{"id":100147,"date":"2021-02-17T19:12:55","date_gmt":"2021-02-17T18:12:55","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=100147"},"modified":"2021-04-21T11:44:33","modified_gmt":"2021-04-21T09:44:33","slug":"entretien-enrico-giovannini","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/02\/17\/entretien-enrico-giovannini\/","title":{"rendered":"D\u00e9velopper l’Italie en Europe, une conversation avec Enrico Giovannini, ministre du gouvernement Draghi"},"content":{"rendered":"\n
En termes relatifs, l’Europe est l’endroit le plus \u00ab durable \u00bb du monde. Qualit\u00e9 de vie globale, attention port\u00e9e aux questions environnementales, pr\u00e9sence d’un bien-\u00eatre g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9 : toutes les donn\u00e9es montrent que l’Europe est la r\u00e9gion la plus susceptible d’atteindre les Objectifs du d\u00e9veloppement durable (ODD). Cela dit, elle n’est pas non plus sur la voie de la durabilit\u00e9 \u00e0 l’heure actuelle. M\u00eame avant la crise dramatique que nous connaissons actuellement, les tendances qui se manifestaient en termes \u00e9conomiques, mais surtout sociaux et environnementaux ou en termes de r\u00e9duction des in\u00e9galit\u00e9s de genre, ne laissaient pas pr\u00e9sager de la r\u00e9alisation des ODD. Les crises de 2008-2009, puis de 2011-2012, ont laiss\u00e9 des traces profondes sur le plan social et environnemental, qui ne cessent de s’aggraver. Ce n’est pas un hasard si des centaines de milliers de d\u00e9c\u00e8s pr\u00e9matur\u00e9s sont dus chaque ann\u00e9e \u00e0 des maladies li\u00e9es \u00e0 la pollution. L’Italie est dans une situation similaire. Dans certains domaines, nous sommes en avance sur nos voisins : notamment en termes d’esp\u00e9rance de vie et de sant\u00e9 en g\u00e9n\u00e9ral, ou sur l’\u00e9conomie circulaire et les \u00e9nergies renouvelables. Concernant ce point, nous sommes plut\u00f4t bons mais accusons un retard consid\u00e9rable sur la question de l’in\u00e9galit\u00e9 sociale, de l’in\u00e9galit\u00e9 de genre, de la destruction des \u00e9cosyst\u00e8mes, en particulier sur les terres, et de l’efficacit\u00e9 de l’administration publique. L’Italie n’est donc pas non plus sur la voie du d\u00e9veloppement durable.<\/p>\n\n\n\n
La litt\u00e9rature scientifique est d\u00e9sormais tr\u00e8s claire : aux premiers stades du d\u00e9veloppement, il existe en effet une forte corr\u00e9lation entre la dynamique du PIB, c’est-\u00e0-dire la production de biens et de services, et le bien-\u00eatre de la population. Mais \u00e0 mesure que le d\u00e9veloppement s’accentue, le rapport entre le PIB et la qualit\u00e9 de vie diminue consid\u00e9rablement. Le probl\u00e8me ne r\u00e9side pas tant en cela, ce qu’on appelle le paradoxe d’Easterlin, qu\u2019en ce que la croissance de la production soit d\u00e9sormais associ\u00e9e \u00e0 des \u00e9l\u00e9ments extr\u00eamement n\u00e9gatifs : destruction de l’environnement, d\u00e9gradation de la qualit\u00e9 de vie, ce \u00e0 quoi il faut ajouter que la croissance productive est muette sur sa r\u00e9partition. Ainsi, le capitalisme qui, comme nous l’\u00e9crivions dans notre dernier livre avec Fabrizio Barca, a certainement produit des effets tr\u00e8s importants au cours des quarante derni\u00e8res ann\u00e9es, sortant des milliards de personnes de la pauvret\u00e9, est maintenant incapable de traiter ces questions.<\/p>\n\n\n\n