Londres. Le 23 mars, Boris Johnson a imposé au Royaume-Uni un lockdown à l’italienne pour ralentir la propagation du virus et aider le NHS. Cette solution aura inévitablement des conséquences négatives sur les conditions économiques déjà instables du Royaume-Uni.

Depuis la décision du pays de quitter l’Union européenne, l’économie britannique a oscillé. Cependant, avec l’élection de M. Johnson, il semblait avoir trouvé un nouvel équilibre. Or le nouvel obstacle que constitue le virus pourrait remanier les cartes et le Royaume-Uni pourrait rester dans l’Union plus longtemps que prévu, avec des répercussions évidentes sur l’économie.1

Les conséquences économiques du Brexit sur les PIB des pays membres de l'Union européenne

Le gouvernement a jusqu’au 30 juin pour communiquer à l’Union européenne s’il acceptera le projet de 441 pages présenté par celle-ci et discuté par les homologues britanniques, ou demander une prolongation.

L’épidémie du virus s’ajoute au stress préexistant pressant l’économie britannique. Avant l’épidémie, le gouvernement prévoyait d’embaucher 50 000 nouveaux employés pour gérer les formalités administratives résultant du Brexit. En outre, l’Office for Budget Responsibility a souligné que la réglementation de l’immigration post-Brexit réduirait la productivité britannique de 1,2 %.

Pour contenir l’épidémie et protéger la stabilité économique, Rishi Sunak, le chancelier de l’Échiquier, a promis un financement illimité au NHS pour lutter contre le virus. Pour aider les entreprises et les travailleurs, M. Sunak a annoncé 330 milliards de livres sterling de garanties pour les entreprises et les travailleurs, soit 15 % du PIB du Royaume-Uni. En outre, 30 milliards de livres sterling seront disponibles pour soutenir les services financiers publics, y compris un investissement de 5 milliards de livres sterling dans le fonds d’intervention Covid-19 pour aider le NHS à lutter contre le virus.2

M. Johnson pourrait avoir à faire face au virus et à ses conséquences jusqu’à la fin de son mandat. Cela signifierait qu’il aurait alors moins de temps pour investir dans le Brexit et profiter de l’important soutien obtenu lors des élections générales de 2019. Cependant, étant donné les restrictions mondiales actuelles visant à limiter la propagation du virus, il sera difficile de débattre et de trouver des solutions au sein des chambres du Parlement européen, même avec des réunions en ligne.3

En plus, le report du Brexit permettrait au Royaume-Uni de rester dans l’Union européenne et de bénéficier des aides d’État offertes lors de l’épidémie du virus.4

Pourtant, compte tenu de la forte majorité au Parlement obtenue grâce à la position pro-Brexit des conservateurs, il serait difficile d’imaginer un revirement concernant le sujet du Brexit par M. Johnson. Les électeurs conservateurs pourraient ne pas soutenir un tel changement, même à la lumière de l’épidémie actuelle du coronavirus. Qui plus est, forte serait l’opposition du Groupe européen de recherche (ERG), l’agglomérat eurosceptique du parti conservateur, qui s’est renforcé parmi les députés conservateurs après les élections en 2019.5

Ne pas retarder le Brexit, au contraire, signifierait que M. Johnson pourrait avancer avec ses plans originaires et conduire une divergence totale par rapport à l’Union européenne. Cela lui permettrait de maintenir l’unité du parti conservateur et de respecter la volonté de la majorité de son électorat.

En février 2020, le gouvernement britannique a confirmé son intention d’introduire des contrôles à l’importation, promettant 26 millions de livres sterling en tant que financement de soutien douanier aux entreprises. Cependant, Boris Johnson fait déjà face à l’opposition de grandes entreprises. Le FTA, l’un des plus grands rassemblement des industries des transports au Royaume-Uni, a demandé au gouvernement de retarder le Brexit pour permettre à l’entreprise de faire face aux défis logistiques sans précédent que constituent les livraisons et les transports apportés par le virus.6

La dernière réponse de Downing Street à ce sujet a été que « les deux parties restent attachées » à leurs accords précédents, soulignant l’objectif de mettre fin aux relations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni d’ici le 31 décembre.