Bruxelles. Le Conseil européen a tenu mardi 10 mars une téléconférence sur le coronavirus. Celle-ci a été saluée comme un exercice de coordination européenne mais s’est en réalité avérée totalement décevante.1 La contagion financière et la contagion virale ont beaucoup en commun. Si elles ne sont pas combattues par une action coordonnée et radicale, elles ont tendance à se propager.

Le Conseil européen n’a pas reconnu l’ampleur de la crise sanitaire et n’a pas proposé de stratégie commune en matière de dépistage, de quarantaine, de confinement et de distanciation sociale. Ces mesures devraient être prises immédiatement dans toute l’Union européenne et être adaptées pour protéger les systèmes de santé les plus faibles. L’Union doit comprendre qu’elle est collectivement aussi faible que le maillon le plus faible, au plus faible système de santé.

Le Conseil européen n’a pas fait mieux que la réunion des ministres de la Santé du 6 mars, qui n’a pas réussi à parvenir à une entente sur la levée de l’interdiction des exportations de fournitures médicales (masques, kits d’aide respiratoire). Cela renvoie une terrible image, attestant d’un manque de solidarité à un moment où la mise en commun des ressources devrait être centrale. Le Conseil semble également ignorer que l’épidémie pourrait se déclarer en plusieurs vagues si tous les États membres ne prennent pas les mesures adéquates.

La réponse économique est tout à fait insuffisante et si Madame Lagarde a tenté de lancer un appel audacieux en faveur d’une réponse budgétaire européenne coordonnée, il est en revanche resté sans réponse. En effet, rien dans les conclusions du Conseil européen ne laisse penser qu’une telle réponse soit proche. Il n’y a en fait pas même de mandat ni d’orientation pour l’Eurogroupe de la semaine prochaine afin de concevoir une réponse appropriée en matière de politique économique.

La Commission européenne a par la suite annoncé une « Initiative d’investissement en réponse au coronavirus » qui atteindrait 25 milliards d’euros de fonds européens et se concentrerait sur les soins de santé et les PME. Le montant et le fonds ne sont qu’un ordre de grandeur, ne serait-ce que pour importer. La réponse efficace viendra d’abord des sources budgétaires nationales.2

L’Eurogroupe de la semaine prochaine sera très important. La Commission européenne est prête à revoir un certain nombre d’instruments, dont les aides d’État, pour compenser les retombées de la crise. Mais la question centrale est de savoir si elle sera prête à invoquer des « circonstances exceptionnelles », afin d’assouplir les restrictions du Pacte [de Stabilité et de Croissance, NdlR] et de fournir quelques mesures politiques clés, qui pourraient être prises collectivement avec la bénédiction de l’Eurogroupe. Il peut s’agir de l’obligation de payer les indemnités de maladie, de l’allègement des hypothèques, des cotisations de sécurité sociale et / ou de réductions d’impôts.

La BCE pourrait jouer un rôle important dans la mise en place de cette réponse fiscale commune, notamment lors de la conférence de presse de demain, où elle devra expliquer ce qu’elle souhaite et comment ces mesures pourraient être mises en œuvre.

Perspectives  :

  • Jeudi 12 mars : conférence de presse à la suite de la réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.
  • Lundi 16 mars : prochaine rencontre de l’Eurogroupe.
Sources
  1. ZALAN Eszter, EU steps up coronavirus fight in first online summit, Le Grand Continent, 11 mars 2020.
  2. VALLÉE Shahin, Répondre aux chocs économiques du Coronavirus, une conversation avec Laurence Boone, Le Grand Continent, 8 mars 2020.