{"id":106463,"date":"2021-04-23T15:57:57","date_gmt":"2021-04-23T13:57:57","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=106463"},"modified":"2021-04-23T15:58:03","modified_gmt":"2021-04-23T13:58:03","slug":"6-points-pour-comprendre-lechec-de-la-super-ligue","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/04\/23\/6-points-pour-comprendre-lechec-de-la-super-ligue\/","title":{"rendered":"6 points pour comprendre l’\u00e9chec de la Super Ligue"},"content":{"rendered":"\n
La Super Ligue europ\u00e9enne a \u00e9t\u00e9 l’\u00e9v\u00e9nement marquant de ce d\u00e9but de semaine. Pourtant, ce projet de comp\u00e9tition ferm\u00e9e, port\u00e9e par 12 des plus puissants clubs de football europ\u00e9ens <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>, a disparu aussi vite qu’il est arriv\u00e9. Entre frondes des supporters, r\u00e9actions des organisations du football (UEFA, FIFA) et mobilisations des principaux acteurs (joueurs, entra\u00eeneurs, dirigeants), les critiques ont \u00e9t\u00e9 si virulentes que la plupart des \u00e9quipes \u00ab s\u00e9cessionnistes \u00bb ont jet\u00e9 l’\u00e9ponge. Apr\u00e8s cet \u00e9norme fiasco, la Super Ligue n’est plus mais les \u00e9quilibres du football europ\u00e9en n\u2019en demeurent pas moins fragiles. Voici 6 enseignements \u00e0 tirer de cette crise.<\/p>\n\n\n\n Annonc\u00e9 le dimanche 18 avril dernier, le projet Super Ligue a surpris. Pourtant les r\u00e9flexions autour de la cr\u00e9ation d’une comp\u00e9tition ferm\u00e9e ne datent pas d’hier. C’est un v\u00e9ritable serpent de mer auquel les clubs les plus riches d’Europe r\u00e9fl\u00e9chissent depuis quelques ann\u00e9es. C’est en 1998 qu’un premier projet est propos\u00e9 par Media Partners, une soci\u00e9t\u00e9 sp\u00e9cialis\u00e9e dans les droits TV. L’id\u00e9e est alors de r\u00e9partir 36 clubs europ\u00e9ens en 3 poules de 12, sans possibilit\u00e9 de descente, et de reprendre le mod\u00e8le de la NBA aux \u00c9tats-Unis. Bien que cette comp\u00e9tition n\u2019ait pas vu pas le jour, le lobbying des meilleurs clubs europ\u00e9ens s\u2019est poursuivi afin de mieux prot\u00e9ger l\u2019une de leurs principales sources de revenus, les droits t\u00e9l\u00e9vis\u00e9s d\u00e9riv\u00e9s de leur participation aux coupes europ\u00e9ennes. Cette question est devenue de plus en plus cruciale \u00e0 mesure que les investissements de structure des clubs et le co\u00fbt des transferts ont augment\u00e9 au cours des deux derni\u00e8res d\u00e9cennies. En 2016, finalement, l’UEFA laisse plus de place aux grands championnats en Ligue des Champions, au d\u00e9triment des championnats moins m\u00e9diatiques. Depuis, la dynamique s\u2019acc\u00e9l\u00e8re, un ph\u00e9nom\u00e8ne\u00a0 renforc\u00e9 par les cons\u00e9quences \u00e9conomiques li\u00e9es \u00e0 la pand\u00e9mie de la Covid-19 qui ont priv\u00e9 tous les clubs des importantes ressources qu\u2019ils tiraient de la billetterie.<\/p>\n\n\n\n La Ligue des Champions : c’est elle qui est au centre de l’ensemble des tractations de ces derniers jours. Elle n’est ni plus ni moins que la comp\u00e9tition phare du football europ\u00e9en, g\u00e9n\u00e9rant pas loin de 2 milliards d’euros de recettes par an en mettant en lumi\u00e8re les principales \u00e9quipes d\u2019Europe partout dans le monde. Mais les meilleurs clubs en veulent plus, estimant que c\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 eux que le mod\u00e8le \u00e9conomique du football tient. Voil\u00e0 pourquoi ils veulent deux choses :\u00a0 une part du g\u00e2teau plus importante et la capacit\u00e9 de g\u00e9rer directement les droits commerciaux et financiers de la comp\u00e9tition. C\u2019est \u00e0 ce dernier point que l’UEFA s’est toujours oppos\u00e9e. En 2019 n\u00e9anmoins, un nouveau projet de Ligue des Champions est mis sur la table. \u00c0 la cl\u00e9, un format plus favorable aux clubs les plus puissants, une comp\u00e9tition plus ferm\u00e9e et surtout un nombre plus important de matchs pour faire gonfler les recettes de la Ligue des Champions. Cette nouvelle mouture est jug\u00e9e peu satisfaisante par les plus gros clubs. Le vote de cette nouvelle r\u00e9forme devait intervenir le lundi 19 avril. Symboliquement, l’annonce de la cr\u00e9ation de la Super Ligue par les 12 clubs rebelles est intervenue la veille. Une annonce choc dans un timing<\/em> serr\u00e9 pour faire pression sur l’UEFA et sa Ligue des Champions.<\/p>\n\n\n\n Malgr\u00e9 une annonce en fanfare, la Super Ligue se payait d\u2019illusions. L’aveuglement des principaux protagonistes (Florentino Perez, pr\u00e9sident du Real Madrid, Andrea Agnelli, pr\u00e9sident de la Juventus de Turin et Joel Glazer, pr\u00e9sident de Manchester United) leur a laiss\u00e9 penser que les supporters \u00e9taient demandeurs d’une ligue compos\u00e9e des meilleurs clubs. Un sondage command\u00e9 par les clubs fondateurs r\u00e9v\u00e8le que 66 % des fans de football seraient pour <\/em>la Super Ligue. Le format de la comp\u00e9tition est dans un communiqu\u00e9, une ligue de 20 \u00e9quipes avec des matchs le mercredi (jour de la Ligue des Champions) pour permettre aux \u00e9quipes pr\u00e9sentes de toujours concourir dans leurs ligues nationales le week-end, et sans doute une mani\u00e8re ainsi de ne pas froisser les f\u00e9d\u00e9rations nationales. Voil\u00e0 qui d\u00e9montre que cette Super Ligue visait avant tout l\u2019UEFA. Pour cr\u00e9er cette comp\u00e9tition, la banque JP Morgan aurait garanti un montant de 6 milliards d’euros pour le lancement. Des chiffres \u00ab rassurants \u00bb qui ne r\u00e9sisteront pas au choc de la r\u00e9alit\u00e9. Le monde du football gronde, et c’est dans la \u00ab terre du football \u00bb, en Angleterre, que les r\u00e9actions seront les plus virulentes, notamment de la part des supporters, de la Premier League et du Premier Ministre Boris Johnson, qui menace d\u2019intervenir pour emp\u00eacher les six clubs anglais de rejoindre ce projet. Face \u00e0 cette pression politique et populaire, ces derniers sont les premiers \u00e0 renoncer.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Les six clubs anglais se sont retir\u00e9s de la Super Ligue 48 heures apr\u00e8s l\u2019annonce de la cr\u00e9ation du projet. Suivent ensuite l\u2019Inter Milan, le Milan AC et que le FC Barcelone. Face \u00e0 ces d\u00e9cisions, de nombreuses r\u00e9actions semblait la victoire du \u00ab vrai football \u00bb. <\/em>Pourtant la r\u00e9alit\u00e9 est toute autre. Le nouveau projet de Ligue des Champions, vot\u00e9 ce lundi 19 avril, tend de plus en plus vers un format de comp\u00e9tition ferm\u00e9e. Plus de clubs (36 au lieu 32), plus de matchs, plus de revenus g\u00e9n\u00e9r\u00e9s mais tout cela au profit des clubs les plus puissants d\u2019Europe qui seront favoris\u00e9s dans le processus de s\u00e9lection. Face \u00e0 l\u2019annonce de la Super Ligue, l\u2019UEFA, malgr\u00e9 le ton ferme de son Pr\u00e9sident Aleksander \u010ceferin face aux douze frondeurs, communique dans la foul\u00e9e\u00a0 qu\u2019elle travaille avec un fonds d\u2019investissement britannique pour proposer une nouvelle Ligue des Champions qui aurait un budget de d\u00e9part avoisinant 4,5 milliards d\u2019euros mais pouvant monter jusqu\u2019\u00e0 7 milliards. C\u2019est une mani\u00e8re de r\u00e9pondre aux demandes des meilleurs clubs mais aussi d\u2019\u00e9viter que d\u2019autres puissantes \u00e9quipes rejoignent un nouveau projet Super Ligue. D\u00e9sormais sans public, sans clubs historiques, sans nom clinquant, et m\u00eame sans diffuseur apr\u00e8s la d\u00e9fection d\u2019Amazon, pressenti un temps comme le diffuseur privil\u00e9gi\u00e9 de cette nouvelle comp\u00e9tition, la future ligue ferm\u00e9e n\u2019a plus rien pour s\u00e9duire. Entre rester dans une Ligue des Champions prestigieuse tout en gagnant plus d’argent ou partir dans un projet de Super Ligue d\u00e9cri\u00e9 de tous, le choix des clubs a \u00e9t\u00e9 vite fait.\u00a0<\/p>\n\n\n\n En apparence, tout va bien pour l\u2019UEFA qui a repouss\u00e9 le projet de Super Ligue et sauv\u00e9 sa comp\u00e9tition phare, la Ligue des Champions. En r\u00e9alit\u00e9, elle ressort affaibli de cette crise. Son pr\u00e9sident Aleksander \u010ceferin est mont\u00e9 au cr\u00e9neau, mais il lui aura fallu tout l\u2019appui de Gianni Infantino, Pr\u00e9sident de la FIFA, ou encore de Nasser Al-Khela\u00effi, pr\u00e9sident du PSG, pour maintenir une telle pression. L\u2019abandon du projet est aussi \u00e0 mettre sur le compte du d\u00e9part des 6 clubs anglais, qui ne voulaient pas se mettre \u00e0 dos leurs supporters, la Premier League (ligue nationale la plus prestigieuse du monde) et le gouvernement britannique. L\u2019UEFA n\u2019a que finalement peu pes\u00e9 sur l\u2019avenir de la Super Ligue. Cette crise serait peut-\u00eatre intervenue \u00e0 cause du pr\u00e9sident de la FIFA lui-m\u00eame, Gianni Infantino, pourtant officiellement oppos\u00e9 au projet <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ce bluff est loin d\u2019\u00eatre surprenant, tant Ceferin et Infantino sont vus comme des meilleurs ennemis.<\/em> La FIFA pousse en effet depuis plusieurs ann\u00e9es pour avoir une autre grande comp\u00e9tition, \u00e0 l\u2019image de la Coupe du Monde, mais entre clubs. Pour ce faire l\u2019organisation mondiale du football a programm\u00e9 sa prochaine Coupe du Monde des clubs en Chine avec un format \u00e9largi, capable d\u2019attirer les meilleurs clubs europ\u00e9ens et, ainsi, de concurrencer la Ligue des Champions. La FIFA reste \u00e9videmment contre des projets de ligues ferm\u00e9es, pour ne se pas mettre en difficult\u00e9 avec ses f\u00e9d\u00e9rations membres, mais elle n\u2019en demeure pas moins attentive \u00e0 l\u2019\u00e9volution de la plus puissante des f\u00e9d\u00e9rations continentales, l\u2019UEFA. Qui a finalement courb\u00e9 l\u2019\u00e9chine face \u00e0 l\u2019offensive de ses principaux clubs.<\/p>\n\n\n\n Le Paris Saint-Germain est sans doute le grand gagnant de cette crise. Bien qu\u2019elle ait contact\u00e9e par les clubs \u00e0 l\u2019origine de la Super Ligue, l\u2019\u00e9quipe de la capitale n\u2019a pas r\u00e9pondu favorablement, se donnant le temps de voir comment la situation \u00e9voluerait. Nasser al-Khela\u00effi, Pr\u00e9sident du PSG, a en effet estim\u00e9 qu\u2019il avait plus \u00e0 perdre qu\u2019\u00e0 y gagner dans cette histoire. Il faut dire que l\u2019objectif affich\u00e9 du club, depuis son rachat par un fonds souverain qatari en 2011, est de gagner la Ligue des Champions. Finaliste l\u2019ann\u00e9e derni\u00e8re, toujours en course cette ann\u00e9e, le Qatar a peut-\u00eatre une chance de voir son projet aboutir. Outre ces questions sportives, le PSG et le Qatar ne pouvaient pas entrer en guerre avec l\u2019UEFA, et surtout avec la FIFA, \u00e0 un an de la Coupe du Monde 2022 qui a lieu dans l\u2019\u00e9mirat. Sa strat\u00e9gie sportive s\u2019est construite depuis de nombreuses ann\u00e9es, et le Qatar n\u2019allait pas fragiliser son mod\u00e8le pour quelques millions d\u2019euros de plus. D\u2019autant que le groupe de m\u00e9dia sportif, BeIN Sports, est l\u2019un des diffuseurs de la Ligue des Champions. Par ailleurs le PSG, en \u00e9tant fermement oppos\u00e9 au projet de Super Ligue, a pu \u00eatre vu comme une institution qui d\u00e9fendait une certaine conception romantique du football, un changement d\u2019image bienvenu pour un club r\u00e9guli\u00e8rement brocard\u00e9 comme une compagnie de mercenaires. Tout cela est de bon augure pour les int\u00e9r\u00eats qataris, qui cherche \u00e0 se d\u00e9p\u00eatrer des r\u00e9v\u00e9lations du Guardian<\/em> en f\u00e9vrier dernier sur le nombre de morts sur les chantiers de constructions du Mondial 2022. Nasser al-Khela\u00effi de son c\u00f4t\u00e9 a pris du galon au sein du football europ\u00e9en, puisque la crise lui a permis de devenir le pr\u00e9sident de l\u2019ECA, l\u2019Association europ\u00e9enne des clubs, un poste strat\u00e9gique qui \u00e9tait jusque-l\u00e0 occup\u00e9 par Andrea Agnelli, chef des rebelles et pr\u00e9sident de la Juventus de Turin.<\/p>\n\n\n\n Le projet Super Ligue ne restera pas lettre morte car derri\u00e8re la situation \u00e9conomique difficile des meilleurs clubs europ\u00e9ens, il y a les \u00ab autres \u00bb qui eux pourraient \u00eatre v\u00e9ritablement amen\u00e9s \u00e0 dispara\u00eetre. Le temps de la refonte de l\u2019\u00e9conomie du football est sans doute venu pour d\u00e9velopper un mod\u00e8le qui permettrait aux plus \u00ab grands \u00bb de se d\u00e9velopper, tout en am\u00e9liorant la situation des \u00ab autres \u00bb. C\u2019est la condition pour que le sport le plus populaire du monde puisse retrouver une certaine \u00e9quit\u00e9.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Entre frondes des supporters, r\u00e9actions des organisations du football (UEFA, FIFA) et mobilisations des principaux acteurs (joueurs, entra\u00eeneurs, dirigeants), les critiques ont \u00e9t\u00e9 si virulentes que la plupart des \u00e9quipes \u00ab s\u00e9cessionnistes \u00bb ont jet\u00e9 l’\u00e9ponge. Apr\u00e8s cet \u00e9norme fiasco, la Super Ligue n’est plus mais les \u00e9quilibres du football europ\u00e9en n\u2019en demeurent pas moins fragiles. Voici 6 enseignements \u00e0 tirer de cette crise.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-briefings.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[2188],"tags":[],"geo":[1917],"class_list":["post-106463","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-sport","staff-kevin-veyssiere","geo-europe"],"acf":[],"yoast_head":"\n