\u00e9mons int\u00e9rieurs du rejet et de la culpabilit\u00e9. Bien que l’intrigue esquiss\u00e9e n’incite gu\u00e8re \u00e0 l’optimisme et malgr\u00e9 le cadre dramatique du r\u00e9cit, l’auteur parvient \u00e0 manier un humour qui caract\u00e9rise les personnages, leurs relations ou encore les diverses m\u00e9thodes sugg\u00e9r\u00e9es pour se d\u00e9couvrir soi-m\u00eame et mener une vie id\u00e9ale.<\/p>\n\n\n\n

Ce livre a re\u00e7u le prix de litt\u00e9rature de l’Union europ\u00e9enne – mai 2021<\/p>\n\n\n\n

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Antonio Iturbe, La playa infinita<\/em> (La Plage infinie<\/em>), Seix Barral, 2021<\/h2>\n\n\n\n

Un voyage fascinant \u00e0 travers les mille et une histoires cach\u00e9es dans La Barceloneta, une lettre d’amour \u00e0 un quartier et, par extension, \u00e0 la ville de Barcelone.<\/p>\n\n\n\n

Iturbe est un physicien sp\u00e9cialis\u00e9 dans les neutrinos qui, apr\u00e8s plus de deux d\u00e9cennies \u00e0 l’\u00e9tranger, revient r\u00e9gler ses dettes sentimentales \u00e0 la Barceloneta, le quartier o\u00f9 il a grandi. En se promenant \u00e0 nouveau dans ses rues, il d\u00e9couvre qu’entre les appartements touristiques, les franchises multinationales et la disparition progressive des voisins, il ne reste que des vestiges de sa m\u00e9moire et il doit, avec l’aide d’un ami d’enfance appel\u00e9 Gonz\u00e1lez, sauver son propre pass\u00e9, tout en d\u00e9couvrant le sort de certains de ses compagnons de g\u00e9n\u00e9ration.
La playa infinita<\/em> est un roman qui fonctionne comme un guide sentimental du mode de vie et des rues de Barcelone dans la derni\u00e8re moiti\u00e9 du XXe si\u00e8cle ; une lettre d’amour m\u00e9lancolique \u00e0 un quartier et, par extension, \u00e0 une ville qui ne reviendra jamais. Et une justification du pouvoir de l’imagination, de la litt\u00e9rature et de la fiction pour compl\u00e9ter un portrait du dernier demi-si\u00e8cle de l’histoire espagnole.<\/p>\n\n\n\n

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L’\u00e9t\u00e9 commence, les fronti\u00e8res rouvrent. Voici l’heure de d\u00e9couvrir la s\u00e9lection litt\u00e9raire des correspondants du Grand Continent  : de Budapest \u00e0 Tallinn, en passant par Barcelone apr\u00e8s un (long) d\u00e9tour par les A\u00e7ores, des fictions venues de toute l’Europe.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":109223,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1728],"tags":[],"geo":[1917],"class_list":["post-109203","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-arts","staff-le-grand-continent","geo-europe"],"acf":[],"yoast_head":"\n11 fictions d\u2019Europe \u00e0 lire en juin | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/06\/01\/11-fictions-deurope-a-lire-en-juin\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"11 fictions d\u2019Europe \u00e0 lire en juin | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"L'\u00e9t\u00e9 commence, les fronti\u00e8res rouvrent. 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