{"id":105714,"date":"2021-04-12T16:10:39","date_gmt":"2021-04-12T14:10:39","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=105714"},"modified":"2022-03-17T12:48:50","modified_gmt":"2022-03-17T11:48:50","slug":"gouvernements-progressistes-en-amerique-latine-1998-2018-la-fin-dun-age-dor","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/04\/12\/gouvernements-progressistes-en-amerique-latine-1998-2018-la-fin-dun-age-dor\/","title":{"rendered":"Gouvernements progressistes en Am\u00e9rique latine (1998-2018) : la fin d\u2019un \u00e2ge d\u2019or"},"content":{"rendered":"\n

L\u2019arriv\u00e9e au pouvoir de plus d\u2019une dizaine de gouvernements progressistes en Am\u00e9rique latine s\u2019est traduite par une esp\u00e9rance croissante d\u2019une transformation sociale de par le monde parmi d\u2019amples secteurs de la gauche \u2013europ\u00e9enne, pourrait-on ajouter. C\u2019est en partant de ce constat que Franck Gaudichaud<\/span>1<\/sup><\/a><\/span> et Thomas Posado<\/span>2<\/sup><\/a><\/span> ouvrent cet ouvrage. L\u2019objectif, \u00e9nonc\u00e9 d\u00e8s l\u2019introduction, est \u201cd\u2019\u00e9clairer lectrices et lecteurs sur l\u2019\u00e9volution de la conjoncture politique latino-am\u00e9ricaine de mani\u00e8re inform\u00e9e et critique, tout en tirant queques bilans et le\u00e7ons\u201d (p.11) de la p\u00e9riode consid\u00e9r\u00e9e comme l\u2019\u00e2ge d\u2019or des gouvernements progressistes dans la r\u00e9gion (1998-2018). <\/p>\n\n\n\n

Alors que pour certains les propos pr\u00e9sent\u00e9s dans cette contribution pourraient \u00eatre \u201cprovocateurs\u201d (p.249), comme le signale Miriam Lang en conclusion, ceux-ci constituent des \u00e9l\u00e9ments incontournables pour ceux qui sont soucieux des fortes in\u00e9galit\u00e9s qui caract\u00e9risent la r\u00e9gion et de la place de plus en plus insignifiante de cette derni\u00e8re dans l\u2019ordre international. Le livre est \u00e9galement essentiel pour ceux qui cherchent non seulement \u00e0 trouver une r\u00e9ponse aux frustrations face \u00e0 ce qu\u2019on pourrait consid\u00e9rer un \u00e9chec des exp\u00e9riences progressistes r\u00e9centes, mais aussi \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir sur les perspectives du sous-continent dans un contexte dans lequel une fen\u00eatre d\u2019opportunit\u00e9 pourrait \u00eatre en train de s\u2019ouvrir pour qu\u2019au moins, une petite vague rose s\u2019y r\u00e9installe.<\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s l\u2019introduction, la suite de l\u2019ouvrage se compose de trois parties qui proposent des chapitres dont les analyses se placent \u00e0 diff\u00e9rentes \u00e9chelles. La premi\u00e8re partie, \u201cDe nouvelles relations internationales et g\u00e9opolitiques\u201d, dresse un bilan de certains \u00e9l\u00e9ments \u00e0 l\u2019\u00e9chelle globale qui ont structur\u00e9 l\u2019action politique des gouvernements progressistes (la  doctrine Monroe \u00e9tats-unienne, toujours pr\u00e9sente, et l\u2019hyper-consolidation des relations commerciales avec la Chine). La deuxi\u00e8me partie, quant \u00e0 elle, explore, dans une perspective r\u00e9gionale, un ensemble de contradictions consolid\u00e9es notamment autour du mod\u00e8le de d\u00e9veloppement sur lequel s\u2019est repos\u00e9e l\u2019 action politique des gouvernements progressistes , justement en raison de cette d\u00e9pendance croissante vis-\u00e0-vis de la Chine : le n\u00e9o-extractivisme. Que ce soit par des raisons \u00e9conomiques ou par celles fond\u00e9es sur des analyses de politistes, int\u00e9ress\u00e9es par les tensions avec les acteurs sociaux autour desquels se structurent les pactes assurant les niveaux de gouvernabilit\u00e9 des syst\u00e8mes politiques sous la vague rose, les sept chapitres rendent plus lisible le d\u00e9senchantement populaire sous-jacent \u00e0 ce qui a \u00e9t\u00e9 d\u00e9crit comme un virage \u00e0 droite dans la r\u00e9gion. Enfin, la troisi\u00e8me et derni\u00e8re partie, \u201cDes conjonctures nationales sp\u00e9cifiques\u201d, permet de contextualiser \u00e0 l\u2019\u00e9chelle nationale beaucoup de ces \u00e9l\u00e9ments, notamment pour les cas de l\u2019\u00c9quateur, du Nicaragua, du Venezuela, de la Bolivie et du Br\u00e9sil.<\/p>\n\n\n\n

La premi\u00e8re partie de l\u2019ouvrage s\u2019ouvre avec un chapitre dans lequel Max Paul Friedman analyse l\u2019\u00e9volution des relations interam\u00e9ricaines pendant le mandat de Barack Obama, marqu\u00e9e \u201cpar une transformation radicale au niveau de la rh\u00e9torique et une transformation modeste au niveau de la politique \u00e9trang\u00e8re\u201d (p.15). On y  distingue une certaine mise \u00e0 l\u2019\u00e9preuve de la doxa selon laquelle toute compr\u00e9hension des configurations des syst\u00e8mes politiques latino-am\u00e9ricains (en interne et en externe) doit passer avant tout par une reconnaissance des cons\u00e9quences de l\u2019imp\u00e9rialisme \u00e9tats-unien. Et pourtant, alors que la doctrine Monroe est sans doute structurante pour comprendre l\u2019apparent  changement substantiel dans les relations entre Cuba et les Etats-Unis, ainsi que les vell\u00e9it\u00e9s putschistes au Venezuela et au Honduras, il semblerait que le pari de l\u2019ouvrage est plut\u00f4t d\u2019analyser les impacts de ce que qui constituerait un \u201cnouvel imp\u00e9rialisme\u201d structur\u00e9 autour de la Chine. C\u2019est d\u2019ailleurs dans la catalysation du n\u00e9o-extractivisme, terme emprunt\u00e9 par Fr\u00e9d\u00e9ric Thomas \u00e0 Eduardo Gudynas, qu\u2019il faudrait trouver le fondement originel \u00e0 la fin de l\u2019\u00e2ge d\u2019or des gouvernements progressistes. Ce n\u00e9o-extractivisme aurait fond\u00e9 des strat\u00e9gies, suppos\u00e9ment n\u00e9od\u00e9veloppementalistes, caract\u00e9ris\u00e9es plut\u00f4t \u201cpar des politiques de distribution plut\u00f4t que de transformation\u201d (p.39) ; une transformation qui semblerait aussi , en poursuivant la lecture dans la deuxi\u00e8me partie, de plus en plus revendiqu\u00e9e par des acteurs sociaux dont les liens avec les gouvernements progressistes sont essentiels pour assurer la stabilit\u00e9 institutionnelle.<\/p>\n\n\n\n

Au-del\u00e0 d\u2019une analyse \u00e9conomique : l\u2019incontournable passage par la science politique pour comprendre la fin de l\u2019\u00e2ge d\u2019or<\/h2>\n\n\n\n

Dans cette deuxi\u00e8me partie, Pierre Salama \u00e9tablit d\u2019abord un bilan des politiques \u00e9conomiques mises en place par les gouvernements progressistes en Argentine et au Br\u00e9sil, en mettant en \u00e9vidence certaines des d\u00e9faillances sous-jacentes \u00e0 l’impossible consolidation des acquis sociaux \u00e0 moyen terme. La reprimarisation des \u00e9conomies, boost\u00e9e par la demande chinoise des mati\u00e8res premi\u00e8res et par la mont\u00e9e de leurs cours se traduit par une d\u00e9sindustrialisation pr\u00e9coce qui n\u2019est pas compens\u00e9e par des politiques \u2013notamment mon\u00e9taires\u2013 permettant, en suivant l\u2019intuition d\u2019un des p\u00e8res fondateurs du d\u00e9veloppementalisme, de prot\u00e9ger les industries de demain de la concurrence \u00e9trang\u00e8re. <\/p>\n\n\n\n

Elena Ciccozzi met l\u2019accent sur l\u2019absence de r\u00e9formes fiscales (imp\u00f4ts sur la fortune, taxes fonci\u00e8res et de succession), sur le renforcement des dispositifs administratif-bureaucratiques et sur les grands projets dont l\u2019impact \u00e0 l\u2019\u00e9chelle locale est \u00e0 craindre. Elle pr\u00e9sente notamment un d\u00e9bat caract\u00e9ristique de la r\u00e9gion : N\u00e9od\u00e9veloppementalisme<\/em> v. Pachamama <\/em>(p.84). Si l\u2019influence n\u00e9gative du n\u00e9o-extractivisme dans le cadre institutionnel et dans la gouvernabilit\u00e9 des \u00c9tats passe avant tout par le risque d\u2019un effondrement \u00e9conomique, elle alimente tout de m\u00eame la polarisation, ainsi que les tensions et les violences sociales. C\u2019est d\u2019ailleurs ce que Matthieu Le Quang met en \u00e9vidence en analysant un cas pr\u00e9cis de contradiction engendr\u00e9e par le mod\u00e8le n\u00e9o-extractiviste, notamment dans un pays comme l\u2019\u00c9quateur, o\u00fa le discours officiel du gouvernement Correa promeut un concept emprunt\u00e9 aux mouvements indig\u00e9nistes exprimant le d\u00e9sir d\u2019une transition \u00e9co-sociale ou \u00e9cologique : le \u201cBuen Vivir\u201d. <\/p>\n\n\n\n

En d\u00e9pla\u00e7ant le probl\u00e8me des contradictions discursives vers les tensions politiques palpables, Yoletty Bracho pr\u00e9sente la s\u00e9quence ouverte au Venezuela par la volont\u00e9 d\u2019instaurer un agenda l\u00e9gislatif populaire par des acteurs sociaux proches du chavisme dans le cadre des \u00e9lections parlementaires de 2015. Avec la routinisation des liens entre mouvements sociaux et gouvernements progressistes, \u201cles fronti\u00e8res entre militantisme, militantisme institutionnel, action publique, gouvernement et \u00c9tat\u201d (p.114) deviennent de plus en plus floues : initialement per\u00e7u comme un outil assurant la canalisation des demandes soci\u00e9tales \u2013ou du moins, une partie de celles provenant des secteurs populaires\u2013 pourrait alors commencer \u00e0 poser probl\u00e8me. Or, si les mouvements sociaux structurent de plus en plus les liens entre institutions \u00e9tatiques et soci\u00e9t\u00e9 civile lors de l\u2019\u00e2ge d\u2019or des gouvernements progressistes, Thomas Posado expose les recompositions du champ syndical et l\u2019\u00e9volution de sa place dans le syst\u00e8me politique. Dans cette p\u00e9riode caract\u00e9ris\u00e9e, certes, par un renouveau de l\u2019activit\u00e9 syndicale, mais aussi par une atomisation de celle-ci et par le d\u00e9fi qu\u2019implique la syndicalisation de travailleurs informels, les \u201ctensions cr\u00e9atives\u201d suppos\u00e9ment b\u00e9n\u00e9fiques entre \u00c9tat et syndicalisme demeurent \u201cau stade de chim\u00e8res\u201d (p.129). Est-ce que cela exprimerait, d\u2019une certaine fa\u00e7on, la place d\u00e9valoris\u00e9e du champ syndical dans la pens\u00e9e progressiste latino-am\u00e9ricaine ?<\/p>\n\n\n\n

Pierre Rouxel analyse l\u2019\u00e9rosion de la l\u00e9gitimit\u00e9 politique du kirchn\u00e9risme parmi les fractions salari\u00e9es et industrielles des classes populaires en mobilisant l\u2019exemple des luttes organisationnelles au sein d\u2019une usine agroalimentaire dans la banlieue de Buenos Aires. Cependant, il ne s\u2019agit pas forc\u00e9ment d\u2019une \u00e9rosion fond\u00e9e sur une n\u00e9gligence de l\u2019alliance strat\u00e9gique avec les centrales syndicales. Dans un contexte o\u00f9 \u201cle pouvoir politique est per\u00e7u [par ces fractions] comme peu attentif voire hostile aux revendications d\u2019une refondation des modes de repr\u00e9sentations des salari\u00e9s et d\u2019une transformation des structures syndicales\u201d (p.139) et comme vecteur de la consolidation du statu quo<\/em> exprim\u00e9 par le verticalisme de ces structures syndicales, d\u00e9fendu par ses \u00e9lites dirigeantes, le sentiment d\u2019abandon se renforce ; un sentiment qui se r\u00e9troalimente de la comparaison avec la place accord\u00e9e aux fractions des secteurs populaires employ\u00e9es dans le secteur informel de l\u2019\u00e9conomie via des politiques assitencialistes. <\/p>\n\n\n\n

Enfin, l\u2019analyse de Rodrigo Torres des contradictions des gouvernements progressistes chiliens quant aux politiques \u00e9ducatives permet d\u2019exemplifier les enjeux qui se posent lorsque la stabilit\u00e9 et la l\u00e9gitimit\u00e9 institutionnelle ne reposent pas forc\u00e9ment sur des liens tr\u00e8s \u00e9troits avec une soci\u00e9t\u00e9 organis\u00e9e, plut\u00f4t en cours de construction. Alors qu\u2019aucun changement structurel est produit en termes \u00e9ducatifs par rapport \u00e0 la p\u00e9riode pinochiste, les mobilisations de 2006 et 2011 mettent en \u00e9vidence une consolidation de l\u2019organisation sociale, qui n\u2019est pas canalis\u00e9e par le d\u00e9veloppement d\u2019un dialogue avec celle-ci. <\/p>\n\n\n\n

L\u2019ensemble de ces analyses permet de dresser un \u00e9tat des lieux de diff\u00e9rents facteurs qui se posent \u00e0 l\u2019\u00e9chelle r\u00e9gionale pour mieux comprendre les \u00e9checs des gouvernements progressistes \u2013 et surtout, pour ne pas r\u00e9p\u00e9ter les m\u00eames erreurs. Alors que ces analyses ont tendance \u00e0 proposer des regards critiques \u00e9conomicistes, il faut saluer la construction d\u2019un tel ouvrage par deux politologues, mettant plut\u00f4t en avant des \u00e9l\u00e9ments critiques extrapol\u00e9s de la confrontation id\u00e9ologique caract\u00e9risant l\u2019\u00e9conomie politique. Cet ouvrage est donc \u00e0 conseiller \u00e0 un public sp\u00e9cialiste de la r\u00e9gion qui reconna\u00eet le potentiel \u00e9mancipateur des gouvernements progressistes et qui s’int\u00e9resse aux liens entre ceux-ci et une soci\u00e9t\u00e9 organis\u00e9e, en \u00e9volution. Certains de ces liens sont \u00e9tudi\u00e9s dans une troisi\u00e8me partie, en les cadrant dans des contextes nationaux sp\u00e9cifiques : c\u2019est notamment le cas des chapitres de Pablo Stefanoni, sur la Bolivie, ou de Laurent Delcourt, sur le Br\u00e9sil ; les autres sur l\u2019\u00c9quateur (Henry Ch\u00e1vez), l\u2019Uruguay (Damien Larrouqu\u00e9 et Luis Rivera-V\u00e9lez), le Nicaragua (H\u00e9l\u00e8ne Roux) et le Venezuela (Santiago Arconada Rodr\u00edguez et Edgardo Lander) se pla\u00e7ant sur des niveaux d\u2019analyse plus classiques sur les discours et les institutions \u00e9tatiques.  <\/p>\n\n\n\n

Le maintien des niveaux de gouvernabilit\u00e9 par la canalisation des demandes exprim\u00e9es par la soci\u00e9t\u00e9 : quelques \u00e9l\u00e9ments de dialogue entre les chapitres<\/h2>\n\n\n\n

Stabilit\u00e9 et l\u00e9gitimit\u00e9. Quand les liens avec les acteurs sociaux deviennent contre-productifs. <\/em>Yoletty Bracho d\u00e9crit un processus classique qui caract\u00e9rise les relations entre acteurs sociaux et gouvernamentaux dans les syst\u00e8mes politiques latino-am\u00e9ricains, notamment lorsqu\u2019il s\u2019agit pour les premiers d\u2019obtenir de ces derniers des fonds pour financer leurs activit\u00e9s, tr\u00e8s souvent dans les quartiers populaires : celui qui implique bajar el presupuesto<\/em> (p.111). L\u2019obtention des ressources depuis des organes ex\u00e9cutifs par des canaux peu transparents et par la mobilisation des liens flous entre politique et militantisme est un exemple, parmi d\u2019autres, des \u00e9l\u00e9ments qui structurent l\u2019imaginaire collectif autour de la suppos\u00e9e corruption sous-jacente aux relations entre mouvements sociaux et gouvernements progressistes. <\/p>\n\n\n\n

Alors que, tr\u00e8s souvent, l\u2019instrumentalisation de la consolidation de ces relations est favoris\u00e9e avant tout par ses impacts positifs \u00e0 court terme sur les niveaux de stabilit\u00e9 (en p\u00e9riode de croissance \u00e9conomique puisque vecteurs de la politique de distribution qui permettra d\u2019assurer, en p\u00e9riode de vaches maigres, le bon fonctionnement du filet de protection), l’imbrication entre organisations populaires et structures \u00e9tatiques consolide aussi une perte de l\u00e9gitimit\u00e9, g\u00e9n\u00e9ralement au sein d\u2019une classe moyenne qui consid\u00e8re, en plus, ne pas b\u00e9n\u00e9ficier d\u2019un traitement encourageant de la part des gouvernements progressistes. Il suffit de rappeler l\u2019absurdit\u00e9 du minimum non imposable de l\u2019imp\u00f4t sur le revenu en Argentine, d\u00e9crit aussi bien par Thomas Posado que par Pierre Rouxel. Mais on pourrait aussi introduire l\u2019exemple de l\u2019abandon des politiques de logement destin\u00e9es \u00e0 ces classes moyennes, au profit de politiques impliquant dans beaucoup de pays la mobilisation des coop\u00e9ratives de travail des organisations repr\u00e9sentant les fractions des secteurs populaires employ\u00e9es dans le secteur informel. <\/p>\n\n\n\n

Tel que d\u00e9crit par l\u2019outil conceptuel de la gouvernabilit\u00e9, l\u2019\u00e9rosion de l\u00e9gitimit\u00e9 n\u2019est pas forc\u00e9ment imm\u00e9diate. L\u2019adoption d’une solution particuli\u00e8re, qu\u2019elle soit en termes de politique publique ou de l\u2019agencement de liens particuliers entre diff\u00e9rents acteurs \u2013dans ce cas l\u00e0, mouvements sociaux et structures \u00e9tatiques\u2013, qui semblerait \u00eatre efficace \u00e0 court terme pour la consolidation des niveaux de gouvernabilit\u00e9, peut avoir l\u2019effet contraire \u00e0 long terme. Et cette \u00e9rosion de l\u00e9gitimit\u00e9, tel que d\u00e9montr\u00e9 par Pierre Rouxel, peut aussi avoir lieu parmi les secteurs populaires : \u201cles formes d\u2019intervention publique promues par le pouvoir kirchn\u00e9risme, tourn\u00e9es notamment vers les cat\u00e9gories les plus vuln\u00e9rables et exclues des circuits de l\u2019emploi salari\u00e9\u201d auraient contribu\u00e9 \u00e0 \u201cfa\u00e7onner certains clivages et oppositions socio-politiques, susceptibles d\u2019expliquer l\u2019orientation d\u2019une partie des votes populaires en faveur du candidat de Cambiemos, Mauricio Macri, aux \u00e9lections pr\u00e9sidentielles de 2015\u201d (p.132). Les logiques d\u2019\u00e9change avec les organisations sociales sont aussi point\u00e9es du doigt par certains secteurs des classes populaires du fait de leur caract\u00e8re peu transparent. <\/p>\n\n\n\n

Int\u00e9r\u00eats g\u00e9n\u00e9raux et sectoriels : quelles possibilit\u00e9s d\u2019une action conjointe des acteurs sociaux ? <\/em>Dans ce cadre-l\u00e0, se pose la question des possibilit\u00e9s d\u2019une action conjointe des diff\u00e9rentes \u201cclasses de travail\u201d<\/span>3<\/sup><\/a><\/span> et de l\u2019\u00e9ventuelle canalisation par l\u2019\u00c9tat des demandes exprim\u00e9es par celle-ci. Thomas Posado fait allusion \u00e0 la notion de \u201cgouvernement des mouvements sociaux\u201d (p.128) d\u2019\u00c1lvaro Garc\u00eda Linera, ancien Vice-Pr\u00e9sident de la Bolivie (2006-2019) et selon lequel, \u00e0 long terme, il devrait avoir une \u201cdissolution de l\u2019\u00c9tat dans la soci\u00e9t\u00e9\u201d d\u00e9passant ainsi les \u201cmobilisations qui cherchent seulement \u00e0 satisfaire les n\u00e9cessit\u00e9s d\u2019un groupe particulier, un secteur ou un individu\u201d : une entreprise difficilement r\u00e9alisable si nous tenons compte des tensions \u2013pas vraiment secondaires\u2013 entre acteurs sociaux et \u00c9tat, mais aussi parmi les premiers. <\/p>\n\n\n\n

En Argentine, malgr\u00e9 les rapprochements entre centrales syndicales traditionnelles (CGT, CTA) et organisations r\u00e9unies autour de l\u2019Union des Travailleurs de l\u2019\u00c9conomie Populaire (UTEP), sur la voie de sa reconnaissance comme centrale syndicale, des conflits ont vu le jour. Par exemple, H\u00e9ctor Daer, un des secr\u00e9taires g\u00e9n\u00e9raux de la CGT s\u2019\u00e9tait prononc\u00e9, juste avant la victoire du Frente de Todos au premier tour des \u00e9lections g\u00e9n\u00e9rales de 2019, contre la proposition de r\u00e9forme agraire de Juan Grabois, r\u00e9f\u00e9rent de l\u2019UTEP, puisque celle-ci serait \u201cimproductive pour le pays\u201d<\/span>4<\/sup><\/a><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Face \u00e0 la maturit\u00e9 des acteurs sociaux, quelles perspectives progressistes ?<\/em> \u00c0 l\u2019heure o\u00f9 des organisations internationales et r\u00e9gionales se demandent de plus en plus comment on pourrait financer un nouveau contrat social en Am\u00e9rique latine, une r\u00e9ponse est claire : celui-ci ne pourra pas reposer sur le n\u00e9o-extractivisme ayant caract\u00e9ris\u00e9 la r\u00e9gion ces deux derni\u00e8res d\u00e9cennies. Pas seulement parce que ce mod\u00e8le de d\u00e9veloppement est insoutenable sur le plan environnemental, mais surtout parce qu\u2019il ne permet plus de consolider des pactes sociaux sous-jacents au maintien n\u00e9cessaire des niveaux de gouvernabilit\u00e9 des syst\u00e8mes politiques latino-am\u00e9ricains. Et c\u2019est peut \u00eatre l\u00e0 que se trouve une des principales raisons de la fin de l\u2019\u00e2ge d\u2019or des gouvernements progressistes en Am\u00e9rique latine : est-ce qu\u2019ils ont su lire les \u00e9volutions des conceptions des acteurs sociaux quant \u00e0 leur place dans ces syst\u00e8mes politiques ? Il semblerait que, de plus en plus, ceux-ci se con\u00e7oivent  eux-m\u00eames non plus comme des noeuds entre secteurs populaires et institutions \u00e9tatiques afin d\u2019assurer la redistribution des ressources, mais plut\u00f4t comme des acteurs en capacit\u00e9 de proposer des alternatives aux mod\u00e8les de d\u00e9veloppement historiques, tout en participant aux processus d\u2019\u00e9laboration et de mise en oeuvre de politiques publiques : d\u00e9colonisation, d\u00e9patrarcalisation et construction de relations harmonieuses avec la nature deviennent des buts non plus uniquement discursifs, mais sur lesquels les mouvements sociaux commencent \u00e0 structurer une pens\u00e9e assez pouss\u00e9e en termes de politique publique. <\/p>\n\n\n\n

\u00c9videmment,  on pourrait difficilement rendre  viable un changement de mod\u00e8le, \u00e9ventuellement ciment\u00e9 sur une institutionnalisation d\u2019un dialogue renforc\u00e9 entre acteurs sociaux et institutions \u00e9tatiques, sans des ressources permettant de le financer. En \u00c9quateur, par exemple, Matthieu Le Quang rappelle comment les plans nationaux du Bien Vivre \u201creprennent l\u2019affirmation de la n\u00e9cessit\u00e9 des ressources financi\u00e8res de l\u2019extractivisme pour sortir de l\u2019extractivisme\u201d (p.98). L\u2019Am\u00e9rique latine serait-elle donc prise dans une impasse ? <\/p>\n\n\n\n

Alors que des d\u00e9bats sur \u201cla dichotomie entre \u00e9cologie et redistribution ou entre \u2018pachamisme vs. exctractivisme\u2019\u201d (p.104) s\u2019expriment de plus en plus dans l\u2019espace public et m\u00e9diatique de la r\u00e9gion<\/span>5<\/sup><\/a><\/span>, se pose donc plus que jamais la question des m\u00e9canismes par lesquels pourraient \u00eatre financ\u00e9es certaines des transformations revendiqu\u00e9es par ces m\u00eames secteurs de la soci\u00e9t\u00e9 civile dont leurs demandes \u00e9taient jusqu\u2019\u00e0 tr\u00e8s r\u00e9cemment canalis\u00e9es gr\u00e2ce \u00e0 des m\u00e9canismes traditionnels de redistribution bas\u00e9s notamment sur des politiques de caract\u00e8re assistantiel. <\/p>\n\n\n\n

Une chose est claire : pr\u00e9tendre \u00e0 une \u00e9conomie caract\u00e9ris\u00e9e uniquement par sa valeur \u00e9cologique ou \u00e9co-sociale, morale et\/ou f\u00e9ministe sans une transformation capitaliste de la matrice productive permettant de financer certaines politiques publiques avec des objectifs plus transformateurs est impossible. Il s\u2019agit, certes, d\u2019un d\u00e9fi immense, qui implique des prises de chemins plus difficiles pour les gouvernements progressistes, tr\u00e8s souvent incompatibles avec les volont\u00e9s de perp\u00e9tuation au pouvoir.<\/p>\n\n\n\n

Soci\u00e9t\u00e9 latino-am\u00e9ricaine, positionnement g\u00e9opolitique<\/em>. Alors que l\u2019absence d\u2019un chapitre d\u00e9di\u00e9 aux relations entre l\u2019Union europ\u00e9enne et l\u2019Am\u00e9rique latine d\u00e9montre la faible \u2013voire nulle\u2013 importance de celles-ci dans la structuration des conditions structurelles et contextuelles de l\u2019action politique des gouvernements progressistes de la r\u00e9gion, cet ouvrage met en \u00e9vidence une s\u00e9rie d\u2019\u00e9l\u00e9ments qui doivent \u00eatre int\u00e9rioris\u00e9s et assum\u00e9s par tous ceux qui sont int\u00e9ress\u00e9s par le renforcement de l\u2019association bi-rr\u00e9gionale fond\u00e9e sur la r\u00e9duction des in\u00e9galit\u00e9s, le renforcement de la coh\u00e9sion sociale et la transition \u00e9cologique.<\/p>\n\n\n\n

Un \u00e9l\u00e9ment int\u00e9ressant \u00e0 noter du chapitre de Fr\u00e9d\u00e9ric Thomas est sa conclusion, qui sert de transition avec la deuxi\u00e8me partie de l\u2019ouvrage : en citant les propos \u2013 qui vaudraient \u201cpour l\u2019ensemble du continent\u201d \u2013 du sociologue \u00e9quatorien Franklin Ram\u00edrez Gallegos, selon lequel \u201cil n\u2019y aura pas de changement radical sans les mouvements indig\u00e8nes, de femmes, de paysans, de \u2018sans-toits\u2019, de travailleurs, etc.\u201d, d\u2019o\u00f9 \u201cl\u2019urgence et la n\u00e9cessit\u00e9 de travailler \u00e0 leur reconstruction, \u00e0 leur renforcement et \u00e0 leur convergence\u201d (p.40), il semblerait que les diff\u00e9rentes expressions de la soci\u00e9t\u00e9 civile latino-am\u00e9ricaine, ainsi que leurs \u201cnarrations \u00e9mancipatrices\u201d, pourraient s\u2019\u00e9riger en tant qu\u2019outils qui pourraient \u00eatre mobilis\u00e9s par les gouvernements de la r\u00e9gion pour disputer leur place dans l\u2019ordre international, caract\u00e9ris\u00e9e par une soumission a priori<\/em> incontournable \u00e0 l\u2019extractivisme. Dans ce sens l\u00e0, pourrait-on mobiliser les commentaires r\u00e9alis\u00e9s par \u00c1urea Molt\u00f3, directrice de la revue espagnole Pol\u00edtica Exterior<\/em>, lors d\u2019un Mi\u00e9rcoles de el GC<\/span>6<\/sup><\/a><\/span> ? Est-ce que la soci\u00e9t\u00e9 pourrait devenir une force g\u00e9opolitique \u2013sans encore savoir si en tant qu\u2019instrument de soft power ou de hard power\u2013 pour les gouvernements progressistes ? <\/p>\n\n\n\n

\u00c9videmment, il ne faut pas laisser de c\u00f4t\u00e9 le fait que, si le caract\u00e8re conformiste aux r\u00e8gles du jeu capitaliste des politiques publiques mises en place par les gouvernements progressistes, comme par exemple celles structur\u00e9es autour de l\u2019Initiative de Yasun\u00ed-ITT en \u00c9quateur, sont critiquables, c\u2019est avant tout parce que la position g\u00e9opolitique de la r\u00e9gion ne lui permet pas de structurer les n\u00e9gociations internationales avec des bailleurs de fonds. L\u2019analyse des faiblesses de ces gouvernements ne peut pas ne pas tenir compte de ces facteurs structurels qui, tr\u00e8s souvent, malgr\u00e9 une volont\u00e9 discursive de les d\u00e9passer, exc\u00e8dent les capacit\u00e9s d\u2019incidence de ces m\u00eames gouvernements. Alors qu\u2019Henry Ch\u00e1vez consid\u00e8re que les id\u00e9ologues du correisme semblent incapables de \u201ccomprendre qu\u2019ils sont enferm\u00e9s dans un processus syst\u00e9mique beaucoup plus large et complexe que l\u2019\u00c9quateur ou l\u2019Am\u00e9rique latine\u201d (p.180), une v\u00e9ritable ouverture aux acteurs structurants de la soci\u00e9t\u00e9 civile qui promeuve  des nouveaux mod\u00e8les de d\u00e9veloppement pourrait-elle avoir un impact ? <\/p>\n\n\n\n

Alors qu\u2019en Argentine, le kirchn\u00e9risme est retourn\u00e9 au pouvoir, promouvant des discours selon lesquels \u201cles organisations de la soci\u00e9t\u00e9 civile font partie de la solution<\/a>\u201d, tel que signal\u00e9 par le Ministre de D\u00e9veloppement Social, Daniel Arroyo, au Grand Continent<\/span>7<\/sup><\/a><\/span>, et qu\u2019il semblerait qu\u2019une fen\u00eatre d\u2019opportunit\u00e9 s\u2019ouvre pour qu\u2019au moins une petite vague rose se r\u00e9installe, se pose la question de la (nouvelle) place qu\u2019accorderont les gouvernements progressistes aux acteurs sociaux. Seront-ils en mesure de capitaliser leur force et leur maturit\u00e9 pour consolider vraiment des politiques de transformation ? Est-ce que cette force et cette maturit\u00e9 des acteurs sociaux s\u2019exprimeront aussi par une volont\u00e9 conjointe d\u2019institutionnalisation de m\u00e9canismes de dialogue qui pourraient faire disputer la place de la r\u00e9gion dans l\u2019ordre international ?<\/p>\n\n\n\n

Cet ouvrage collectif pose les fondements pour de nouvelles analyses qui porteraient davantage sur l\u2019\u00e9volution du r\u00f4le des acteurs sociaux dans les syst\u00e8mes politiques latino-am\u00e9ricains. C\u2019est justement au sein des structures et des conceptions de ces acteurs sociaux que se produisent des changements consid\u00e9rables : les efforts en termes de production de savoir devrait s\u2019y concentrer pour comprendre certaines perspectives de ces syst\u00e8mes politiques, les possibilit\u00e9s d\u2019une d\u00e9finition de nouveaux m\u00e9canismes qui permettraient de consolider de nouveaux mod\u00e8les de d\u00e9veloppement, et le r\u00f4le que pourrait jouer l\u2019Europe dans la r\u00e9gion face \u00e0 une concurrence accrue entre les deux principaux p\u00f4les, les \u00c9tats-Unis et la Chine.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Des \u00e9lections pr\u00e9sidentielles ont eu lieu en \u00c9quateur, rendant le pouvoir \u00e0 la droite conservatrice, avec la victoire de Guillermo Lasso lors du deuxi\u00e8me tour, et au P\u00e9rou, o\u00f9 tout indique un deuxi\u00e8me tour entre Pedro Castillo (gauche radicale) et Keiko Fujimori (droite populiste conservatrice). En Bolivie, se sont tenues \u00e9galement des \u00e9lections r\u00e9gionales et municipales. 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