• Le GERB, le parti de Boyko Borisov (Premier ministre entre 2014 et 2020) est arrivé en tête des élections de dimanche dernier avec 25,33 % des voix. Le vainqueur-surprise des dernières élections, Nous continuons le changement (Prodălzhavame promyanata, ou PP) arrive cette fois-ci deuxième avec 20,2 %. 
  • La fragmentation est encore accentuée par le fait que d’autres partis ont également obtenu des parts de voix assez importantes : 13,76 % pour le Mouvement pour les droits et la liberté (Dvizhenie za prava i svobodi, parti d’origine turque, 10,17 % pour Revival (Vazrazhdane), 9,3 % pour la Coalition pour la Bulgarie (Koalicija za Balgarija) dirigée par les socialistes et 7,44 % pour la coalition Bulgarie démocratique (Demokratichna Balgariya). Le nouveau Parlement sera composé des mêmes 7 partis que le précédent, ce qui rendra les négociations de coalition d’autant plus complexes.
  • On attend des négociations difficiles : l’image publique de Borisov est profondément compromise par une série de scandales liés à des affaires de corruption qui ont déclenché de grandes manifestations depuis l’été 2020. Les autres partis sont réticents à former une alliance avec le GERB en raison de cette réputation et Kiril Petkov a déclaré qu’il ne collaborerait jamais avec le parti de Borisov à moins que celui-ci ne quitte la politique. Les pourparlers de coalition pour former un nouveau gouvernement sont donc assez difficiles, laissant la porte ouverte à de nouvelles élections.
  • La grande instabilité politique du pays et l’incapacité de la classe politique à y apporter une solution contribuent au mécontentement des citoyens bulgares. La désertion des bureaux de vote n’a pas épargné les partis anti-establishment qui avaient émergé lors des élections de 2021 : le parti Il y a un tel peuple (Ima takăv narod, ou ITN), dirigé par Slavi Trifonov et Debout ! Mafia dehors  ! (Izpravi se.BG ! Nie idvame !) n’ont désormais plus de sièges au Parlement. Le taux de participation était déjà inférieur à 40 % lors des dernières élections et, cette fois-ci, la situation semble similaire, avec un chiffre provisoire de 39,4 % selon la commission électorale centrale bulgare1.
  • Les élections de novembre 2021 ont vu la montée en puissance d’un nouveau parti, dirigé par Kiril Petkov et Assen Vassilev, qui a recueilli plus de 25 % des voix, laissant le GERB en deuxième position avec 22 %. Par la suite, le gouvernement de coalition dirigé par Petkov, nettement pro-UE et pro-OTAN, avait démissionné à la suite d’une motion de censure en juin dernier, déclenchant des élections anticipées. Le gouvernement ad interim qui a suivi — nommé par le président Rumen Radev, considéré comme proche de la Russie — a depuis lors inversé les politiques anti-russes introduites par Petkov.
  • Les résultats de ces élections ont ainsi une incidence sur le plan international. Tandis que Petkov avait refusé d’acheter du gaz russe en roubles et cherché des sources alternatives pour faire face à l’interruption totale des approvisionnements, le Premier ministre ad interim Galab Donev a refusé les approvisionnements de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis et a retardé l’ouverture du gazoduc reliant la Bulgarie à la Grèce — qui avait été achevé sous Petkov.
  • Les décisions prises par le prochain gouvernement seront donc cruciales. Si les négociations échouent à nouveau, un autre gouvernement ad interim jusqu’au printemps 2023 pourrait avoir une position pro-russe similaire.
Sources
  1. ИЗБОРИ ЗА НАРОДНИ ПРЕДСТАВИТЕЛИ 02 ОКТОМВРИ 2022, Commission électorale centrale de la république de Bulgarie.